Lorsque le Dr Jean Ettori est arrivé de Paris en 1949 pour diriger le Département de biochimie de l’Université d’Ottawa, il n’a pas été pris de court par les installations modestes de l’école de médecine à même d’anciens baraquements militaires. Le Dr Ettori avait pratiqué la médecine dans des conditions encore plus rudimentaires lorsqu’il était médecin des Forces françaises libres durant la Seconde Guerre mondiale.
« Il était profondément religieux »,se rappellait le Dr Michael Ryan, un collègue, en expliquant sa décision d'accepter le poste à l'Université d'Ottawa.. « Il avait la profonde conviction qu’il avait le devoir d’aider. »
Jean Ettori est né le 15 février 1901 en Algérie, alors une colonie française. Il a obtenu son doctorat en médecine de l’Université de Paris en 1930 et s’est bâti une carrière à titre de chercheur et chargé de cours à l’Université d’Alger durant les années 30. Lorsque la guerre a éclaté en 1939, il s’est lancé dans l’étude des gaz toxiques, à titre de directeur en chimie médicale à la Faculté de médecine de l’Université d’Alger. Il est toutefois revenu à l’enseignement après que la France a capitulé devant l’Allemagne nazie en 1940.
En 1942, lorsque les troupes alliées ont libéré l’Algérie, le Dr Ettori s’est joint aux Forces françaises libres. Il était médecin en chef pour le 9e régiment des zouaves, une force de combat basée en Afrique qui s’est jointe aux premières Forces françaises libres commandées par le Général Jean de Lattre de Tassigny. Le 9e régiment des zouaves a débarqué en France en septembre 1944, se frayant une voie vers le Nord jusqu’à Paris, puis a traversé le Rhin et participé à la conquête de l’Allemagne nazie.
Le 13 avril 1945, le Dr Ettori a reçu la Croix de Guerre avec palme pour son service militaire. La citation à son sujet se lit comme suit :
« Médecin d’une conscience et d’une compétence admirables ; grand organisateur, a créé de toutes pièces le service de santé régimentaire dans des conditions exceptionnellement difficiles. »
Après la guerre, le Dr Ettori est devenu professeur titulaire à l’Université de Paris. Quelques années plus tard, en 1948, le recteur de l’Université d’Ottawa lui a offert le poste de directeur du Département de biochimie de la Faculté de médecine. Il a accepté ce poste, entrant en fonction en septembre 1949.
Auprès de ses collègues et étudiants à Ottawa, il était reconnu pour son savoir, son esprit humanitaire et ses profondes croyances religieuses. En 1956, il a été nommé Chevalier de la Légion d’honneur par le gouvernement de la France. En plus de citer son service militaire, les documents de mise en candidature à son sujet mentionnent:
« M. Ettori… s’est acquis la plus enviable réputation tant parmi ses collègues que parmi les nombreux étudiants qu’il a formés… Ses remarquables activités dans le domaine de la recherche servent très efficacement au Canada le prestige de la Science française. »
« Pour Jean Ettori, la vie était un merveilleux cadeau et dans le cadre de son travail, il cherchait à comprendre les tenants et aboutissants de la vie, »rapportait le Dr William Donnelly dans le Journal médical d’Ottawa en 1961. « Ayant traversé deux guerres mondiales, dans des conditions parfois tragiques, il se rendait compte de la valeur de ce cadeau, et de la nécessité de la conserver avec toutes ses forces. »
Le Dr Ettori est tombé malade en 1960. Il est retourné à Paris où il est décédé le 28 janvier 1961.