Par Michelle Read
Rédactrice
La Faculté de médecine a conclu une nouvelle entente de partenariat pour lutter contre la sous-représentation des professionnels de la santé inuits au Nunavut.
Dans son rapport annuel sur les niveaux d’emploi des Inuits (disponible en anglais), le gouvernement du Nunavut a dévoilé le pourcentage relativement faible de représentation inuite dans les soins de santé (11 % de la main-d’œuvre au niveau professionnel) au sein du ministère de la Santé du Nunavut.
Conformément à une récente entente conclue entre le gouvernement du Nunavut, la Nunavut Tunngavik Inc. (NTI) et la Faculté de médecine, il a été décidé que cette dernière réservera au moins deux places dans le programme M.D. de la Faculté aux étudiants inuits du Nunavut et les étudiants nunavummiut. Les frais de scolarité seront couverts par le gouvernement du Nunavut.
Les places ainsi réservées illustrent l’engagement pris par la Faculté de médecine de répondre aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation en comblant les écarts de traitement de longue date dont souffrent les effectifs médicaux inuits, et en améliorant ultimement l’accès à la prestation de soins adaptés à la culture dans le territoire du Nunavut.
Le Dr François De Wet, médecin-chef territorial, a reconnu la nécessité pour les patients inuits de recevoir des services de médecins inuits et de recevoir des soins dans leur propre communauté.
« C’est très traumatisant de devoir se rendre dans une autre ville, et de se retrouver en présence d’étrangers pour recevoir des soins médicaux, » a déclaré le Dr De Wet dans un récent communiqué.
Aluki Kotierk, présidente de la NTI, a tenu des propos similaires.
« Au cours des prochaines années, nous aimerions que plusieurs cohortes d’Inuits du Nunavut débutent une formation afin de devenir médecin », indique Aluki Kotierk dans le communiqué. « La formation et l’embauche de professionnels de la santé inuits sont essentielles pour que soient dispensés des soins de santé en langue inuite accessibles, sécuritaires, et de haute qualité au Nunavut. »
L’accès limité aux soins de santé entraîne des défis en matière de santé chez les Inuits du Nunavut.
Une recherche menée par le Dr Jason McVicar révèle que, par rapport à la population générale, les Inuits du Nunavut étaient 25 % plus susceptibles de présenter des complications graves à la suite d’une chirurgie. Le Dr McVicar est professeur agrégé au Département d’anesthésiologie et de médecine de la douleur et un anesthésiologiste d’origine Métis à L’Hôpital d’Ottawa.
La Dre Claire Kendall est la doyenne associée, Responsabilité sociale à la Faculté. Elle souligne que le partenariat ne se limite pas à la réservation de places pour les apprenants inuits.
« Il s’agit également d’éliminer les obstacles persistants et systémiques dans le système d’éducation qui ont eu des répercussions sur l’admissibilité de candidats inuits potentiels dans les programmes de médecine », ajoute-t-elle au sujet du partenariat, le premier en son genre au Canada.
Le partenariat comprend également un programme de perfectionnement en collaboration avec le Programme autochtone, explique la Dre Geneviève Lemay, doyenne adjointe, Admissions, Faculté de médecine.
« Le programme fonctionne de façon proactive en accompagnant les étudiants inuits dès le début de leur parcours afin de satisfaire aux critères d’admissibilité, notamment en ce qui a trait aux exigences scolaires, telles que les prérequis, ainsi qu’à offrir du soutien tout au long du processus de candidature », précise la Dre Lemay.
Bon nombre de ces ressources seront offertes dans le cadre des activités du Programme autochtone de la Faculté.
La Dre Darlene Kitty, directrice du Programme autochtone, reconnaît le besoin urgent de former des médecins inuits.
« Le besoin de former des médecins autochtones qui puissent servir les patients de leurs propres communautés est urgent, c’est-à-dire des médecins au courant des réalités et des défis de ces populations, et de leurs atouts culturels », a récemment indiqué cette dernière au journal The Ottawa Citizen. « Lorsqu’un patient est vu par un médecin autochtone, un lien de ce type existe déjà. »
Les représentants du Programme autochtone figurent parmi les nombreux intervenants qui siègent au sein d’un comité directeur établissant un camp de carrières en santé pour les jeunes du Nunavut. Ce mois-ci, des représentants du Programme autochtone se sont rendus au camp à Iqaluit pour animer un atelier à l’intention des jeunes inuits intéressés à poursuivre une carrière en santé, en animant un atelier sur la suture et en donnant des cours d’anatomie.
Les étudiants, en plus d’avoir eu la chance de connaître les possibilités de carrières en santé, de mettre en pratique des compétences cliniques telles que les sutures et les piqûres d’une aiguille intraveineuse, et de rencontrer des modèles de rôle en soins de santé du Nunavut, ont été invités à constituer un dossier de planification de carrière, en prenant en note les cursus à suivre pour entreprendre les carrières de leur choix.
« Nous sommes heureux de pouvoir fournir des fonds et d’autres formes de soutien aux inuits du Nunavut afin que ceux-ci puissent acquérir les compétences et les qualifications par l’entremise du Programme Quvvariarniq de Nunavut Tunngavik Inc. (NTI) et de la Makigiaqta Inuit Training Corporation, et du Programme d’éducation postsecondaire national inuit », souligne Kilikvak Kabloona, directrice générale de NTI. « Les partenaires travailleront ensemble pour soutenir les étudiants en médecine dans leurs parcours pour devenir médecin. »
La Faculté mettra à profit son engagement pour travailler en collaboration avec un vaste réseau de groupes communautaires locaux.
« Nous prévoyons de collaborer avec la forte communauté inuite d’Ottawa pour créer une communauté de soutien adéquate », affirme la Dre Kendall.
La Faculté est fière de faire partie du partenariat, et prévoit accueillir les premiers apprenants inuits à l’automne 2023.
« La responsabilité sociale figure parmi les priorités établies dans le plan stratégique de cinq ans de la Faculté », rappelle la Dre Kendall.
« Ce partenariat illustre notre ferme engagement visant à combler l’écart dans les soins médicaux pour les patients dans les communautés du Nord. »
Photo principale : Dans le cadre de la visite guidée de l’Hôpital général Qikiqtani à Iqaluit, le groupe de jeunes autochtones est photographié ici avec le personnel et les bénévoles. Zach Verret-Borsos (dernière rangée, à droite) et la coordonnatrice du Programme autochtone Tanya Lalonde (rangée du centre, 2e de la droite), de la Faculté de médecine, étaient à Iqualuit pour offrir des ateliers lors du Camp de carrières en santé en mai. « Jeter les bases tôt est un élément clé du Programme autochtone et nous espérons que grâce à nos partenariats, notre portée et notre approche de mentorat, nous pourrons inspirer les jeunes inuits à poursuivre une carrière en médecin », mentionne Tanya.
Crédits photos : Tanya Lalonde/NVision
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Le fonds destiné aux Initiatives en matière de Responsabilité sociale de la Faculté de médecine a été créé pour soutenir les activités qui favorisent la transformation réciproque de l’École de médecine et des communautés au service desquelles nous œuvrons par le biais d’un engagement communautaire et des parties prenantes significatif, renforcé par l’expérience apprenante et une mission professorale collaborative.
Parlons sciences : Faire participer les jeunes à l'éducation
La branche de Parlons sciences d'Ottawa, un programme national de sensibilisation primé qui encourage les jeunes à s'intéresser aux STIM, s'est fortement impliquée dans le camp des carrières dans le domaine de la santé au Nunavut. La directrice, Sue McKee, siège au comité directeur qui organise le camp. Par ailleurs, l'organisme a financé la venue d'une équipe chargée d'animer les activités du camp, dont fait partie le bénévole Zach Verret-Borsos, étudiant en deuxième année de médecine à la Faculté de médecine de l'Université d'Ottawa.