Des chercheurs de l’Université d’Ottawa et de L’Hôpital d’Ottawa ont découvert une nouvelle piste de traitement contre la perte de fonction musculaire chez des modèles animaux de la dystrophie musculaire de Duchenne. On révèle dans la revue Cell Stem Cell que l’équipe a réussi à restaurer la fonction des cellules souches des tissus musculaires affectés par la dystrophie musculaire de Duchenne, bloquant ainsi la perte de force musculaire qui caractérise la maladie.
« Il s’agit d’un bond énorme dans le développement d’un nouveau modèle de traitement de la dystrophie musculaire de Duchenne », a souligné Michael Rudnicki, Ph.D., professeur à l’Université d’Ottawa, et scientifique principal et directeur du Programme de médecine régénératrice de L’Hôpital d’Ottawa. « Nous avons réussi à préserver la force et la fonction musculaires qui sont perdues progressivement dans cette maladie. »
La dystrophie musculaire de Duchenne est une maladie héréditaire qui affaiblit les muscles et entraîne la mort dans la deuxième ou troisième décennie de vie. Près de 3 600 garçons sont atteints par cette maladie incurable.
M. Rudnicki, Ph.D., et son équipe avaient déjà fait la découverte historique que la dystrophie musculaire de Duchenne touche non seulement les fibres musculaires, mais aussi les cellules souches musculaires. En effet, les cellules souches musculaires sont responsables de la régénération des fibres musculaires après une blessure ou de l’exercice physique. Or, chez les personnes atteintes de dystrophie musculaire de Duchenne, les cellules souches musculaires ne produisent pas suffisamment de cellules appelées à devenir des cellules musculaires. Il manque à ces cellules souches une protéine appelée dystrophine, qui dirige la division cellulaire nécessaire à la formation de nouvelles cellules musculaires.
L’équipe a constaté qu’en activant une protéine appelée récepteur du facteur de croissance épidermique (R-EGF), le processus pouvait être rétabli pour créer de nouvelles cellules musculaires, et ce, même en l’absence de dystrophine.
Les chercheurs ont inséré un gène qui fournissait un flux constant de R-EGF dans le muscle d’un modèle murin de dystrophie musculaire de Duchenne avant l’apparition des symptômes de la maladie. Un mois plus tard, les souris traitées présentaient plus de masse musculaire (18 %) et moins de cicatrices musculaires que les témoins non traités. Les fibres et la force musculaires des souris traitées étaient aussi en hausse (30 % et 32 %, respectivement) par rapport aux souris non traitées. Leur fonction musculaire était presque revenue à un niveau normal.
L’étude de validation de principe montre que la voie de réparation musculaire dans la dystrophie musculaire de Duchenne peut être rétablie. Toutefois, un traitement EGF ne serait pas pratique, car la protéine ne peut pas traverser le système sanguin pour se rendre dans le muscle. Pour les chercheurs, la prochaine étape sera de trouver une petite molécule thérapeutique capable de stimuler cette même voie et de circuler facilement dans le sang. Ils se pencheront aussi sur les effets à long terme de stimuler cette voie, étant donné qu’il s’agirait d’un traitement à vie.
« La dystrophie musculaire de Duchenne est une maladie complexe. Une combinaison de traitements sera probablement nécessaire pour contrôler tous les aspects de la maladie », a déclaré M. Rudnicki, Ph.D.
Cet article a été réimprimé avec la permission de l'Institut de recherche de l'Hôpital d'Ottawa.