La consommation de cannabis pendant la grossesse associée à un risque accru d’autisme

Faculté de médecine
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Photo d'un ventre de femme enceinte
Le Dr Daniel Corsi et le Dr Mark Walker ont publié leurs résultats dans la prestigieuse revue médicale Nature Medicine.

Dans la plus vaste étude réalisée sur le sujet, des chercheurs d’Ottawa ont découvert que les enfants dont les mères ont déclaré avoir consommé du cannabis pendant la grossesse couraient un risque accru d’autisme. La prévalence de l’autisme était de 4 années-personnes sur 1 000 chez les enfants exposés au cannabis pendant la grossesse, comparativement à 2,42 années-personnes chez les enfants non exposés. Les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue médicale Nature Medicine.

Le cannabis récréatif est maintenant légalisé au Canada, mais cela ne signifie pas qu’il est sans danger pour les femmes enceintes et celles qui allaitent. Santé Canada et la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada recommandent à ces populations de ne pas consommer de cannabis, et des mises en garde à ce sujet sont visibles sur les emballages de cannabis.

« Malgré ces mises en garde, les données montrent qu’un nombre accru de femmes consomment du cannabis pendant la grossesse », affirme le Dr Mark Walker, professeur à l’Université d’Ottawa, chef du Département d’obstétrique, de gynécologie et de soins aux nouveau-nés à L’Hôpital d’Ottawa et auteur principal de l’étude. « La situation est préoccupante parce que nous en savons très peu sur les effets du cannabis chez les femmes enceintes et leur bébé. On recommande aux femmes enceintes de s’informer sur les risques possibles, et nous espérons que les études comme la nôtre peuvent les aider. »

L’équipe de chercheurs a dépouillé les données sur toutes les naissances en Ontario entre 2007 et 2012, avant la légalisation du cannabis récréatif. Sur le demi-million de femmes incluses dans l’étude, environ 3 000 (0,6 %) ont déclaré avoir consommé du cannabis pendant leur grossesse.

Les chercheurs avaient déjà constaté que la consommation de cannabis pendant la grossesse augmentait le risque de naissance prématurée, et avait mis au point une vidéo d’animation pour résumer leurs conclusions. Cette étude révélait que les femmes qui avaient consommé du cannabis pendant la grossesse avaient souvent consommé d’autres substances comme le tabac, l’alcool et des opioïdes.

En se basant sur ces résultats, les chercheurs de l’étude actuelle se sont particulièrement intéressés à 2 200 femmes qui ont déclaré avoir consommé uniquement du cannabis, et aucune autre substance, pendant la grossesse. Leurs résultats ont montré un risque accru d’autisme chez les bébés nés de ce groupe comparativement aux bébés nés de femmes qui n’ont pas consommé de cannabis.

Les données ne comprennent ni la quantité, la fréquence ou la forme de cannabis consommée, ni le moment de la grossesse où elles en ont consommé. Ils font aussi remarquer qu’en dépit des efforts déployés pour contrôler d’autres facteurs de risque pouvant nuire au développement neurologique, leur étude peut seulement montrer une association et non un lien de causalité.

Le cannabis étant de plus en plus accepté socialement, les chercheurs en santé sont conscients que certaines femmes enceintes croient pouvoir y avoir recours pour soulager leurs nausées matinales.

« Auparavant, nous ne disposions pas de données solides quant aux effets du cannabis sur la grossesse », confie le Dr Daniel Corsi, professeur adjoint à l’École d’épidémiologie et de santé publique de l’Université d’Ottawa, épidémiologiste à L’Hôpital d’Ottawa Hospital et au Registre et réseau BORN Ontario. « Cette étude est l’une des plus importantes à ce jour sur le sujet. Nous espérons que nos conclusions aideront les femmes et leurs professionnels de la santé à prendre des décisions éclairées. »

Les femmes qui envisagent de consommer du cannabis pendant la grossesse ou qui en consomment déjà devraient parler avec leur professionnel de la santé qui les aidera à faire un choix éclairé pour elles-mêmes et leur bébé.

 

Photo principale : Dr Mark Walker parlant avec un patient.

Photo of Dr. Daniel Corsi