Des chercheurs de l’Université d’Ottawa, de L’Hôpital d’Ottawa, du CHEO, et du Registre et réseau BORN Ontario ont réalisé l’une des plus vastes études à ce jour sur les effets de la consommation de cannabis pendant la grossesse. Les résultats de l’étude, publiés dans la revue JAMA, montrent que la consommation de cannabis pendant la grossesse est associée à un risque accru de naissance prématurée.
« Il vaut la peine d’avertir les gens des risques de la consommation de cannabis pendant la grossesse », estime le Dr MarkWalker, chef du Département d’obstétrique, de gynécologie et de soins aux nouveau-nés à L’Hôpital d’Ottawa, professeur à l’Université d’Ottawa et auteur principal de l’étude. « Nous espérons que les résultats aideront les femmes et les professionnels de la santé à prendre des décisions éclairées. »
Les bébés nés prématurément, soit avant la 37e semaine de grossesse, peuvent avoir des complications et ont un besoin accru de soins pendant les premières semaines de leur vie. Plus un bébé nait près du terme, moins il a de symptômes. La prématurité de la plupart des bébés inclus dans l’étude allait de légère à modérée. Ils sont nés entre la 32e et la 36e semaine de grossesse.
L’équipe de chercheurs a examiné les données sur les naissances versées dans le registre BORN entre 2012 et 2017, soit avant la légalisation de la consommation de cannabis à des fins récréatives au Canada. Ce registre, soutenu par le CHEO, contient des données sur chaque bébé né en Ontario, notamment sur la grossesse de la mère, la naissance et leurs résultats. Des 661 617 femmes incluses dans l’étude, 9 427 (1,4 %) ont affirmé avoir consommé du cannabis pendant la grossesse.
Les chercheurs ont constaté que le taux d’accouchement prématuré chez les femmes ayant déclaré une consommation de cannabis était de 12 % par comparaison à 6 % chez celles qui n’en avaient pas consommé.
Petit bémol : les femmes qui ont déclaré une consommation de cannabis présentaient bien souvent d’autres facteurs de risque : 59 % avaient fumé du tabac, 19 % avaient consommé de l’alcool et 11 % avaient pris des opioïdes pendant leur grossesse. Pour tenter de déterminer quels effets étaient seulement attribuables au cannabis, les chercheurs ont jumelé ces femmes avec des femmes présentant des facteurs de risque similaires qui n’avaient pas consommé de cannabis.
L’analyse du jumelage montre un risque d’accouchement prématuré de 10,2 % chez les mères ayant déclaré une consommation de cannabis par comparaison à 7,2 % chez celles présentant des facteurs de risque similaires qui n’en avaient pas consommé. Les mères ayant déclaré une consommation de cannabis couraient en outre un risque de 19,3 % de voir leur bébé transféré à l’unité de soins intensifs néonataux par comparaison à 13,8 % chez celles présentant des facteurs de risque similaires qui n’en avaient pas consommé.
« Nous n’avions pas de données fiables sur les effets de la consommation de cannabis pendant la grossesse auparavant », affirme Daniel Corsi, Ph.D., épidémiologiste à L’Hôpital d’Ottawa et pour le registre BORN. « C’est l’une des plus vastes études sur le sujet à ce jour. »
Les chercheurs n’ont toutefois pas de données sur la quantité de cannabis consommée ni la fréquence, le trimestre ou le moyen de consommation. Ils font aussi remarquer qu’en dépit des efforts déployés pour contrôler d’autres facteurs de risque pouvant influencer les résultats d’une grossesse, leur étude ne peut que montrer une association et non un lien de causalité.
Nous en savons peu sur les impacts de la consommation de cannabis sur la santé pendant une grossesse. Santé Canada et la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada recommandent de ne pas en consommer pendant la grossesse et l’allaitement jusqu’à ce que nous en sachions davantage sur les effets à court et à long terme.
Les femmes qui souhaitent cesser de consommer du cannabis pendant leur grossesse peuvent demander du soutien et des services aux professionnels de la santé de leur région.
« De précédentes études montrent que bien des femmes pensent que la consommation de cannabis pendant la grossesse comporte peu de risques, poursuit le Dr Walker. En tant que professionnel de la santé, il nous incombe de demander aux femmes enceintes si elles consomment du cannabis et de les informer des faits à ce sujet. »
Financement : Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada. La recherche réalisée à L’Hôpital d’Ottawa est rendue possible grâce aux dons de la collectivité à La Fondation de l’Hôpital d’Ottawa. Le Registre et réseau des bons résultats dès la naissance (BORN) est soutenu par le MSSLD de l’Ontario.
Cet article a été réimprimé avec la permission de l'Hôpital d'Ottawa.
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