En salle d'urgence, les patients atteints de fibrillation auriculaire aiguë ont besoin d'un soulagement rapide.
Au Canada, ce soulagement est souvent apporté par une faible décharge électrique qui rétablit le rythme cardiaque normal, ou avec des médicaments administrés par voie intraveineuse. Cependant, aucune étude clinique n'avait encore comparé l’innocuité et l'efficacité des deux méthodes.
Un essai clinique dirigé par le Dr Ian Stiell, professeur distingué de l'Université d'Ottawa et chercheur principal à L'Hôpital d'Ottawa, a révélé que des médicaments administrés par voie intraveineuse peuvent restaurer le rythme cardiaque chez plus de 50% des patients sans avoir recours aux décharges électriques - ce qui permet une économie de temps et de ressources.
« Faire une perfusion de médicaments à un patient me permet de voir d’autres patients en même temps », précise le Dr Jeffrey Perry, coauteur de l’essai, scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa. « Pour faire une cardioversion électrique, j’ai besoin d’un autre médecin, d’une infirmière et d’un thérapeute respiratoire. Assembler cette équipe prend du temps. »
Les chercheurs recommandent donc aux médecins d’essayer la cardioversion chimique en premier pour éviter une sédation inutile.
« Recourir à une perfusion de médicaments avant toute décharge électrique comporte des avantages selon nous, mais c’est le patient et le médecin qui doivent choisir ensemble le traitement », ajoute le Dr Perry.
La fibrillation auriculaire aiguë est le battement irrégulier et rapide du cœur. Il faut la traiter en moins de 48 heures pour éviter des complications comme l’AVC et l’insuffisance cardiaque. L’équipe responsable de l’essai estime que ce trouble cause 430 000 visites aux urgences chaque année au Canada et aux États-Unis.
Au Canada, l'intervention médicale la plus commune pour traiter la fibrillation auriculaire est la cardioversion, qui vise à rétablir rapidement le rythme cardiaque normal par l’administration de légères décharges électriques ou de médicaments à action rapide par intraveineuse.
L'essai clinique du Dr Stiell est le premier à comparer les deux méthodes de cardioversion en termes de sécurité et efficacité.
Les chercheurs ont recruté 396 patients ayant subi une fibrillation auriculaire aiguë dans 11 urgences canadiennes. Ils les ont répartis de façon aléatoire dans l’un des deux groupes de cardioversion, qui est le traitement utilisé couramment dans ce pays.
Les patients du premier groupe ont reçu seulement la cardioversion électrique. Ils ont dû recevoir au préalable un sédatif pour ne pas sentir les décharges électriques.
Ceux du second groupe ont reçu un médicament appelé procaïnamide par intraveineuse. Si le médicament ne rétablissait pas le rythme cardiaque normal en moins de 30 minutes, ils recevaient ensuite une cardioversion électrique.
Dans le groupe traité par cardioversion électrique seulement (192 patients) :
92 % ont retrouvé un rythme cardiaque normal (176)
95 % ont reçu leur congé de l’urgence (183).
Dans le groupe traité par cardioversion chimique et électrique (204 patients) :
96 % ont retrouvé un rythme cardiaque normal (196)
97 % ont reçu leur congé de l’urgence (198)
52 % ont retrouvé un rythme cardiaque normal par cardioversion chimique seulement (106).
Les deux types de cardioversions ont donc été aussi efficaces et sécuritaires. Aucun patient n’a éprouvé d’effet secondaire grave.
« Ces techniques nous permettent de rétablir rapidement le rythme cardiaque du patient et de lui donner son congé de l’urgence de quatre à six heures plus tard », explique le Dr Stiell.
La cardioversion, qui est courante au Canada, n’est pas aussi bien connue dans d’autres régions du monde.
« Dans certains pays, les patients qui font une fibrillation auriculaire aiguë retournent chez eux avec des comprimés qui ralentissent le rythme cardiaque. Dans d’autres, ils sont admis à l’hôpital, poursuit le Dr Stiell. Notre essai montre que la cardioversion administrée à l’urgence est sécuritaire et efficace. Nous espérons que les résultats convaincront davantage de médecins d’adopter ces techniques partout dans le monde. »
Lisez le communiqué de presse de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa (en Anglais seulement).