Un panel entièrement féminin se penche sur les défis auxquels doivent faire face les femmes et les minorités dans le domaine des sciences

Faculté de médecine
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Dre Mona Nemer, Larissa Shamseer, Dre Marie-Hélène Roy-Gagnon et Dre Kristin Baetz assis à une table.
« Nous sommes coincées dans un cercle vicieux et devons en sortir. Les personnes en position d’autorité doivent être à l’écoute. »

Un panel de discussion formé de quatre chercheuses de la Faculté de médecine ont pris la parole au pavillon Roger-Guindon mercredi dernier afin de discuter des défis auxquels doivent faire face les femmes et les minorités dans le domaine des sciences et du milieu universitaire.

Les expertes ont été invitées à partager leurs observations personnelles, et chacune a cité les défis qu’elle a dû relever et les connaissances acquises. Elles ont également discuté de ce qu’elles perçoivent comme facteur contribuant à l’iniquité dans les sciences, et ont offert leurs suggestions pour faire avancer le débat. Vous trouverez ci-après quelques faits saillants de cette discussion.

Dre Mona Nemer1 a commencé sa présentation en faisant référence à des études montrant l’importance de la participation des femmes dans le domaine des sciences : « toutefois, le faible taux de participation des femmes et des groupes sous-représentés est toujours le même. » Elle a expliqué que cela est attribuable aux paramètres d’évaluation actuels qui ne tiennent pas compte des expériences diversifiées de nombreuses personnes talentueuses. Les femmes et autres groupes sous-représentés ont souvent un cheminement de carrière non linéaire; alors plutôt que d’évaluer la pertinence du leadership en fonction d’une trajectoire traditionnelle et des postes antérieurs occupés par une personne, mentionne-t-elle, les recruteurs devraient plutôt tenir compte des réalisations de la personne. Pour leur part, les candidates devraient faire davantage d’efforts pour faire valoir en quoi les réalisations diffèrent selon les cultures et les genres; et elle a aussi préconisé un « niveau sain de vantardise. »

La Dre Nemer a également partagé avec l'auditoire qu'en tant que jeune scientifique, elle pensait qu’avoir une famille et une carrière était mutuellement exclusif jusqu'à ce qu'elle rencontre un modèle féminin qui avait les deux, soulignant ainsi l'importance des modèles et du mentorat.

Dre Marie-Hélène Roy-Gagnon2 a aussi insisté sur l’importance des modèles de rôle et du mentorat. Elle a mentionné qu’une absence de modèles de rôle peut être un obstacle pour les carrières, et qu’un manque d’exposition aux carrières scientifiques l’avait initialement dissuadé à poursuivre une carrière dans ce domaine. Comme solution possible, Dre Roy-Gagnon a proposé la mise sur pied de « systèmes qui récompensent et appuient le mentorat. » Elle a également discuté de l’importance de soutenir, plutôt que de faire preuve de discrimination à l’égard des femmes qui ont des obligations familiales. En dernier lieu, elle a souligné l’importance de faire du milieu universitaire un endroit sécuritaire pour tous, sans égard à l’orientation sexuelle, en favorisant la sensibilisation et la visibilité.

Larissa Shamseer3 a souligné l’importance de l’autoreprésentation, notamment chez les jeunes femmes qui ont de la difficulté à s’affirmer. Elle avait parfois le sentiment de ne pas être appréciée ou traitée comme elle aurait dû l'être, mais a rapidement ressenti la nécessité de s’exprimer. Elle a fait valoir l’importance, pour les mentors, d’encourager les apprenties et de proposer leur candidature pour les occasions qui se présentent; cela permet aux apprenties de développer une confiance en leurs compétences scientifiques, leur donne le courage de présenter leurs idées à leurs supérieurs, et les aide à surmonter les sentiments d’inadéquation. Sa propre mentore l’a encouragée à maintes reprises à prendre en main des situations particulières—avec des résultats concluants.

Dre Kristin Baetz4 a fait valoir l’importance du réseautage pour l’avancement professionnel. Le centre d’intérêt de Baetz, toutefois, a été ce qu’elle surnomme le parti pris systématique lorsqu’il s’agit d’évaluer l’excellence chez les hommes par rapport aux femmes. Elle a décrit comment elle encourage les personnes qui occupent des postes décisionnels à vraiment analyser les CV des gens et à rechercher l’excellence chez les femmes. Cette analyse plus approfondie mène parfois au choix d’un candidat différent que le choix initial. « J’ai réalisé qu’il y a beaucoup à corriger, » a déclaré Baetz. « J’ai donc choisi de m’y investir pleinement puisque de telles choses ne devraient pas se produire. »

Passer aux questions de l’auditoire a été l’élément déclencheur d’une discussion animée, allant de suggestions pour connaître le succès en tant que Canadienne de première génération; devenir une voix percutante parmi des milliers de voix; les progrès réalisés afin de rendre les carrières dans le domaine des sciences plus accessibles; et de nombreux conseils du groupe d’expertes.

Tous s’entendent pour dire que l’activité fut un exercice pratique pour le partage d’idées, et espèrent que la discussion se poursuive après l’activité.

« Nous sommes dans un cercle vicieux et devons en sortir. Il n’y a pas qu’une seule façon d’y parvenir; toutes doivent s’impliquer, et faire pression, » a déclaré Dre Nemer. « Les personnes en position d’autorité doivent être à l’écoute. Il s’agit d’un effort collectif. »

Cette discussion entre expertes a été organisée par l’Association des étudiants diplômés en Biochimie, Microbiologie et Immunologie et le Bureau de sensibilisation aux questions d’équité, de diversité et de genre. Sa directrice, Dre Catherine Tsilfidis, professeure agrégée aux Départements d’ophtalmologie et de médecine cellulaire et moléculaire, a à cœur la promotion de l’avancement des femmes dans le domaine des sciences. Le Bureau aide actuellement à mettre sur pied un programme de mentorat à l’intention des boursières de recherches postdoctorales en sciences fondamentales, et a récemment mis sur pied un programme de mentorat LGBTQ à l’intention des stagiaires au sein de la Faculté de médecine.

Participantes du groupe d’expertes:


1Dre Mona Nemer, Département de biochimie, Microbiologie et Immunologie, conseillère scientifique en chef du Canada

2Dre Marie-Hélène Roy-Gagnon, École d’épidémiologie et de santé publique

3Larissa Shamseer, candidate au doctorat, École d’épidémiologie et de santé publique; Faculté de pharmacie (Université de Maryland, Baltimore)

4Dre Kristin Baetz, Directrice de l’Institut de la biologie des systèmes, Département de Biochimie, Microbiologie et Immunologie

Crédit photo principale : Reuben Moyler

Dre Mona Nemer, Larissa Shamseer, Dre Marie-Hélène Roy-Gagnon et Dre Kristin Baetz assis à une table.