Après 11 ans en tant que doyen de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, le Dr Jacques Bradwejn se remémore toutes ces années avec émotion. Il est fort reconnaissant d’avoir eu le privilège de servir aux côtés des équipes de direction, des membres du corps professoral, du personnel de soutien et des partenaires communautaires dans l’avancement de l’éducation et de la recherche médicale.
« Mon expérience en tant que doyen fut un privilège incroyable et inoubliable, dit-il. Je tiens à remercier mes collègues qui m’auront donné l’occasion de diriger, d’améliorer et de construire, tous ensemble, un grand établissement. Ce fut une aventure amusante, mémorable et passionnante! »
Sous la direction du Dr Bradwejn, la Faculté de médecine a connu une période de croissance et de développement substantiels, devenant une institution internationalement reconnue, se classant parmi les meilleures écoles de médecine au Canada et dans le monde. À titre de doyen, le Dr Bradwejn a défendu un système d’éducation qui a permis à de nombreux étudiants et professeurs de devenir des intervenants importants sur la scène internationale dans un système de santé de plus en plus mondialisé.
Terminant son mandat en juin, le Dr Bradwejn en profite pour partager ses idées sur l’avenir de l’éducation médicale, sur ce que veut dire pour lui le leadership, sa sagesse, et sur ce que lui réservent les prochaines années en tant que professeur, chercheur et psychiatre praticien.
Questions et réponses avec le Dr Jacques Bradwejn
Q : Vous avez occupé ce poste de direction pendant plus d’une décennie. Que signifie le leadership pour vous?
R : En tant que leader, vous êtes un administrateur, mais également un innovateur. Un grand leader s’efforce d’améliorer les activités générales et de s’appuyer sur le travail de son prédécesseur, tout en améliorant le programme et en essayant de nouvelles choses. L’innovation nécessite parfois de prendre des risques calculés, mais rien n’est plus gratifiant que de voir ces risques porter fruit. Je peux citer à cet effet l’École conjointe de médecine Ottawa-Shanghai.
Q : Qu’est-ce qui est important pour l’avenir de l’éducation médicale?
R : L’avenir de l’éducation médicale repose surtout sur l’apprentissage continu. Cela doit être fondé sur la recherche, soutenu par la technologie et davantage lié à la pratique clinique. Les besoins sociétaux doivent également être clairement intégrés à la formation médicale, et une meilleure éducation doit être offerte aux patients, à leurs familles et au grand public.
Q : Quel est votre meilleur souvenir à la Faculté de médecine?
R : J’ai tant de merveilleux souvenirs relativement à tout ce que nous avons accompli au cours de ces 11 dernières années. Par exemple, lorsque nous avons obtenu nos fantastiques résultats d’accréditation UGME en 2010. Lorsque l’Institut de recherche sur le cerveau et le psychisme a été approuvé par l’Université. Le lancement du programme MD-PhD. La création du Département d'innovation en éducation médicale, et de l’École d’épidémiologie, de santé publique et de médecine préventive. Notre partenariat avec l’École de médecine de l’Université Shanghai Jiao Tong. Et le lancement de l’École conjointe de médecine Ottawa-Shanghai en Chine. Tous ces projets ont été des expériences passionnantes avec mon équipe de direction et les présidents. Les soirées pub organisées avec les étudiants ont également été un grand bonheur!
Q : Quels sont vos projets d’avenir?
R : L’Université est très généreuse en me permettant de prendre une année de congé administratif pour chaque cinq ans de service comme doyen. Au cours de mes deux années de congé administratif, je prévois continuer à travailler pour l’Université.
J’ai plusieurs projets qui me tiendront occupé au cours de cette période. Le premier consiste à poursuivre la mise en œuvre de l’École conjointe de médecine Ottawa-Shanghai et de mener ce projet à bien jusqu’en 2020 lorsque la première cohorte d’étudiants sera diplômée. Après quoi, l’École sera pleinement opérationnelle et sa gestion sera la responsabilité du prochain doyen. Je continuerai également à faire du travail académique. J’écris un manuel de psychothérapie que j’ai l’intention de publier et d’offrir gratuitement aux médecins et aux patients. Finalement, je discute avec l’Université de Lyon et diverses institutions académiques à Shanghai à l’établissement éventuel d’une école médicale de leadership international qui misera sur la préparation des médecins et des cliniciens à la gouvernance et à l’innovation.
Ma femme, qui prend également un congé scolaire, et moi passerons donc du temps au Canada, en Chine et en France au cours de la prochaine année.
Q : Que choisiriez-vous comme carrière si vous n’étiez pas en médecine?
R : Mon premier choix était d’être un musicien de jazz, parce que j’aime beaucoup le jazz et le saxophone. Je ne croyais pas avoir assez de talent pour en faire une carrière, mais j’ai très hâte de pouvoir en jouer davantage dans mes temps libres.
Q : Quel est le travail le plus étrange que vous ayez pratiqué?
R : Quand j’étais jeune, j’ai travaillé comme videur dans un club de Montréal, parce que j’étais ceinture noire de karaté.
Q : Quelle est votre philosophie personnelle?
R : Ma philosophie personnelle est d’être heureux. Le bonheur est ancré dans les valeurs et les buts. De toute évidence, vos attributs personnels, quels qu’ils soient, déterminent les personnes que vous aimez et ce que vous aimez. Mais les valeurs et les buts sont très importants pour la condition humaine. Ici, à la Faculté de médecine, nous avons un slogan pour aider les élèves chaque fois qu'ils stressent et perdent de vue la perspective : « Calmez-vous et prenez du recul ». Cela les incite à se détendre et y voir plus clair.
Q : Quel est le conseil que vous auriez pour le prochain doyen de la Faculté de médecine?
R : Il s’agirait certainement de ma perception du leadership et de l’innovation : un bon administrateur peut diriger et innover. Il est aussi important de connaître vos valeurs et votre raison d’être.
Q : À votre avis, quelle est l’innovation la plus importante dont vous avez été témoin au sein de notre société?
R : Le virage numérique. Je suis entré sur le marché du travail alors que nous utilisions encore des dactylos, et je suis heureux de pouvoir dire qu’aujourd’hui je suis à l’avant-garde de la technologie. Je n’utilise plus de papier depuis très longtemps et j’en suis très heureux. Bien entendu, le domaine de la médecine a connu plusieurs innovations. J’ai toujours aimé être à la fine pointe de la technologie et garder une longueur d’avance sur les étudiants.