Les étudiants en médecine ont conçu un nouveau module d’apprentissage pour une meilleure représentation de la peau de couleur dans leur programme de dermatologie

Faculté de médecine
un nouveau module d’apprentissage pour une meilleure représentation de la peau de couleur
Avec le plein appui de leurs professeurs, six étudiants en médecine de l’Université d’Ottawa ont créé un nouveau module officiel pour leur programme de médecine afin de corriger une lacune dans la représentation de la peau de couleur dans les enseignements médicaux occidentaux en dermatologie. 

Par Chonglu Huang

Rédactrice

Avec l’appui de la Faculté de médecine, les étudiants en médecine de l’Université d’Ottawa ont plaidé en faveur d’une meilleure représentation de la peau de couleur dans leurs études en dermatologie et ont créé un nouveau module officiel pour le programme de médecine qui traite de la diversité dans les couleurs de peau et de son lien au diagnostic et au traitement des dermatoses.

Le module d’auto-apprentissage (MAA) en dermatologie entièrement bilingue traite de la peau de couleur et sera offert dans le cadre de l’unité de dermatologie du préexternat en deuxième année et sera disponible pour les étudiants en médecine à partir du mois de mai.

« Je m’intéresse depuis le début de mes études en médecine à la peau de couleur, et cet intérêt s’est concrétisé lors de ma participation au Skin Spectrum Summit organisé par la Canadian Conference on Ethnodermatology en 2019 », déclare Selam Ogbalidet, étudiante de troisième année en médecine au volet anglophone.

« Au moment de terminer l’unité de dermatologie, j’ai remarqué qu’il y avait des écarts entre les types de peau représentés dans les leçons et ceux vus en milieu clinique. J’ai donc pensé qu’il s’agissait de l’occasion idéale pour que les étudiants en médecine se mobilisent et plaident en faveur du développement du programme d’études dans le but de promouvoir des compétences culturelles et la sécurité des patients », ajoute-t-elle.

À titre de membre de la direction du Groupe d’intérêt en dermatologie (DIG) de l’Université d’Ottawa, Selam a demandé à Mina Boshra, Farhan Mahmood, Linda Mardiros, Victoria Lanoë et Alexandra Finstad, tous des camarades de classe en médecine, de collaborer dans le cadre d’une initiative visant à promouvoir l’égalité dans leur programme d’études médicales.

« Nous sommes tous passionnés par la dermatologie et nous souhaitons préconiser l’inclusion au sein d’un domaine qui nous passionne », déclare Mina Boshra, qui est également membre du DIG et qui fait de la recherche en conception pédagogique. « Souvent, les présentations dans les ouvrages médicaux occidentaux font référence à des peaux de type clair ou pâle ».

Mina explique qu’en médecine, il y a l’échelle de Fitzpatrick pour définir les couleurs de peau courantes en las classant de 1 à 6; le nombre de pigments de mélanine augmentant le long de cette échelle, et pourtant nos manuels ont tendance à se concentrer sur une seule partie de l’échelle.

« Le plus grand défi pour les personnes de couleur est que leurs manifestations cutanées pour certaines maladies ne sont pas communément étudiées et présentées », ajoute Mina. « Par conséquent, selon les analyses documentaires, il y a un délai plus long entre la première fois qu’un patient de couleur présente une maladie de la peau et le moment de son diagnostic. Par exemple, dans le cas d’un mélanome, un type mortel de cancer de la peau, on croit à tort qu’il est extrêmement fréquent chez les personnes qui ont la peau claire, et qu’il ne se développe pas du tout chez les personnes de couleur. En réalité, il existe des sous-types précis de mélanomes qui apparaissent plus souvent chez les personnes de couleur et qui ne sont pas souvent reconnus assez tôt en raison d’idées préconçues.

En outre, le volet francophone de ce module a également été crucial à son succès. Linda Mardiros, étudiante de deuxième année en médecine dans le volet francophone, a manifesté son intérêt pour ce projet pédagogique, souhaitant que le contenu soit accessible dans les deux langues officielles.

« Je voulais m’impliquer dans l’aspect du bilinguisme du projet et m’assurer que le sondage initial pour recueillir les commentaires des élèves était offert en français et en anglais afin de maximiser l’inclusion et favoriser le dialogue. Nous sommes extrêmement reconnaissants pour l’appui de la Faculté, qui nous a assuré que le module serait disponible dans les deux langues officielles. Au bout du compte, en recevant cette formation dans la langue de leur choix, les étudiants seront en mesure de mieux servir leur population diversifiée de patients », déclare Linda.

À titre de cadre subalterne du Groupe d’intérêt en dermatologie, Farhan Mahmood, étudiant de deuxième année en médecine, participe non seulement à cette initiative, mais il est également membre d’un groupe de travail sur la réforme du programme d’études en médecine de l’Université d’Ottawa chargé de promouvoir la responsabilité sociale et la lutte contre le racisme dans l’éducation médicale.

« En tant que personne passionnée par l’équité, la diversité et l’inclusion, je crois fermement que la représentation de la peau de couleur est essentielle pour offrir de meilleurs soins à la population canadienne » déclare Farhan Mahmood. « Les étudiants en médecine devraient être bien outillés pour prendre soin de diverses populations et être conscients des différences qui existent entre leurs affections cutanées ».

Il a ajouté que la population canadienne se diversifie; d’ici 2031, près 30 % de la population composée de personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC).

«Il y a une méfiance à l’égard du système de soins de santé au sein des communautés noire et autochtone et de nombreuses disparités en matière de santé existent pour les patients qui sont des PANDC; le fait de ne pas former les étudiants en médecine et les fournisseurs de soins de santé pour qu’ils puissent traiter les affections uniques auxquelles ces patients sont confrontés perpétuera davantage les disparités et la méfiance », exprime Farhan.

Le DIG a également rejoint des leaders étudiants dans d’autres écoles de médecine canadiennes pour discuter des façons d’améliorer la représentation de la peau de couleur dans l’ensemble de l’enseignement médical.

« Il est devenu évident que cette question ne concerne pas uniquement l’Université d’Ottawa », déclare Alexandra Finstad, étudiante de troisième année en médecine et membre de la direction du DIG, qui a travaillé précisément aux efforts de sensibilisation aux niveaux provincial et national. « Il y a eu une volonté collective parmi les étudiants de tous les coins du pays de combler cet écart ».

Victoria Lanoë, qui obtiendra son diplôme cette année et poursuivra sa formation en médecine familiale, déclare que c’est sa volonté de défendre les intérêts sociaux qui l’a amenée à s’impliquer dans ce projet. « Nous nous dirigeons en médecine dans l’espoir de contribuer un jour à améliorer les soins de nos patients. Les futurs étudiants qui suivront ce module d’auto-apprentissage pour se sensibiliser davantage à l’importance de la race et de la diversité en médecine pourront ainsi mieux servir leurs patients ».

C’est une réalisation incroyable pour une équipe de six étudiants en médecine qui a mis en œuvre ce module d’apprentissage sur une période de 12 mois avec l’aide de dermatologues et de médecins de famille, dont la Dre Sophia Colantonio, le Dr Amin Bahubeshi, la Dre Isabel Arroyo, le Dr Craig Campbell et le Dr Stefan de Laplante.

De plus, la Dre Ewurabena Simpson, qui est responsable de la thématique santé des Noirs du programme de médecine, a partagé ses conseils pour assurer l’équité, la diversité et l’inclusion. Enfin, le module a également reçu un soutien informatique de Jennifer Jifu He, conceptrice pédagogique de Medtech, qui a contribué aux aspects techniques du module d’auto-apprentissage.

« Mes collègues et moi sommes très fiers du processus de collaboration qui a permis à cette initiative transformatrice de se concrétiser, déclare Selam Ogbalidet. « Ensemble, nous avons contribué à l’amélioration du programme de dermatologie pour les futurs stagiaires ».

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