Tôt un matin de mai, le troisième étage du Centre universitaire de l’Université d’Ottawa est animé de conversations. Des élèves autochtones du secondaire des quatre coins de l’Ontario arrivent, les bras chargés d’affiches en carton bristol et de projets de fabrication artisanale. Ils auront mis près de cinq mois de travail pour se préparer à la Foire scientifique du Programme de mentorat autochtone et ils sont maintenant prêts à présenter leurs projets finaux.
Le Programme de mentorat autochtone a été fondé par Parlons sciences à l’Université d’Ottawa et permet de jumeler des élèves autochtones du secondaire à des étudiants à l’université. L’objectif est d’encourager ceux-ci à poursuivre des carrières scientifiques.
C’est une journée de fierté pour Taylor Jamieson, étudiante au Programme M.D./Ph.D. à la Faculté de médecine. Elle fait partie des huit mentors et est l’un des deux seuls mentors autochtones qui participent au programme de mentorat. Elle n’a pas encore vu le projet final de ses deux « mentorées » et a bien hâte de voir ce qu’elles présenteront.
« L’objectif du programme est de faire comprendre à ces élèves qu’ils ont leur place, et que poursuivre leurs études est un objectif réalisable », explique Taylor.
Plus tôt ce mois-ci, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) a octroyé une subvention PromoScience de 60 000 $ à Parlons sciences de l’Université d’Ottawa pour cette année et les deux prochaines années. La subvention permet de financer des activités de sensibilisation auprès des communautés autochtones, notamment dans le Nord (Nord de l’Ontario, Nord-du-Québec et Sanikiluaq au Nunavut); à l’échelle locale, par le biais de son partenariat avec le Ottawa Inuit Children's Centre et le Wabano Centre; et en régions rurales.
Pour le Programme de mentorat autochtone, cette nouvelle subvention permet de couvrir les frais de déplacement vers Ottawa, l’hébergement et les activités auxquelles participent les élèves du programme. La foire scientifique d’aujourd’hui fait partie des trois journées d’activités annuelles du programme dans la capitale nationale; elle expose ces jeunes élèves à l’univers des sciences et leur permet de vivre une expérience enrichissante dans un milieu universitaire.
Taylor a encadré plusieurs élèves au cours des trois dernières années, y compris les deux élèves présentes aujourd’hui. Elle remarque à quel point ils sont de plus en plus motivés et présentent chaque année des sujets complexes dans le cadre de la foire scientifique annuelle.
« Ils s’intéressent à plusieurs choses, dit-elle. Cette année, les élèves ont entrepris un ambitieux projet conjoint sur l’édition génétique chez les bébés, en effectuant de la recherche approfondie afin d’examiner le ‘pour’ et le ‘contre’. Puisque je travaille actuellement à développer des lignées cellulaires inactivées à l’aide du système CRISPR dans le cadre de mon projet de doctorat, j’ai été ravie de partager mes connaissances avec elles. »
À son entrée à l’université comme étudiante autochtone, Taylor mentionne qu’elle aurait elle-même aimé avoir un mentor.
« Je n’avais personne pour m’aider à me diriger dans mon expérience postsecondaire », déclare-t-elle. En encadrant ces élèves, nous leur démontrons que des gens comme eux ont vécu la même situation. J’ai eu l’occasion de partager des idées, des ressources et mes propres expériences pour les garder motivés. »
Elle dévoile avec excitation que ses élèves planifient poursuivre des études en sciences infirmières à Niagara-on-the-Lake, et en mathématiques ici même à l’Université d’Ottawa; elle est fière de leurs ambitions.
Terminant sa troisième année dans le programme M.D./ Ph.D., Taylor s’est affairée à ses propres travaux de recherche scientifique en virothérapie oncolytique sous la supervision de Carolina Ilkow, professeure adjointe au Département de biochimie, microbiologie et immunologie (BMI). Malgré des journées de huit à douze heures en laboratoire, elle fait du bénévolat non seulement pour le Programme de mentorat autochtone, mais pour d’autres programmes de sensibilisation dans le cadre de Parlons sciences, en plus d’accompagner des enfants lors de leur traitement de longue durée en tant que compagnon CHEO.
Taylor compte bien être disponible pour ses élèves alors qu’ils entreprennent leurs propres études postsecondaires.
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