Essai personnel : Mon rêve d’obtenir un doctorat

Faculté de médecine
Faculté de médecine
Raphaël Rivière
Raphaël Rivière (MD 2019) réfléchit au cheminement qu’il a parcouru pour devenir médecin – une histoire qui démontre le véritable pouvoir de la persévérance.

Je suis médecin. C’est quelque chose que je rêve de dire depuis que j’ai reçu mon diagnostic de cancer quand j’étais enfant.

Je m’appelle Raphaël Nahar Rivière, et j’ai étudié la médecine à l’Université d’Ottawa. Dès l’automne prochain, je serai médecin résident en anesthésiologie à l’Université de Toronto. Mon expérience avec la médecine a commencé quand j’étais jeune. Peu après notre arrivée au Canada depuis le Bangladesh, j’ai commencé à souffrir de douleurs osseuses et de fièvres récurrentes. Après une visite à l’Hôpital pour enfants malades de Toronto, ma mère m’a emmenée voir un rhumatologue, qui nous a annoncé la nouvelle dévastatrice : j’étais atteint du sarcome d’Ewing. Après cela, les séances de chimiothérapie, de greffe osseuse et tout le reste ont grandement changé ma vie de garçon de sept ans.

Mon diagnostic de cancer a été particulièrement difficile pour ma famille. Au cours des années, notre père s’est éloigné de nous parce qu’il ne pouvait pas faire face à la réalité d’avoir un enfant malade dans un pays étranger. Puis un jour, il est parti. Ma mère a fait preuve d’une force incroyable. Elle est devenue proche aidante à temps plein, et a par la suite occupé des emplois épuisants dans le commerce de détail. C’était une réalité bien différente de ce qu’elle avait envisagé en tant que professeur d’anthropologie en devenir au Bangladesh. Malgré les épreuves et les difficultés auxquelles elle faisait face en tant que mère célibataire, son optimisme infatigable m’a grandement inspiré et m’a amené à me dépasser.

J’ai étudié d’arrache-pied et j’ai obtenu une bourse d’études de la Banque TD, ce qui m’a beaucoup aidé pendant mon baccalauréat au Collège Trinity de l’Université de Toronto. Après mon baccalauréat, j’ai été accepté en médecine à l’Université d’Ottawa, au volet francophone. C’était le meilleur choix pour moi, car j’étais devenu un peu francophile après un stage en France, et je voulais absolument préserver ma maîtrise du français tout en poursuivant une carrière en médecine. Ces compétences m’ouvriraient des portes pour partir en mission médicale au Bénin, un pays francophone d’Afrique de l’Ouest. Là-bas, notre équipe de médecins, de résidents, d’étudiants en médecine, d’infirmiers et de pharmaciens canadiens a servi plus de 1000 patients dans un village rural défavorisé. Pendant ce temps, j’ai ranimé mon premier nouveau-né d’une mère éclamptique, et j’ai eu l’honneur de nommer le nouveau-né d’une mère pour laquelle j’avais dû effectuer une ponction lombaire. Ces expériences ont été transformatrices et m’ont inspiré à choisir l’anesthésiologie pour mon avenir, une spécialité qui permet aux étudiants d’acquérir des compétences uniques qui peuvent sauver des vies.

Je me souviens encore, comme si c’était hier, d’être en train de jouer à Pokémon Stadium dans mon lit, au 8e étage de l’Hôpital pour enfants malades de Toronto. Ce cheminement pour devenir médecin a été si long, et souvent difficile. Je suis comme n’importe quel autre étudiant. Je me plains, je pleure et je ris de tout ce qu’il y a à apprendre, et je me demande si je serai un jour assez bon pour donner à mes patients les meilleurs soins qu’ils puissent recevoir. Cependant, mes expériences m’ont appris que la vie est une occasion précieuse, et qu’il ne faut pas la gaspiller. Je suis très reconnaissant envers mes amis, ma famille, mes mentors et, très certainement, envers tous les médecins, infirmiers, physiothérapeutes et autres membres du personnel médical sans qui je ne pourrais pas être médecin aujourd’hui.

Cette année, ma mère s’apprête à terminer son doctorat à l’Université de Toronto, ce qu’elle a toujours rêvé de faire avant que je tombe malade. J’imagine que c’est un peu une coïncidence que nous obtenions notre diplôme la même année.

Raphaël Rivière