Alors que le nombre de cas de COVID-19 diagnostiqués à Ottawa a continué à croître durant le mois d'avril, nous avons fait le point avec le Dr Lorne Wiesenfeld, vice-doyen aux Études médicales postdoctorales à la Faculté de médecine et médecin praticien en médecine d’urgence à L’Hôpital d’Ottawa. Ceci est notre deuxième entretien avec lui.
Lors de notre dernier entretien, vous aviez passé le premier weekend d’avril à travailler et nous voilà déjà au dernier weekend d’avril. Qu’est-ce qui a changé?
Nous avons observé une légère augmentation de l’achalandage à l’urgence, pas nécessairement en raison de la COVID-19, mais pour d’autres problèmes de santé qui requièrent des soins médicaux. Nous sommes donc un peu plus occupés, sans pour autant être dépassés; l’urgence demeure plus tranquille qu’à l’habitude.
Lors de notre dernier entretien, vous aviez mentionné que c’était le calme avant la tempête. Selon vous, est-ce que la tempête est à l’horizon, ou est-ce que nous avons en quelque sorte réussi à passer sous le radar et à éviter cette tempête?
Oh là là, c’est une question difficile. Je crois que nous nous en tirons bien grâce à de bons conseils, et à la collaboration de chacun qu’il s’agisse de l’équipe de gestion, des dirigeants provinciaux et municipaux, ou des citoyens d’Ottawa. Je crains toujours la tempête, surtout si chacun décide soudainement de reprendre les activités pratiquées en janvier et février. Je m’inquiète, mais j’ose espérer que nous pourrions éviter le pire de la tempête.
Les bulletins de nouvelles font état d’éclosions dans les résidences pour personnes âgées d’Ottawa. Comment procède-t-on pour affecter les professionnels de la santé qui aident à gérer la situation?
À L’Hôpital d’Ottawa, des discussions sont en cours pour que des équipes de soutien puissent se rendre dans des résidences pour personnes âgées pour aider. Pour le moment, conformément aux règlements provinciaux, tout résident d’un établissement de soins de longue durée qui se rend à l’hôpital et y est admis pendant la pandémie ne peut retourner à cet établissement après son hospitalisation. Si des équipes pouvaient se rendre dans les établissements de soins de longue durée pour offrir du soutien aux résidents, cela pourrait éviter certaines hospitalisations.
D’autres discussions sont également en cours pour que des équipes de résidents et de stagiaires postdoctoraux puissent se rendre dans ces établissements de soins de longue durée afin d’évaluer l’aide nécessaire. Tout en dispensant des soins aux personnes, nos stagiaires auraient l’occasion d’acquérir l’expérience nécessaire pour devenir de meilleurs médecins.
Lorsque vous entendez les gens parler d’allègement des mesures de distanciation sociale, à quoi pensez-vous?
Bien, cela devra se faire à un certain moment. Nous ne pouvons demeurer en confinement pour toujours, évidemment, mais quel est le moment propice au relâchement des mesures? J’imagine que ce n’est qu’avec le recul que nous pourrons savoir si le moment choisi était optimal ou non.
Lorsque je suis sorti pour ma marche après mon quart de travail samedi après-midi, on aurait cru qu’il s’agissait d’une journée printanière habituelle; les gens étant malheureusement un peu moins soucieux de la distanciation sociale. Je crois qu’en raison de la belle température, les gens ont mis leurs soucis de côté pendant quelques heures et oublié que nous sommes en pleine pandémie.
Beaucoup de gens sont vigilants, mais c’est très difficile, notamment pour les gens qui ne font pas partie du personnel de première ligne en soins de santé. J’espère seulement que peu importe ce que nous faisons, nous le ferons avec prudence et de façon progressive. On ne peut penser qu’il soit possible de tout rouvrir d’un seul coup et que la vie reprenne son cours normal.
Autres réflexions ou préoccupations?
Nous parlons en ce moment d’une première et d’une deuxième vague de la COVID-19. Mais il y a aussi une autre vague : celle de toutes ces personnes qui étaient en attente de soins, et qui ne se sont pas rendues, ou n’ont pu se rendre à l’hôpital. Toutes les interventions chirurgicales et les rendez-vous médicaux qui ont été reportées. L’état de ces personnes et leurs symptômes progressent à mesure que le temps passe, et elles auront besoin de soins. Il y aura des retards importants; nous accusons un retard de plus d’un mois déjà en raison de cette situation. Cela dit, je ne crois pas que rien n’aurait pu être fait pour faire éviter ces délais.
Lisez notre premier entretien avec le Dr Wiesenfeld.
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