Par Michelle Read
Rédactrice
Dans la semaine qui a suivi son arrivée au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO), pour faire sa résidence en pédiatrie, la Dre Sharon Whiting a été confrontée à une situation qui allait définir son identité en tant que femme noire, son rôle en tant que médecin au Canada et l’effet des suppositions sur les gens.
On lui a demandé d’approuver une évaluation après n’avoir passé qu’une trentaine de minutes avec le médecin traitant au cours de cette semaine. Celui-ci supposait qu’elle ne maîtrisait pas parfaitement ses compétences en sciences fondamentales parce « qu’elle était une stagiaire étrangère ».
« Oh non, je ne peux pas approuver ça », lui a-t-elle mentionné, en secouant la tête.
Pour la Dre Whiting, ce fut une dure leçon sur les préjugés et les comportements insidieux. Cet incident a déclenché en elle un engagement à relever ces enjeux et une détermination à changer la culture.
Transformation culturelle grâce au mentorat
Originaire de la Jamaïque, la Dre Whiting a obtenu son diplôme de médecine à l’Université des Indes occidentales. Elle s’est installée à Ottawa pour y faire sa résidence à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, et a rapidement gravi les échelons jusqu’au poste de résidente en chef. Elle avait débuté son parcours en neuropédiatrie, mais s’est rapidement découvert d’autres passions.
Comme neuropédiatre, elle a pu observer directement l’effet des préjugés sur les autres stagiaires, et constater le besoin d’une transformation culturelle au sein de l’hôpital. Puis, dans ses rôles de médecin-chef au CHEO et de chef de la division de neurologie, le mentorat de collègues, de résidents et d’étudiants est devenu son principal moyen d’aborder ces enjeux.
« En apprenant à mes collègues internationaux à faire valoir leurs droits, j’ai vu naître en moi une véritable passion pour les droits de la personne », mentionne la Dre Whiting.
Création d’un environnement favorable aux possibilités et au respect
La Dre Whiting a, au bout du compte, pris les rênes de l’un des portefeuilles les plus étoffés de la Faculté de médecine. À titre de vice-doyenne, Affaires professorales, elle est responsable des mandats en promotion de la santé, professionnalisme, et équité, diversité et inclusion (EDI), qui se traduisent tous par des possibilités de développement professionnel.
« En tant que vice-doyenne, j’ai la responsabilité de m’assurer que les membres du corps professoral, les étudiants et les résidents se sentent respectés et inclus, et ont des occasions de s’épanouir et de faire une différence », dit-elle, ajoutant qu’elle a la profonde conviction que lorsque des personnes se joignent à une organisation, si les parties ne respectent pas les attentes, cela peut saboter des carrières.
La Dre Whiting est fière du progrès réalisé par les Affaires professorales au cours des dernières années tant sous la direction de son prédécesseur, le Dr Rama Nair, que sous son propre leadership. Elle souligne, par exemple, le solide processus de promotions et de nominations :
« Nous avons d’excellentes relations avec nos hôpitaux partenaires, et 92 pour cent des personnes qui présentent une demande de promotion l’obtiennent », ajoute-t-elle, faisant référence à la longue liste de professeurs promus en 2020.
Changement de philosophie pour la promotion de la santé et l’EDI
En vertu du mandat des Affaires professorales, la Faculté de médecine collabore avec ses hôpitaux affiliés à la promotion de l’éducation, de la défense des droits et de la recherche dans le domaine de la promotion de la santé. De plus, la Dre Whiting est coprésidente du groupe de travail de l’EDI du CHEO.
La Dre Whiting s’occupe aussi de son propre bien-être. Elle garde contact avec ses anciens collègues de l’Université des Indes occidentales, elle pratique le yoga et est une passionnée de lecture; elle lit présentement l’autobiographie de Barack Obama de 750 pages.
« En décrivant son incroyable parcours, qui l’a amené à passer de jeune homme à la recherche de son identité au chef du monde libre, son expérience m’a profondément touchée, » ajoute-t-elle.
La Dre Whiting admet que rien ne change du jour au lendemain, mais explique que l’Équipe exécutive de leadership de la Faculté convient qu’il est important de miser sur une transformation culturelle durable.
« Si vous voulez un changement, vous devez participer aux discussions sur le changement », ajoute-t-elle. « C’est un processus de longue haleine, mais l’équité signifie des chances égales pour tous ».
Principale photo : La Dre Sharon Whiting en compagnie de ses collègues de la direction du Bureau des Affaires professorales. G à D : Dre Sharon Whiting, vice-doyenne, Affaires professorales; Dre Catherine Tsilfidis, doyenne adjointe, Bureau d’équité, de diversité et d’inclusion; Dre Elizabeth Muggah, doyenne adjointe, Programme de promotion de la santé; Dre Anne Byszewski, directrice, Bureau du professionnalisme.
Envisagez de soutenir l'Université d'Ottawa.
La bourse pour leaders noirs en médecine a été créée par le programme d’études médicales de premier cycle de la Faculté de médecine en collaboration avec l’Association des étudiants noirs en médecine de l’Université d’Ottawa pour accorder une bourse à une étudiante ou un étudiant d’une communauté noire en première année de médecine à l’Université d’Ottawa.
Sorties de l’ombre, les conversations sur l’EDI sont pleines d’espoir
L’ouverture avec laquelle chacun aborde la diversité, et la planification stratégique liée à ce domaine facilitent la discussion sur le sujet, souligne la Dre Whiting. Elle reconnaît que les conversations sur les enjeux des noirs peuvent parfois être gênantes à la Faculté de médecine, mais elle est reconnaissante de pouvoir aborder ces enjeux dans le cadre de son mandat à titre de vice-doyenne.
« J’ai l’occasion de diriger l’initiative à un niveau organisationnel systémique plutôt que de travailler à un niveau individuel », affirme-t-elle. « Il s’agit du changement le plus important dont j’ai été témoin en matière d’EDI ».
Cette ouverture a non seulement abouti à un plus grand accès aux ressources, mais aussi aux personnes qui considèrent le sujet important. L’EDI est reconnue comme un volet important du plan stratégique quinquennal.
« Cette ouverture doit se poursuivre bien au-delà de mon mandat de vice-doyenne; cette initiative doit garder toute son importance », insiste la Dre Whiting. « Je suis heureuse que le Dr Bernard Jasmin, doyen de la Faculté de médecine, soit très sensible à l’EDI et engagé au changement durable au sein de la Faculté. »
Le soutien au niveau de la direction soulage la pression exercée sur les étudiants racisés qui souhaitent voir un changement à la Faculté. En collaboration avec l’Association des étudiants noirs en médecine, la Faculté s’engage à aborder ces enjeux, notamment la réforme du programme de lutte contre le racisme et l’élaboration d’un nouveau processus de demande afin d’augmenter le nombre d’étudiants noirs.
« Nous avons également nommé un médecin noir dont le mandat consiste à examiner et à procéder à la réforme de notre programme quant à la représentation des personnes de couleur dans les cas de médecine auxquels sont confrontés les apprenants », ajoute la Dre Whiting.