Par Michelle Read
Rédactrice
Heidi Li est convaincue que la pandémie de COVID-19 forme de meilleurs médecins, même si les étudiants en médecine n’ont pas accès aux méthodes traditionnelles d’apprentissage.
Les restrictions imposées par la pandémie ont poussé les étudiants à créer leurs propres occasions d’enrichir leur apprentissage. Ainsi, ils perfectionnent leurs compétences et deviennent de meilleurs médecins.
Heidi Li et Adrian Bailey, des étudiants de troisième et de deuxième année de médecine à la Faculté de médecine, respectivement, ont partagé leur point de vue avec la revue Academic Medicine, qui a publié leur article d’opinion au cours de l’été.
Au cours des derniers mois, Heidi a codirigé deux initiatives visant à relever les défis liés à la COVID :
L’initiative COVID Performers, qu’elle codirige avec David Zheng, diplômé de l’Université d’Ottawa et étudiant au programme MD à l’Université Western, et Alexandra Hillyer, étudiante au programme MD à l’Université Western, invite les étudiants en médecine ayant des talents musicaux à semer la joie de la musique auprès des résidents d’établissements de soins de santé par le biais de concerts virtuels. « En offrant la possibilité de fuir la douleur, la tristesse, un handicap et un chagrin, les musiciens renforcent leurs qualités humanistes comme l’empathie, établissant ainsi des liens et une connexion sur le plan émotionnel », rapporte-t-elle.
HCP Outreach, qu’elle codirige avec Simran Aggarwal, étudiante au programme MD (2022), réunit des étudiants en médecine pour venir en aide aux médecins qui doivent concilier davantage de responsabilités travail-famille.
« Nous développons des compétences de collaboration et de leadership tout en approfondissant notre compréhension de l’impact fondamental du maintien du bien-être personnel à titre de futurs médecins », déclare Heidi. « Nous avons reçu plusieurs messages réconfortants, notamment, ‘C’est le genre de gestes qui me redonnent foi en l’humanité.’ »
Lire le texte complet de la lettre de Mme Li et M. Bailey ci-dessous.
L’éducation médicale en période de pandémie de COVID-19 : nouvelles perspectives pour l’avenir
Heidi Oi-Yee Li, étudiante de troisième année de médecine, Faculté de médecine, Université d’Ottawa
Adrian M.J. Bailey, étudiant de deuxième année de médecine, Faculté de médecine, Université d’Ottawa
À l’éditeur :
En réponse à la pandémie de COVID-19, de nombreuses écoles de médecine à travers le monde ont annulé les stages cliniques, entraînant ainsi la perte de possibilités d’apprentissage essentielles. Plusieurs étudiants en médecine ont conséquemment déclaré ressentir de l’anxiété et du stress découlant de l’incertitude concernant leur éducation et l’impact de ces changements sur leurs futures carrières. Pour s’attaquer à ce problème, nous recommandons d’aller au-delà des contraintes liées aux possibilités d’apprentissage clinique manquées et de réfléchir au véritable objectif de l’éducation médical, à savoir, de former des médecins bien équilibrés.
Aux États-Unis, au Canada, et au Royaume-Uni, des étudiants en médecine comme nousse sont mobilisés pour organiser des initiatives afin d’appuyer les travailleurs de la santé, les membres de la communauté, et les efforts en matière de santé publique. Conscients de l’importance de la sensibilisation et de la promotion de la santé publique, les étudiants en médecine ont participé à des initiatives de recherche de contacts et de counseling en santé publique. Militant pour les populations vulnérables, ils ont offert du soutien aux aînés par le biais de programmes d’accompagnement virtuels et de services d’épicerie. Remarquant que les travailleurs de la santé de première ligne peinaient à trouver du soutien personnel, les étudiants ont fait équipe pour offrir sans frais des services de garde d’enfants, d’animaux de compagnie et faire des courses. Remarquant une pénurie d’équipement de protection individuelle, ils ont recueilli ces articles à donner auprès de différents établissements de soins de santé. Reconnaissant la mine d’informations au sujet de la COVID-19, les étudiants ont réalisé des activités de transfert des connaissances pour créer des documents accessibles au public. Conscients de l’urgence de la recherche, ils ont appliqué leurs compétences en laboratoire pour contribuer aux initiatives de recherche.
Grâce à ce travail, nous et nos camarades en médecine avons appris que l’éducation en médecine ne s’appuie pas uniquement sur les cours et les stages. Il s’agit plutôt d’un apprentissage continu dans différents environnements et selon différentes circonstances, et cela est vrai pour toutes les écoles de médecine à travers le monde, et s’applique au-delà de la pandémie de COVID-19. Au Canada, le référentiel CanMEDS décrit les 7 compétences qui orientent les objectifs d’apprentissage dans les écoles de médecine. Notamment, 5 des 7 rôles du référentiel CanMEDS ne sont pas axés sur les connaissances que possèdent les médecins, mais sur les compétences qu’ils exemplifient : collaborateur, leader, promoteur de la santé, professionnel, et communicateur. Développer ces rôles est fondamental au parcours pour devenir de futurs médecins équilibrés, et en fait, nous développons ces compétences en contribuant aux initiatives liées à la COVID-19 décrites ci-dessus.
Malgré l’incertitude quant au moment de la reprise de notre apprentissage clinique formel, nous recommandons aux étudiants de rechercher des façons alternatives de poursuivre leur formation à l’extérieur de la sphère clinique. Ils seront ainsi motivés à poursuivre leur apprentissage et devenir de futurs médecins plus compatissants et mieux équilibrés. L’intégration du bénévolat communautaire dans l’éducation médicale et sa valeur éducative sont des bienfaits inattendus de la pandémie de COVID-19 et devraient être mis en application dans le programme d’études de médecine classique afin d’enrichir l’apprentissage, même dans un monde post-pandémique.
Photo principale : Heidi Li (droite) lors d’un appel Zoom avec Simran Aggarwal pour discuter de HCP Outreach.