Parmi ses souvenirs d’enfance, la Dre Sharon Johnston se voit assise dans un laboratoire de recherche au sous-sol, mangeant des biscuits avec ses quatre sœurs, pendant que sa mère, doctorante, travaillait jusque tard la nuit, étudiant la relation entre la respiration et le bégaiement.
La jeune Sharon, qui a souvent vu sa mère faire obstinément appel à des amis, des voisins et des collègues pour l’aider dans ses expériences, a ainsi appris l’importance de la persévérance, du sens de la communauté et de la collaboration pour mener à bien des travaux de recherche de qualité. Occupant désormais le poste de directrice scientifique et de vice-présidente associée à la recherche auprès de l’Institut du Savoir Montfort (ISM) - la première femme à occuper ce poste – la Dre Johnston entend agir, dans le cadre de ses fonctions, en suivant rigoureusement ces principes.
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Ayant d’abord entrepris des études de droit en Angleterre, la Dre Johnston a été exposée à de grandes décisions de justice qui traitaient de l’allocation des ressources en soins de santé. Consciente de l’importance de la prestation de soins de santé de qualité dans la société, elle a décidé de changer le cours de ses études.
« Je voulais participer à la prestation et à l’amélioration des soins de santé », confie la Dre Johnston. Elle obtiendra, au cours de ses études, une maîtrise en droit et bioéthique, se concentrant sur l’allocation des ressources de soins de santé.
Dans le cadre de ses recherches et de son enseignement sur le professionnalisme en médecine et sur la relation entre les soins de santé et la société à qui ces derniers sont destinés, ses mentors et ses pairs (médecins, enseignants et chercheurs) ont mis en évidence le lien inextricable qui existe entre la double nécessité de poursuivre un apprentissage de façon constante et d’entreprendre des travaux de recherche réguliers pour pouvoir améliorer la qualité des soins médicaux.
« La recherche a toujours fait partie intégrante de ma vision de la médecine : c’est une force motrice pour aider à fournir de meilleurs soins dans cinq ou dix ans », soutient la Dre Johnston, qui concentre maintenant ses recherches sur les soins de santé primaires.
Plus précisément, les études de la Dre Johnston portent sur les moyens d’améliorer les expériences et les résultats en matière de soins de santé. Elle élabore également une infrastructure de communication numérique automatisée qui permettra aux établissements de soins primaires de partager efficacement de l’information sur la santé avec leurs patients, de tirer continuellement des enseignements des expériences et des résultats rapportés par leurs patients, et également d’apprendre des expériences vécues par les autres établissements.
« La situation est compliquée pour les systèmes hospitaliers, et c’est encore plus compliqué de mettre en relation les milliers d’établissements de soins primaires à travers le pays dans un système de santé toujours en construction », dit-elle.
Parfaitement bilingue, la Dre Johnston travaille depuis 16 ans à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa et est maintenant professeure agrégée au Département de médecine familiale. Clinicienne-chercheuse depuis le début de sa carrière, elle travaille à l’lnstitut du Savoir Montfort depuis trois ans. « J’adore ce que je fais », dit-elle.
À compter du 1er avril, en tant que directrice scientifique et vice-présidente associée à la recherche, la Dre Johnston dirigera des recherches qui permettront d’améliorer les systèmes de soins de santé, tout en tenant compte des besoins et des possibilités actuels.
Elle prévoit notamment de mettre en relation des chercheurs talentueux afin d’accroître la capacité de collaboration interdisciplinaire. Elle voit également la nécessité de continuer à intégrer des partenaires communautaires dans les équipes de l’lnstitut du Savoir Montfort, car les instituts de recherche ont besoin du soutien et de la confiance des communautés qu’ils servent.
« Je suis enthousiaste à l’idée de continuer à contribuer au travail et à la portée de l’action de l’lnstitut du Savoir Montfort pour faire avancer la santé et améliorer la qualité des soins de santé des populations francophones minoritaires du Canada et de tous les Canadiens », dit-elle.
« L’amélioration de la santé et des soins de santé est un travail interdisciplinaire, explique-t-elle, et aider les gens à profiter de l’expertise de chacun doit être une fonction essentielle de l’institut de recherche. »
« Je souhaite créer des liens entre les différents acteurs du système de santé : patients, fournisseurs, gestionnaires, décideurs, innovateurs et médias, dit-elle, et j’espère continuer à attirer et à mettre en relation des chercheurs, des cliniciens et des membres de la communauté talentueux afin d’élargir continuellement la gamme de solutions que nous pouvons apporter aux problèmes que nous voulons à tout prix résoudre. »
La Dre Johnston rend hommage à de nombreuses femmes qui l’ont soutenue tout au long du parcours qui la conduit aujourd’hui à occuper un poste de direction.
« Parmi les pairs et les mentors que j’ai fréquentés, beaucoup étaient des femmes remarquables », affirme-t-elle. « Lorsque j’étais dépassée par les événements et que j’essayais de fixer les prochaines étapes et de trouver un équilibre entre mes activités, mes mentores m’ont fait part de différentes approches et m’ont beaucoup soutenue. »
« J’ai également eu la chance d’avoir de nombreux et formidables mentors de sexe masculin », poursuit-elle. « En tant que médecins de famille à l’Université d’Ottawa, mes collègues masculins ont parfois fait tomber des barrières tacites qui auraient pu m’entraver dans mes fonctions à des moments critiques. »
L’amour de la Dre Johnston pour la recherche est motivé par ce sens de la persévérance observé durant ses années de formation.
« Je garde toujours à l’esprit que les traitements et les approches que nous offrons aujourd’hui ont pu voir le jour dans un laboratoire au sous-sol, grâce à des chercheurs qui s’affairaient à développer nos connaissances et qui n’ont jamais abandonné lorsque les expériences ne donnaient pas les résultats escomptés. »
La Dre Johnston soutient que le domaine de la recherche est incroyablement concurrentiel. Obtenir du financement exige souvent une grande persévérance. Cela lui rappelle l'époque où elle attendait sa mère avec ses sœurs, une collation à la main, à l'extérieur des salles de cours.
« Tous les stratagèmes que nous mettions en place pour trouver les biscuits cachés dans le laboratoire de ma mère étaient en fin de compte un bon entraînement pour développer aujourd’hui le sens de la collaboration nécessaire pour obtenir des fonds de recherche limités », dit-elle avec un brin d’ironie.
Voir aussi :
Découvrez comment la Dre Sharon Johnston utilise le pouvoir de la communication numérique pour lutter contre l’hésitation à se faire vacciner.
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Le fonds Besoins prioritaires de la Faculté de médecine offre le soutien le plus souple concernant les besoins et priorités en pleine évolution établis dans le plan stratégique Chef de file en innovation pour un monde en santé.
Lectures recommandées par la Dre Johnston
« J’ai récemment lu The Code Breaker, la biographie de Jennifer Doudna par Walter Isaacson. (Parmi les autres biographies remarquables d’Isaacson figurent celles de Steve Jobs, Albert Einstein, Henry Kissinger et Léonard de Vinci).
« The Code Breaker est un excellent livre et je le recommande vivement. L’auteur présente l’évolution de la recherche génétique sur plusieurs décennies, notamment les recherches qui ont conduit à l’élaboration des vaccins actuels à ARNm contre la COVID-19, à travers l’extraordinaire carrière de chercheuse de la Dre Doudna. J’ai été vraiment surprise de découvrir une évolution majeure de la science et de notre capacité à guérir et à prévenir les maladies à travers l’histoire d’une femme remarquable. Je ne m’attendais pas à effectuer une lecture aussi marquante pour moi, et cela m’a permis de prendre conscience de la chance qui existe de découvrir et d’entendre des femmes leaders, en particulier dans la recherche. »