Une nouvelle recherche sexospécifique sur l’Alzheimer pourrait contribuer à orienter d’éventuels essais cliniques de médicaments

Faculté de médecine
cerveau humain
Un nouveau médicament qui s’avère efficace pour lutter contre l’amnésie et les dépôts toxiques dans le cerveau de souris femelles augmente la possibilité de traitements sexospécifiques.

Par David McFadden
Rédacteur scientifique

Un projet de recherche novateur réalisé à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa pourrait servir de balise pour orienter d’éventuels essais cliniques de médicaments visant à renverser les déficits de mémoire et ralentir l’apparition de symptômes de la maladie d’Alzheimer, un trouble neurologique dévastateur qui est la forme la plus courante de démence à travers le monde.

Les résultats du laboratoire du Dr Stephen Ferguson, publiés en ligne cette semaine dans la revue British Journal of Pharmacology, démontrent la façon dont un nouveau médicament présentant des effets secondaires minimes est efficace pour lutter contre l’amnésie et réduire la production de dépôts toxiques dans le cerveau de modèle de souris femelles atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces dépôts se retrouvent aussi dans le cerveau humain et sont considérés comme des marqueurs pathologiques de la maladie d’Alzheimer.

C’est le premier article à faire valoir le potentiel thérapeutique de l’activation du récepteur muscarinique M1, qui a déjà fait l’objet de bien des recherches, dans le cerveau de souris femelles atteintes de la maladie d’Alzheimer grâce à une approche très ciblée. Cela est susceptible d’avoir un réel impact puisque la maladie d’Alzheimer touche les femmes de manière disproportionnée, celles-ci constituant environ deux tiers des cas diagnostiqués.

« Nous avons découvert que l’activation de ce récepteur s’avérait très efficace pour renverser les déficits de mémoire chez les souris femelles ainsi que pour ralentir la progression de la maladie, » mentionne le Dr Khaled Abdelrahman, associé de recherche, qui a dirigé l’étude avec le Dr Ferguson. Les deux chercheurs travaillent au Département de médecine cellulaire et moléculaire de la Faculté de médecine et à l’Institut de recherche sur le cerveau de l’Université d’Ottawa.

Ces résultats pourraient contribuer à un cadre évolutif sur la façon de traiter les personnes atteintes d’Alzheimer, qui se manifeste d’abord par des pertes de mémoire légères et peut mener à une incapacité déchirante de se souvenir de ses proches ou même de soutenir une conversation de base.

La prévalence de la maladie atroce ne fait que s’amplifier avec le vieillissement de la population mondiale. Dans le monde, plus de 55 millions de personnes sont atteintes de démence, et la maladie d’Alzheimer pourrait contribuer à 70 pour cent des cas, selon l’Organisation mondiale de la Santé.

Les récents résultats des chercheurs de l’Université d’Ottawa font suite à leur percée de l’année dernière qui démontrait qu’un traitement sexospécifique contre la maladie d’Alzheimer pourrait avantager les hommes, offrent un aperçu de l’efficacité des traitements ciblés. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont utilisé le tissu cérébral provenant de donneurs et de donneuses d’organes pour corroborer leurs résultats.

Le Dr Ferguson a d’abord été surpris que les résultats mettent en évidence des différences fondamentales sur la façon dont un traitement particulier interagit avec les récepteurs dans le cerveau des hommes et des femmes. Il ajoute que les derniers travaux réalisés avec des souris femelles donnent peut-être plus de crédibilité à l’éventualité que des traitements sexospécifiques puissent être utilisés pour traiter la maladie d’Alzheimer.

L’un des aspects les plus effrayants de la maladie d’Alzheimer, selon le Dr Abdelrahman, est la rareté de traitements efficaces. Les traitements actuellement disponibles traitent uniquement les symptômes. Il y a récemment eu des changements prometteurs sur le plan thérapeutique pour le traitement de la maladie d’Alzheimer après des décennies de frustration, et le Dr Abdelrahman a bon espoir que les contributions de sa recherche pourront un jour permettre de ralentir la progression de ce fléau.

« Selon moi, plusieurs autres médicaments pourront ralentir la progression de la maladie dans les prochaines années, » ajoute-t-il. « Et selon moi, le médicament que nous avons mis à l’essai dans le cadre de cette étude est un médicament qui sera très prometteur dans l’avenir. »


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Dr Khaled Abdelrahman dans le laboratoire