L’activité de votre cerveau vous trahit-elle?

Faculté de médecine
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La Dre Annemarie Wolff a reçu une médaille d’or de la Gouverneure générale pour sa thèse de neuroscience sur la moralité.

Un texte de Jessica Sinclair
Rédactrice scientifique

La Dre Annemarie Wolff a reçu la médaille d’or de la Gouverneure générale pour ses résultats universitaires exceptionnels en médecine, en sciences de la santé et en études interdisciplinaires dans le cadre de sa thèse de doctorat en neuroscience intitulée Neural Mechanisms of Individuality – EEG studies in self and morality (Mécanismes neuronaux de l’individualité – études électroencéphalographiques sur le soi et la moralité). Dans le cadre de ses travaux de doctorat au sein du Département de médecine cellulaire et moléculaire de la Faculté de médecine, elle s’est intéressée aux marqueurs de l’activité cérébrale permettant de distinguer les unes des autres, les personnes en bonne santé en fonction de la façon dont ils perçoivent, ressentent et effectuent des tâches cognitives.

Supervisée par le Dr Georg Northoff, professeur en neuroscience à l’Université d’Ottawa qui possède une expertise particulière en neuroimagerie et en neuroéthique, la Dre Wolff a présenté aux participants une variante du dilemme du tramway, selon lequel ils doivent choisir entre laisser un tramway hors de contrôle tuer un certain nombre de personnes attachées à la voie sur laquelle il se trouve, ou plutôt de faire dévier le tramway sur une voie latérale et tuer un nombre différent d’autres personnes. La tâche a été conçue de façon à présenter des scénarios pour le moins troublants.

Après avoir exclu les différences non pertinentes dans l’activité cérébrale, les enregistrements électroencéphalographiques (EEG) de la Dre Wolff ont permis de relever les différences pertinentes parmi les participants qui ressentaient plus ou moins de détresse, ayant choisi une solution ou une autre, ou qui ont mis plus ou moins de temps à réagir.

Ces travaux pourraient être utiles à toute recherche ou tout processus de diagnostic qui nécessite des mesures objectives de phénomènes qui, auparavant, reposaient uniquement sur l’auto-évaluation. Certaines maladies peuvent nuire à la capacité d’un patient à exprimer, expliquer ou comprendre ses propres symptômes. L’enregistrement EEG est moins coûteux, plus facile et moins invasif qu’une IRM, et il ne nécessite pas d’interprétation de la part du patient.

La thèse de la Dre Wolff portait également sur l’étude de l’activité cérébrale spontanée. Cinquante participants âgés de 18 à 55 ans ont fixé un écran vierge alors qu’ils étaient branchés à un moniteur EEG. La Dre Wolff est ainsi parvenue à identifier des biomarqueurs dans l’activité cérébrale au repos qui correspondaient aux mesures d’autoréflexion rapportées par le patient.

« En examinant l’activité spontanée de votre cerveau, je pourrais dire si vous pensez davantage à vos actions et au passé, ou si vous êtes probablement moins préoccupé par votre façon d’agir », explique la Dre Wolff.

La Dre Wolff est titulaire d’un baccalauréat ès arts spécialisé en bioéthique de l’Université de Toronto, d’un baccalauréat ès arts spécialisé en sciences intégrées de l’Université Carleton et d’une maîtrise en neurosciences expérimentales et cliniques de l’Université de Ratisbonne. Ayant terminé son doctorat en janvier 2019, elle est maintenant chercheuse postdoctorale dans le laboratoire du Dr Northoff à l’Institut de recherche en santé mentale de l’Université d’Ottawa, où elle applique ses travaux d’EEG aux patients souffrant de troubles dépressifs majeurs et de schizophrénie.