La Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa a fait des pas de géant en matière d’internationalisation. Aujourd’hui, présente dans des dizaines de pays, elle accueille des étudiants des quatre coins du globe dans ses salles de classe et laboratoires. Par cette ouverture, la Faculté ne cherche pas qu’à prouver sa nature de citoyenne du monde socialement responsable; elle veut aussi multiplier les possibilités d’apprentissage, d’enseignement et de découverte scientifique . C’est dans cet esprit qu’elle a établi un groupe de travail pour évaluer ses activités actuelles à l’international et établir un plan d’action pour l’avenir. L’entretien ci-dessous a été réalisé avec le Dr Mark Walker, président du groupe de travail.
Vous êtes déjà très occupé en tant que chef du Département d’obstétrique, de gynécologie et de soins aux nouveau-nés. Pourquoi avoir accepté de diriger ce groupe de travail?
Que ce soit pour une université ou une faculté, la présence à l’international est indispensable pour attirer les meilleurs étudiants et grimper dans le classement mondial. Je suis extrêmement fier de notre faculté. Ce rôle est une façon pour moi de contribuer, en toute modestie, à sa croissance et à sa réputation. On peut aussi dire que j’ai l’international dans le sang. J’ai grandi au Moyen-Orient, et comme chercheur, j’ai voyagé partout dans le monde pour des essais cliniques. Je suis donc très au courant des activités internationales de notre faculté, que ce soit dans les pays développés ou en voie de développement. J’ai eu le privilège de travailler à l’établissement d’un centre de recherche clinique dans l’un des plus grands hôpitaux de Shanghai avec la Faculté et son partenaire, l’Université Jiao Tong. Ce fut une occasion pour moi d’apprendre le mandarin, dont je parle maintenant couramment! Enfin, en tant que clinicien, je suis extrêmement fier de l’enseignement, du mentorat et des soins que notre département dispense dans différents pays, que ce soit en Afrique de l’Est au dans le cercle arctique.
Qu’entend-on, précisément, par « internationalisation »?
La question est excellente, parce qu’à la Faculté, le terme renvoie à plusieurs choses différentes : nos projets et partenariats avec des établissements étrangers comme l`école de médecine de l’Université Jiao Tong et l’Université de Lyon, mais aussi des projets d’aide humanitaire et de rayonnement mondial tels que notre travail au Bénin (Afrique). Le terme comprend également les systèmes en place pour accueillir les étudiants internationaux dans nos salles de classe et nos laboratoires à ici Ottawa.
Ça vous semblera peut-être étrange, mais l’internationalisation englobe même nos projets en région éloignée du Canada. Par exemple, nous envoyons des apprenants au Nunavut tous les trois mois dans le cadre de leur résidence en gynécologie.
Si l’internationalisation est déjà une force de la Faculté de médecine, pourquoi créer un groupe de travail?
Le groupe de travail nous permettra de nous pencher sur nos activités actuelles tout en cherchant d’autres débouchés qui correspondent aux orientations stratégiques de la Faculté. Les occasions d’augmenter nos efforts d’internationalisation ne manquent pas, et nous tenons à prendre des décisions réfléchies et proactives plutôt que de réagir à la hâte. Chaque projet doit s’harmoniser avec nos nombreux programmes d`études et priorités de recherche ainsi qu’avec les efforts globaux d’internationalisation de l’Université.
L’internationalisation est une priorité pour l’Université, mais qu’apporte-t-elle de plus à la Faculté de médecine?
La valeur des relations internationales est multiple. Premièrement, les étudiants étrangers amènent de nouvelles perspectives dans nos salles de classe et nos laboratoires qui sont extrêmement enrichissantes pour les apprenants d’ici. L’internationalisation a aussi une valeur ajoutée sur le plan de notre responsabilité sociale, car nous pouvons ainsi aider des gens aux quatre coins du monde. Enfin, ces efforts augmentent la visibilité de la Faculté à l’étranger tout en stimulant la productivité en recherche.
Pouvez-vous nous donner un exemple de l’effet des efforts d’internationalisation de la Faculté dans le monde?
La Dre Luming Sun, par exemple, est la première spécialiste en médecine fœtale de la Chine. Elle a été formée à la Division de médecine maternelle et fœtale de l’Université d’Ottawa. Elle est ensuite retournée dans son pays pour ouvrir une unité au Shanghai First Maternity and Infant Hospital. Elle est aujourd’hui la plus grande spécialiste des grossesses gémellaires complexes de Chine, domaine dans lequel elle enseigne aussi. Cet exemple à lui seul témoigne d’une importante contribution au système de santé d’un pays qui représente le quart de la population mondiale!
Quels sont les filons inexploités dont la Faculté de médecine pourrait tirer parti dans ses efforts d’internationalisation?
Il existe de nombreuses sources de financement que nous gagnerions à exploiter. Nous jouissons déjà de l’appui de différents organismes qui nous ont versé des millions de dollars. La Fondation Bill et Melinda Gates, par exemple, a appuyé financièrement les travaux de Kumanan Wilson sur l’âge gestationnel des bébés prématurés dans les pays en voie de développement. Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) a soutenu un projet au Bénin, et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour des projets en Chine. Il y aurait encore beaucoup d’autre financement à aller chercher pour des projets internationaux.
Qui sont les membres du groupe de travail et quelles sont vos priorités pour les prochains mois?
Le groupe est très varié et comprend des professeurs, des vice-doyens, des membres du personnel et des étudiants. Les réunions ont lieu une fois par mois. Ensemble, nous ferons le bilan de nos progrès, puis nous établirons nos objectifs pour l’avenir en précisant comment nous prévoyons les atteindre. En cours de route, nous mènerons des consultations à grande échelle et recevrons des rétroactions et commentaires de la part de tous les intervenants de la Faculté.
Je m’intéresse tout particulièrement à l’utilisation des possibilités d’internationalisation pour aller chercher du financement et augmenter nos publications en recherche. Je pense aussi que l’expansion de nos efforts humanitaires et de notre contribution à la communauté internationale est une chose qui nous tient tous à cœur. La première étape sera toutefois de faire le bilan de nos efforts à l’international et d’évaluer ces partenariats sur le plan stratégique.