Une étude montre que lorsqu’on cherche de l’aide pour ses problèmes de santé mentale, on incite ses proches à faire de même.

Faculté de médecine
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Deux hommes sur un quai
Un groupe de chercheurs de l’Université d’Ottawa a mené une étude qui jette de la lumière sur ce qui incite les gens à demander de l’aide. Ce qu’ils ont découvert? Qu’on serait motivé par la famille et les amis.

Dans les nations industrialisées, près d’une personne sur cinq sera atteinte de troubles mentaux ou de toxicomanie au cours d’une année donnée. Et pourtant, moins de la moitié demandera de l’aide à un professionnel de la santé. Un grand nombre ne le fera même jamais.

Alors, comment pouvons-nous encourager les millions de personnes qui souffrent de troubles mentaux à recourir aux soins dont elles ont besoin? Pour répondre à cette question, un groupe de chercheurs de l’Université d’Ottawa a mené une étude qui jette de la lumière sur ce qui incite les gens à demander de l’aide. Ce qu’ils ont découvert? Qu’on serait motivé par la famille et les amis.

François Thériault, étudiant au doctorat, et Ian Colman, professeur agrégé à la Faculté de médecine et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’épidémiologie en santé mentale, ont mené l’étude. Selon les résultats publiés dans la revue Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, les personnes qui savaient que des proches étaient allés se faire soigner pour des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie étaient davantage portées à demander de l’aide.

« Le message important que nous en retirons, c’est que quand on va se faire aider, on pourrait aussi aider les membres de sa famille ou ses amis », explique François Thériault, auteur principal de l’article.

Les chercheurs ont analysé les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de Statistique Canada pour l’année 2012. Ils ont comparé deux groupes de sujets aux profils semblables en matière de santé mentale : 1933 personnes qui avaient abordé un professionnel de la santé au cours des 12 derniers mois pour discuter de leurs troubles et 1933 qui ne l’avaient pas fait. Les scientifiques ont découvert que dans le premier groupe, il y avait 30 % de plus de probabilités d’être au courant qu’un membre de la famille ou un ami s’était également fait soigner pour des problèmes de santé mentale. Ils en ont donc conclu que le simple fait de savoir que des proches ont cherché de l’aide incite les personnes à faire de même.

« Il est logique de penser qu’une personne atteinte d’un problème de santé mentale se verrait encouragée par sa famille et ses amis à chercher du soutien professionnel », fait observer le professeur Colman, qui a dirigé les travaux. « Notre étude indique que cet encouragement peut servir de puissant catalyseur pour inciter les personnes à aller chercher cette aide. »

Ces résultats pourraient modifier l’approche employée pour sensibiliser le public et mener des campagnes de promotion de santé mentale, en s’appuyant sur la théorie de l’apprentissage social, selon laquelle les personnes apprennent certains comportements en observant ceux des autres.

« Quand on se fait soigner pour ses problèmes de santé mentale, les effets se répercutent sur les proches. C’est pourquoi on peut présenter le fait de chercher de l’aide comme un comportement prosocial motivé par l’intérêt pour les autres : on ne s’aide pas seulement soi-même, mais ses proches aussi », précise le professeur Colman.

Le souci du bien-être de ses proches représente en effet une source de motivation puissante pour changer de comportement. C’est pour cela que de nombreuses campagnes de promotion de la santé s’en servent. Par exemple, pour inciter un père ou une mère à cesser de fumer, une intervention fondée sur les bienfaits qui en découleraient pour la santé de ses enfants se montrera plus efficace que si l’approche se centre uniquement sur la santé du parent. Il en va de même en ce qui concerne les programmes de perte de poids : un père en surcharge pondérale sera davantage amené à modifier ses habitudes si cela implique de servir de modèle à ses enfants.


« Cette étude pourrait permettre aux professionnels de la santé d’atteindre un plus grand nombre de personnes affectées et cela nous motive beaucoup », déclare François Thériault. « Mais aussi, et c’est sans doute tout aussi important, cette recherche pourrait contribuer à autonomiser les patients. »

Lire l’article dans la revue Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology.

La santé mentale en bref

L’année dernière, près de trois millions de personnes au Canada, soit plus de 10 % de la population âgée de plus de 15 ans, ont rapporté avoir manifesté des symptômes liés à l’un des troubles énumérés ci-dessous:

  • épisode dépressif majeur;
  • trouble bipolaire;
  • trouble d’anxiété généralisé;
  • abus ou dépendance d’alcool, de cannabis ou d’autres drogues.

Source: Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes : santé mentale, 2012.

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