D’expériences personnelles à un impact pancanadien

Faculté de médecine
Faculté de médecine
Photo de Dre Caroline Gérin-Lajoie
La Dre Caroline Gérin-Lajoie nous parle de son cheminement professionnel depuis ses années comme étudiante en médecine jusqu’à son rôle de chef de file nationale en bien-être des médecins.

Par Michelle Read
Rédactrice à la Faculté de médecine

Caroline Gérin-Lajoie admet qu’elle a trouvé sa première année à l’école de médecine très difficile.

Très peu de ses collègues avaient une formation de premier cycle en sciences sociales, dit-elle, ce qui n’a fait qu’accroître son sentiment d’insécurité qu’elle n’était pas aussi bien préparée que les autres étudiants du programme. Mais un professeur qui l’a encouragée à obtenir du soutien auprès de ses pairs et de mentors a fait toute la différence.

« La peur de l’échec me rendait très anxieuse », reconnaît-elle. « Mais le Dr Maurice Beaulieu, vice-doyen des Affaires francophones à l’époque, m’a apporté le soutien et l’encouragement très appréciés et très importants dont j’avais besoin. »

Son expérience lui a permis de découvrir l’importance de favoriser le mieux-être au sein de la profession médicale.

Maintenant psychiatre et professeure adjointe au Département de psychiatrie, la Dre Gérin-Lajoie a été directrice du Programme de promotion de la santé à la Faculté de 2013 à 2018 et, depuis 2014, elle agit comme directrice médicale de la santé et du mieux-être des médecins à L’Hôpital d’Ottawa. Depuis un peu plus d’un an, elle est vice-présidente, Santé et bien-être des médecins à l’Association médicale canadienne.

« Comme j’ai eu une vue d’ensemble du système de soins de santé, je peux maintenant faire une différence en mettant sur pied des réseaux de collaboration à tous les niveaux de la communauté médicale », mentionne-t-elle.

L’épuisement professionnel chez les médecins et les résidents est plus fréquent qu’au sein de la population générale, et la recherche sur le mieux-être a explosé au cours des 20 dernières années. Les études sur le sujet révèlent que les problèmes de santé des médecins ont une incidence sur la qualité et la sécurité des soins puisque l’épuisement professionnel chez les médecins est associé à un risque accru d’erreurs et à une diminution de la satisfaction des patients et à des effets néfastes sur leur santé.

Il s’agit également d’un enjeu économique.

« La recherche révèle l’important fardeau économique d’une efficience réduite, d’une perte de productivité et des difficultés de rétention », ajoute la Dre Gérin-Lajoie. « Aux États-Unis, on estime que les coûts liés aux problèmes de santé chez les médecins s’élèvent à 4,6 milliards de dollars. »

Ces chiffres représentent un argument de taille pour les organisations lorsqu’elles s’adressent à la direction sur des questions de mieux-être.

« Nous reconnaissons maintenant que la santé et le mieux-être des médecins constituent une responsabilité partagée », déclare la Dre Gérin-Lajoie. « Cela concerne non seulement les individus, mais également la culture médicale et les organisations au sein desquelles nous travaillons. »

Lorsque la Dre Gérin-Lajoie a été nommée directrice du Programme de promotion de la santé à la Faculté, elle a commencé à faire le suivi du nombre de clients et à consigner les groupes au sein de la Faculté qui avaient le plus souvent recours aux services du programme. Elle et son équipe ont noté une augmentation importante du nombre de personnes faisant appel au programme, notamment des hausses de 34 % chez les étudiants en médecine, de 74 % chez les résidents et de 38 % chez les membres du corps professoral entre 2013 et 2018.

En général, l’équipe a constaté que cette augmentation reflétait un phénomène national voulant que les membres du corps professoral exerçant la profession médicale et les étudiants en médecine demandent de l’aide en matière de mieux-être.

« J’espère que l’augmentation des demandes est synonyme d’une confiance accrue en notre capacité d’écouter les préoccupations profondes de nos clients, de leur venir en aide lorsque cela est possible et de les diriger vers du soutien et des ressources », dit-elle. « J’espère aussi que ceci mènera à une diminution des préjugés associés à la santé mentale. »

Lancé en 1998, le programme fait la promotion de la santé et du mieux-être des membres du corps professoral et des apprenants, et a été le tout premier à être intégré dans une faculté de médecine au Canada. Le programme est d’une grande utilité, déclare la Dre Gérin-Lajoie.

« Notre propre doyen a fait du mieux-être une priorité à la Faculté », déclare-t-elle. « La reconnaissance de l’équipe de leadership est très importante. »

Photo de Dre Caroline Gérin-Lajoie