Pour la Dre Sharon Whiting, la prise de conscience collective du racisme systémique, déclenchée par le meurtre de George Floyd par un policier, survenu en 2020 aux États-Unis, a été l’occasion inédite, pour le domaine de la médecine, de faire d’importants progrès en faveur de l’équité.
« Lorsqu'est survenu le drame de George Floyd et que le monde entier a voulu agir pour que les principes d'équité, de diversité et d'inclusion (EDI) soient bien plus largement pris en compte, j'ai senti que nous devions vraiment profiter de cet élan. Ces occasions sont souvent très rares et le processus de changement culturel demande du temps », explique la Dre Whiting, vice-doyenne, Affaires professorales, de la Faculté de médecine de l'Université d'Ottawa.
La Dre Whiting le sait bien : sa carrière a consisté à saisir l'occasion pour s'assurer que des progrès soient accomplis en matière de promotion de l'équité et de la diversité en médecine et en éducation. Dès les premiers jours de son mandat à la Faculté de médecine de l'Université d'Ottawa, il y a plus de trois décennies, elle a été une force motrice dans la création d'un environnement de travail et d'apprentissage qui respecte les principes d'équité et de diversité vis-à-vis des femmes et des groupes minoritaires.
Aujourd'hui, la Dre Whiting est reconnue dans tout le Canada pour sa vision et ses nombreuses réalisations. Elle est la lauréate de 2022 du prix May Cohen pour l'équité, la diversité et le genre. Il s'agit d'une distinction nationale prestigieuse décernée par l'Association des facultés de médecine du Canada (AFMC), qui représente les 17 facultés de médecine du pays.
Ce prix national reconnaît les efforts exceptionnels d'une personne, d'un programme, d'un département ou d'une faculté en faveur de l'amélioration de l'équité, de la diversité, du genre et de l'inclusion dans le milieu de la médecine universitaire au Canada. Il est assorti d'une bourse de 1 500 $.
La Dre Whiting dit avoir été « ravie et fière » lorsqu'elle a appris qu'elle recevrait cette distinction de l'AFMC. « Je pense que cela met réellement en lumière ce que nous avons fait ici, à la Faculté de médecine », a-t-elle déclaré.
Dans sa lettre de nomination, le doyen de la Faculté de médecine, le Dr Bernard Jasmin, a fait l'éloge des nombreuses et importantes contributions de la Dre Whiting au fil des ans. « Dans le contexte actuel où l'on met en lumière l'inégalité entre les sexes et les disparités fondées sur la race dans le domaine des soins de santé et ailleurs, il est indispensable de pouvoir compter sur des chefs de file comme la Dre Whiting pour ouvrir la voie au changement et à l'inclusion », a-t-il indiqué.
Dans son dernier plan stratégique, la Faculté de médecine a fait de l'engagement et de l'EDI ses principales priorités, et c'est la Dre Whiting qui a ouvert la voie en définissant la démarche à suivre.
Parmi ses attributions, mentionnons le Programme de promotion de la santé à la Faculté, le Bureau du professionnalisme et le Bureau d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI). En tant que vice-doyenne, Affaires professorales, elle supervise le processus de nomination comme membre du corps professoral clinique, les examens annuels et les promotions universitaires. Elle a dirigé la création d’une politique de recrutement et de rétention qui décrit explicitement les meilleures pratiques et procédures pour favoriser la diversité et l’inclusion.
Dans le cadre de sa fonction de supervision du bureau d'EDI, la Dre Whiting veille à ce que la Faculté de médecine entretienne un climat de respect mutuel, ainsi que les normes les plus élevées en matière de comportement éthique et professionnel. Son équipe a mis sur pied plusieurs groupes et initiatives dont l'objectif est de donner du pouvoir aux femmes et aux groupes minoritaires et de les soutenir.
Il s'agit notamment du programme de mentorat destiné aux femmes membres du corps professoral, du programme de mentorat destiné aux femmes boursières postdoctorales et du programme de mentorat destiné aux membres des minorités sexuelles et de genre. Le dernier en date est un programme de mentorat pour étudiant·e·s en médecine et résident·e·s noir·e·s qui est en plein essor grâce au soutien des mentors de la faculté et des résidents.
Au fil des ans, la Dre Whiting a été très active au sein de comités, tant à l'Université d'Ottawa qu'ailleurs, qui se consacrent aux questions d'inclusion et de diversité. Elle a également été membre d'importants groupes et associations, notamment la Federation of Medical Women et la Black Physicians' Association of Ontario.
Elle a accompli tout cela tout en assumant des tâches cliniques importantes au CHEO et en menant des recherches. Le programme de recherche de la Dre Whiting est axé sur l'épilepsie, en particulier chez les enfants. Elle est professeure agrégée de pédiatrie et médecin membre du personnel de la Division de neurologie du CHEO.
La Dre Whiting estime qu'il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à une véritable équité, et notamment dans une optique d'antiracisme, mais elle est fière d'avoir fait toutes les différences positives qu'elle a pu faire jusqu'à présent. Pour aller de l'avant, elle ajoute que les personnes de toutes les facultés doivent être capables de se pencher sur cette question délicate, car c'est ainsi que se concrétise le travail acharné qui mène au véritable changement.
« Vous ne pouvez pas atteindre votre but si vous ne vous aventurez pas en eaux troubles. Si vous voulez que le changement soit profond, vous allez devoir faire face à un certain inconfort, à des perturbations. Je me sens très à l'aise avec les perturbations », soutient-elle. « Pour moi, il s'agit de changement systémique et je ne pense pas que nous puissions le faire à moins d'adopter une approche de grande envergure. »