Un médecin sollicité par les médias dans la lutte contre la COVID-19

Faculté de médecine
Photo du D. Hugues Loemba
Le Dr Hugues Loemba explique sa célébrité médiatique et pourquoi le partage de l’expertise est essentiel pour freiner la désinformation sur la pandémie.

Par Michelle Read
Rédactrice

Depuis mars dernier, le téléphone du Dr Hugues Loemba sonne sans arrêt et il est rare qu’il ne prenne pas l’appel.

« Nous devons trouver le moyen de nous rendre disponibles lorsqu’on nous demande de partager notre opinion scientifique au sujet de la pandémie de COVID-19, sans quoi nous serons dépassés par des interprétations des faits et des théories du complot », explique-t-il.

Malgré une vie bien remplie d’activités cliniques, de projets de recherche et de responsabilités pédagogiques, le Dr Loemba est devenu une voix importante dans le vacarme médiatique entourant la pandémie. En fait, c’est précisément cette carrière diversifiée qui l’a préparé à parler de l’aspect scientifique du nouveau coronavirus.

Attaquer la COVID-19 par tous les moyens

Le Dr Loemba a terminé ses études en médecine au premier rang de sa promotion en 1986 avec un diplôme combiné en médecine et épidémiologie de la Kiev Medical University, en Ukraine. Après avoir ciblé son travail clinique sur la pandémie du V.I.H. au Congo, en Afrique, il s’est installé au Canada en 1993 pour entreprendre une maîtrise en virologie et immunologie au Centre Armand-Frappier de l’INRS à Laval, au Québec, un établissement reconnu mondialement pour ses études sur les virus et la fabrication de vaccins.

« J’ai étudié le virus responsable du syndrome dysgénésique et respiratoire du porc (SDPR), un virus de la même famille que le coronavirus. Mon travail a permis de produire un vaccin contre ce virus », dit-il. « Ils ont la même structure, la même organisation génomique et la même stratégie de réplication, alors je savais déjà de quoi il s’agissait lorsque le nouveau coronavirus de la COVID-19 a fait son apparition. »

Après l’obtention d’un autre diplôme en virologie du AIDS Center de l’Université McGill(cette fois-ci d’un Ph. D. en médecine expérimentale axée sur les variants du V.I.H., principalement la résistance aux médicaments et la diversité génétique du sous-type C du V.I.H.-1), le Dr Loemba est arrivé à l’Université d’Ottawa. Aujourd’hui clinicien-chercheur, médecine de famille, virologue, et professeur agrégé au Département de médecine familiale, il est souvent sollicité par les médias en raison de ses qualifications uniques lui permettant de parler de l’aspect scientifique de la pandémie.

« Les virologues comme moi pouvons parler de la science fondamentale à la base de la COVID-19 », mentionne le Dr Loemba, qui, à titre de clinicien scientifique et virologue, est affilié à l’Hôpital Montfort et aux Services de santé de l’Université d’Ottawa. « Mais comme je suis également médecin, je peux discuter des résultats cliniques de la maladie et la comprendre sous tous ses angles ».

Intensifier les efforts pour contrer la désinformation

La pandémie se produit à une période où les médias sociaux abondent en théories du complot, soulève le Dr Loemba; tout est mis en place pour que les personnes se méfient de l’information scientifique.

« Nous observons une érosion de la confiance envers la science, une montée du populisme dans plusieurs pays, et une promotion globale de faits alternatifs », ajoute-t-il.

« Je dois avouer, nous devons en faire davantage », prévient-il. « À titre de professionnels, nous avons plusieurs engagements, mais j’essaie, dans la mesure du possible, d’être disponible pour les médias afin de vulgariser des renseignements médicaux complexes de sorte que le public puisse comprendre et faire des choix éclairés ».

Le vaccin est un outil puissant qui nous permettra de retrouver un mode de vie normal, mentionne-t-il, expliquant que la science est essentielle lorsqu’il s’agit de s’assurer que chacun joue son rôle dans la lutte contre cette maladie. « Si nous parvenons à vacciner 70 % de la population, le virus aura de la difficulté à se propager ».

Regardez un webinaire qui a eu lieu plus tôt ce mois-ci, dans lequel le Dr Loemba démystifie les différents vaccins contre la COVID-19 et répond à vos questions.

Mettre à l’œuvre la recherche

Les travaux de recherche du Dr Loemba comprennent l’exploration de nouvelles méthodes de diagnostic de la COVID-19, ainsi que la recherche de nouveaux traitements antiviraux contre la COVID-19.

« Nous avons des vaccins, mais nous n’avons toujours pas de remède », ajoute-t-il. « Comme aucun médicament contre le virus n’a été accepté par la communauté scientifique, il y a encore beaucoup de travail à faire. »

Le Dr Loemba participe à la recherche en santé publique concernant la COVID-19 en Ontario, dont l’objectif est de renforcer les capacités des fournisseurs en matière de pratiques exemplaires dans les communautés de couleur. Il travaille également à l’étranger avec l’équipe de son laboratoire au Congo, mis sur pied en collaboration avec la Fondation Marie Madeleine Gombes, une organisation humanitaire locale.

« Ce laboratoire de pointe est alimenté par des panneaux solaires, et est doté d’une salle de pression négative (biosécurité 3) pour permettre la manipulation sécuritaire du matériel biologique infectieux sur des échantillons diagnostiques comme le V.I.H. ou la COVID-19 », mentionne-t-il. « Le laboratoire, qui a initialement vu le jour pour effectuer de la recherche en pleine pandémie du V.I.H., est un lieu qui permet aux scientifiques canadiens et aux chercheurs africains de mener des projets de recherche clinique concertés sur la COVID-19. »

Voie à suivre

Plusieurs questions subsistent au sujet du nouveau coronavirus et de ses implications, mentionne le Dr Loemba, notamment la transmission optimale du virus, la durée de la réponse immunitaire produite par les vaccins et la nécessité de médicaments antiviraux pour traiter les patients infectés.

La fonction de plusieurs gènes du virus, par conséquent les propriétés biologiques du virus, est également mal comprise, ce qui rend difficile de bien comprendre le fonctionnement du virus ainsi que ses implications. « Le portrait clinique continue de varier d’un patient à l’autre », rapporte le Dr Loemba.

Contribuant au mystère est l’arrivée des variants de la maladie qui, selon le Dr Loemba, seraient plus facilement transmissibles. Avec ce genre de cas en hausse et les nombreux aspects inconnus qui demeurent, il partage des conseils pour pouvoir aller de l’avant.

« Si nous ne mettons pas les bouchées doubles, ces nouvelles souches deviendront les plus courantes d’ici quelques mois », ajoute-t-il. « Nous devons augmenter le dépistage de ces nouveaux variants et intensifier notre recherche des contacts. Puis, bien sûr, nous devrions continuer de respecter les mesures de santé publique en matière de distanciation, de port du masque et de lavage des mains ».

À une période où la COVID-19 est le mont Everest des défis actuels en matière de santé, le Dr Loemba est le guide parfait pour nous accompagner dans notre parcours.

Et même une fois le sommet atteint, il répondra sûrement encore aux appels.

 

Photo principale : Le Dr Loemba (2e depuis la gauche) travaille dans son laboratoire au Congo, où lui et son équipe participent à des projets de recherche clinique concertés avec des scientifiques canadiens et des chercheurs africains sur la COVID-19. Rick Galli (2e depuis la droite), un chercheur canadien sur le VIH, est l’ancien technicien en chef de BioLytical Laboratories Inc, une société biotechnique établie à Vancouver et un fabricant de tests rapides du VIH.

Photos : Dr Hugues Loemba

Photo du Dr Hugues Loemba

 

Deux chercheurs portant des combinaisons de protection travaillent dans un laboratoire.