Tel le lointain hurlement des loups, la médecine résonnait comme un appel dans le cœur de Catherine Moran.
Son rêve de devenir médecin est né à Sioux Lookout, là où elle a grandi. Elle a elle-même constaté les difficultés des communautés éloignées et la façon dont les Autochtones, les minorités, les sans-abri et d’autres populations étaient souvent mal desservis par le système de santé.
À l’âge de neuf ans, Catherine a dû effectuer un trajet de cinq heures pour faire soigner une fracture osseuse. Aujourd’hui encore, selon elle, les gens sont contraints de se déplacer à plusieurs heures de chez eux pour se rendre dans une plus grande ville et avoir accès à des traitements médicaux. À son grand désarroi, elle a vu des infections courantes se transformer en amputations en raison des coûts et de la distance nécessaires pour voir un médecin.
Comme plusieurs étudiants, Catherine avait l’impression que sa situation financière et sa confiance en elle ne lui permettraient pas de faire carrière en médecine. Après avoir obtenu son diplôme d’études collégiales, elle a entrepris une carrière de massothérapeute agréée, dirigeant avec succès sa propre clinique pendant 15 ans. Mais l’appel de la médecine se faisait de plus en plus insistant au fil des ans.
« Je ne pouvais plus ignorer le sentiment que j’éprouvais de pouvoir faire plus pour servir les personnes en difficulté », a-t-elle affirmé. « Personne ne devrait jamais être laissé pour compte. »
Après avoir obtenu des diplômes de premier cycle en psychologie et en sciences de la santé, la volonté de Catherine d’agir en faveur des populations vulnérables l’a finalement amenée à poser sa candidature au Programme MD de la Faculté de médecine. Elle se consacre désormais à l’étude de la médecine en tant qu’étudiante autochtone d’origine métisse, s’intéressant particulièrement aux populations autochtones mal desservies.
« Les communautés autochtones sont parmi les communautés les moins bien desservies par le système de santé », soutient-elle. « Il est important qu’elles soient traitées par des médecins autochtones qui comprennent leur culture. Ce sera un grand honneur de redonner à ma communauté. »
Catherine a elle-même éprouvé des difficultés dans sa réorientation. Ayant reçu un diagnostic de maladie intestinale inflammatoire il y a plusieurs années, elle se demandait ce qu’elle allait faire si la maladie s’aggravait une fois à Ottawa. C’est ainsi qu’elle et le Dr Richmond Sy, gastroentérologue au Département de médecine, ont convenu de la marche à suivre pour maîtriser ses symptômes lors de son retour aux études.
« J’ai été témoin de ma propre gratitude lorsqu’un parfait inconnu a pris le temps de m’écouter et de me comprendre », confie-t-elle. « Ses soins m’ont permis de mieux comprendre l’importance de soins médicaux de qualité pour avoir une vie meilleure. »
Catherine a déjà contribué à la mise sur pied d’un programme de mentorat à la Faculté à l’intention des étudiants autochtones du premier cycle et des cycles supérieurs de l’Université d’Ottawa qui voudraient faire une demande en médecine.
« Je suis très contente des initiatives prises par la Faculté qui sont destinées à aider les jeunes Autochtones », déclare-t-elle. « En tant que société, je crois que nous devrions prendre soin les uns des autres, en particulier des gens qui en ont le plus besoin. »
Elle assure aux autres étudiants qui songent à se réorienter que le fait d’œuvrer dans un domaine qu’on aime l’emporte sur toute appréhension quant au retour aux études.
Elle devrait obtenir son diplôme en 2021 et trace désormais sa route vers de plus grandes ambitions. Le hurlement des loups sonne comme une petite musique à ses oreilles.