Le Dr Robert Milin s’est vu remettre le prix Elaine-Schlosser-Lewis qui reconnaît la recherche sur le trouble du déficit attentionnel, pour son étude qui établit un rapport entre le fait d’être averti en matière de santé mentale et la diminution de la stigmatisation dont font l’objet les maladies mentales.
Ce prix est décerné par l’American Academy of Child and Adolescent Psychiatry (AACAP) à l’auteur de meilleur article scientifique publié dans la revue Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry.
Le Dr Milin dirige la division santé mentale et addictions du Département de psychiatrie de l’Université d’Ottawa. Il a été choisi pour son article intitulé « Impact of a Mental Health Curriculum on Knowledge and Stigma Among High School Students: A Randomized Controlled Trial » (Essai clinique randomisé sur les effets d’un programme pédagogique de santé mentale sur les élèves de secondaire quant à la connaissance et à la stigmatisation autour des troubles mentaux), publié en mai 2016 dans la prestigieuse revue.
L’étude a porté sur plus de 500 élèves de secondaire à Ottawa. Elle visait à évaluer l’efficacité d’un programme pédagogique en milieu scolaire ayant pour objet la compréhension des maladies mentales et l’attitude face à celles-ci. Première étude d’envergure, elle a établi un lien positif entre la connaissance du sujet et la réduction de la stigmatisation entourant les troubles de santé mentale.
Par ailleurs, l’étude met en lumière le rôle important que joue l’intervention précoce dans le façonnement du comportement à l’égard des problèmes de santé mentale. Lorsqu’il a conçu son analyse, le Dr Milin a ciblé une tranche d’âge au cours de laquelle se forment les attitudes et les opinions.
« Les interventions sont efficaces à certaines périodes », explique le chercheur. « Nous étudions de quelles façons nous pouvons maximiser les ressources pendant ces périodes. »
Le programme a été enseigné par les professeurs ordinaires des élèves. « Nos résultats indiquent que la prévention peut être abordée à partir d’un niveau de base », poursuit le Dr Milin. « Il faut mener des études dans un milieu réel afin de pouvoir fournir les preuves de l’efficacité d’une intervention. C’est cela qui modifie l’attitude et le comportement. »
Il espère que les jeunes souffrant de troubles mentaux seront encouragés à se faire soigner assez tôt.
« La plupart des jeunes qui ont besoin de traitement pour des problèmes de santé mentale n’ont pas accès aux services nécessaires en temps opportun », souligne l’article.
Le Dr Milin précise qu’en modifiant les perceptions de la société quant aux troubles mentaux, on peut aider les personnes à se sentir plus à l’aise de demander de l’aide. En éliminant les attitudes négatives, on brise les obstacles qui empêchent les jeunes de demander de l’aide et d’accéder aux services dont ils ont besoin.
Sur l’importance d’une sensibilisation précoce aux symptômes et aux traitements des troubles mentaux, le Dr Milin avertit : « Plus on laisse le temps passer, plus la maladie se développe. » Son équipe travaille actuellement sur une étude de suivi visant à analyser l’attitude des élèves par rapport aux comportements tendant à rechercher de l’aide.
Les études faites avec des participants adultes n’ont pas toujours établi un rapport entre les connaissances et le changement d’attitude.
« Nous avons constaté que la sensibilisation des jeunes se profile comme solution prometteuse pour modifier le comportement à l’égard des troubles mentaux, » observe le Dr Milin.
Et de conclure : « Sensibiliser les jeunes, ce n’est pas prêcher aux convertis. »
Lire l’article primé du Dr Milin (en anglais).