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Faculté de médecine
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Un mur à l'extérieur de l'hôpital général de Qikiqtani représentant une peinture murale et le nom de l'hôpital
Les médecins d’Ottawa offrent leur soutien aux collègues anesthésistes en médecine familiale au Nunavut, dans le but de permettre aux patients de recevoir des soins médicaux dans la communauté—un partenariat qui permet de limiter les coûts, réduire les barrières culturelles et linguistiques, ainsi que le stress des familles.

Par Michelle Read
Rédactrice

Imaginez que vous deviez vous rendre dans le sud du Mexique pour une intervention chirurgicale, représentez-vous l’anxiété préopératoire aggravée par les barrières linguistiques, les différences culturelles, l’absence de proches et les heures passées dans un avion.

Des scénarios similaires se produisent souvent pour les patients vivant dans les régions rurales et éloignées du Canada, qui doivent parcourir de longues distances pour se rendre dans des centres tertiaires comme L’Hôpital d’Ottawa pour des interventions vitales et des soins spécialisés.

« Les difficultés pour les patients et leurs familles peuvent être atténuées », déclare le Dr Jason McVicar, professeur adjoint au Département d’anesthésie et de médecine de la douleur et directeur du Programme de santé mondiale de la Faculté de médecine. « Offrir des soins sur le territoire lorsque c’est possible, dit-il, permet de contrôler les coûts, de réduire les barrières culturelles et linguistiques, de même que le stress des familles. »

Maintenir les soins dans les communautés

Pendant quatre ans, le Programme de santé mondiale a aidé l’équipe médicale d’Iqaluit, au Nunavut, à garder les patients dans la communauté pour recevoir des soins médicaux en améliorant les processus de soins périopératoires sur le territoire. Entre autres, les médecins d’Ottawa ont fourni un soutien à la formation continue et au développement professionnel des collègues anesthésistes en médecine familiale à l’Hôpital général Qikiqtani.

« Il est parfois plus pratique que ce soit le professionnel, plutôt que le patient, qui se déplace dans une autre communauté », explique le Dr McVicar, anesthésiste à L'Hôpital d'Ottawa. « Non seulement c’est moins coûteux pour le patient, mais cela permet de partager les compétences et d’élargir le répertoire médical des médecins ».

Les médecins d’Ottawa se rendent parfois dans des communautés éloignées pour soutenir les procédures médicales et les soins aux patients. Pendant leur séjour, il leur arrive également de faire des présentations qui contribuent au développement professionnel des médecins locaux. Inversement, les médecins de la région peuvent venir travailler à Ottawa pour bénéficier de possibilités d’apprentissage tout en prodiguant des soins cliniques.

« Ils peuvent apprendre des choses que nous faisons au quotidien et qu’ils ne font peut-être qu’à l’occasion », explique le Dr McVicar.

À l’Hôpital Qikiqtani, trois médecins de famille anesthésistes, chacun disposant de nombreuses compétences, fournissent plusieurs services médicaux. Les médecins d’Ottawa les aident dans la prestation de soins aux patients, selon les besoins, et les font bénéficier d’une formation continue.

« Lorsque les soins se font sur le territoire, les médecins locaux sont là et connaissent les nuances et les besoins de leurs patients, et sont davantage en mesure de fournir des soins culturellement adaptés », explique le Dr McVicar.

Perfectionner les compétences grâce à de solides relations

La Dre Chelsey Sheffield est la chef du service d’anesthésie au Nunavut. Elle pratique l’anesthésie à l’Hôpital général Qikiqtani, ainsi que l’obstétrique, la médecine familiale et la médecine d’urgence. La Dre Sheffield a profité de l’occasion pour se rendre à L’Hôpital d’Ottawa afin de rafraîchir ses compétences pour certaines procédures qu’elle doit connaître, mais qu’elle n’a pas souvent l’occasion de pratiquer au Nunavut, comme les épidurales et les intubations éveillées.

« Nous nous considérons très chanceux d’avoir une relation aussi étroite avec le service d’anesthésie de L’Hôpital d’Ottawa », déclare la Dre Sheffield. « Ils nous ont fourni de l’information et du soutien pour tout ce qui concerne les présentations virtuelles des séances scientifiques, la couverture des suppléants, les questions cliniques, la formation et la recherche continues, les politiques en milieu hospitalier et la réponse à la COVID-19. »

Ce partenariat permet de faire le pont entre les connaissances des spécialistes de L’Hôpital d’Ottawa et celles des médecins de Qikiqtani, où la plupart sont des généralistes.

« Le soutien continu que le Dr McVicar et son équipe m’ont apporté a eu une incidence durable sur ma pratique personnelle, ainsi que sur celle de notre groupe d’anesthésie », a déclaré la Dre Sheffield.

Partager le soutien avec les médecins et d’autres professionnels

Lorsqu’un médecin introduit une nouvelle procédure dans son hôpital, il est essentiel que les infirmières bénéficient du soutien adéquat pour s’assurer que les patients reçoivent des soins optimaux tout au long de leur séjour à l’hôpital. Le Dr McVicar explique que son équipe communique avec les infirmières enseignantes des hôpitaux partenaires pour leur faire part des politiques dans des domaines tels que la douleur aiguë.

« Une équipe choisira probablement de faire une procédure pour laquelle l’expertise est ancrée dans la culture », dit-il. « Vous pourriez techniquement faire l’opération sur le territoire, mais vous devez également assurer le niveau de soutien infirmier pendant la phase de rétablissement. »

Dans le cadre du Programme de santé mondiale, le Dr McVicar mène une recherche sur les résultats des soins périopératoires chez les Autochtones. La littérature actuelle est insuffisante, dit-il, mais il communique avec des organisations comme Nunavut Tunngavik Incorporated pour définir les questions de recherche nécessaires.

« Les dirigeants inuits ont de nombreuses priorités à traiter avec leurs ressources », dit-il, expliquant que son équipe examine comment les différences d’accès à la chirurgie affectent les patients autochtones en termes de mortalité, de durée de séjour et de complications.

Le Dr McVicar insiste sur le fait que nous devons nous rappeler à quel point Ottawa peut être un environnement étranger pour les Canadiens du Nord, alors que nous tentons d’offrir les meilleurs soins aux patients.

« Il est important que des centres universitaires soient disponibles pour soutenir les collègues des autres communautés, quelle que soit leur distance, afin que tous les Canadiens aient accès aux meilleurs soins possible. »

 

Photo principale : Hôpital général Qikiqtani à Iqaluit, au Nunavut. Crédit : Thomas Rohner/Nunatsiaq News
Crédits photo restants : Dr Jason McVicar

Une photo d'Iqaluit, au Nunavut, par une journée ensoleillée
Une photo de l'hôpital général de Qikiqtani de nuit
À l'intérieur d'un bloc opératoire de l'hôpital général de Qikiqtani.
Art de rue à l'extérieur de l'hôpital général Qikiqtani à Iqaluit, Nunavut.
Dr Colin McCartney et Dr Jason McVicar admirant le paysage du Nunavut.