Prévenir l’obésité juvénile : 70 % nutrition et 30 % exercice? Ou est-ce une question d’éducation et d’accessibilité?

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Silvia Gonzalez, candidate au doctorat à l’Université d’Ottawa Faculté de médecine
Silvia Gonzalez, candidate au doctorat à l’Université d’Ottawa et lauréate d’une bourse ontarienne d’études Trillium, explore l’épidémie croissante d’obésité juvénile dans le monde et comment la prévenir.

Par Lysanne Desharnais and Anne Kim
Rédacteurs invités

Lysanne Desharnais and Anne Kim sont des étudiantes de quatrième année à la Faculté de médecine, inscrits au programme de baccalauréat ès sciences spécialisé en médecine moléculaire et translationnelle. Initialement, elles ont écrit cet article pour leur cours en communication scientifique dans le cadre d’une série dressant le profil de chercheurs de la Faculté de médecine. MedPoint publiera des profils tirés de cette série tout au long de l’année 2019.


Lorsque le devoir appelle, vous réagissez. Pour Silvia Gonzalez, étudiante étrangère, recevoir une bourse ontarienne d’études Trillium signifiait faire ses valises et quitter sa ville de Bogota en Colombie pour faire son doctorat à l’École d’épidémiologie et de santé publique (EESP) de l’Université d’Ottawa.

Bien qu’elle soit à Ottawa depuis peu, son engagement envers la recherche sur l’obésité juvénile demeure le même. Titulaire d’un baccalauréat en nutrition de l’Universidad Nacional de Colombie et d’une maîtrise en santé publique de l’Universidad de los Andes, elle réalise ses travaux de recherche doctorale au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO) au sein du Groupe de recherche sur les saines habitudes de vie et l’obésité (SHVO).

Son superviseur, le Dr Mark Tremblay, est directeur du Groupe de recherche SHVO et professeur à la Faculté de médecine. Au moment de leur première rencontre en 2015, Silvia cherchait à obtenir une dimension internationale de la santé pour son doctorat.

Inspirée par les travaux du Dr Tremblay ayant mené à la création de directives en matière d’activité physique pour les enfants et à une surveillance à l’échelle mondiale de leurs activités physiques, elle a immédiatement su qu’elle voulait faire partie de son équipe de recherche au Canada.

« Son équipe offre un environnement de travail stimulant et collaboratif, et les points de vue sont variés, » mentionne Silvia.

Ce n’est un secret pour personne que la prévalence de l’obésité est en croissance en Amérique du Nord, mais comment se comparent ces tendances à l’Amérique latine, d’où Silvia Gonzalez est originaire? Elle mentionne qu’en Colombie, les taux d’obésité ne sont pas aussi élevés, mais que les tendances observées sont préoccupantes.

Actuellement, dans les pays à revenu élevé comme le Canada, la prévalence de l’obésité est plus élevée chez les personnes dont le statut socioéconomique est plus faible. En Colombie, les tendances actuelles en matière d’obésité indiquent qu’elle est plus fréquente chez les personnes dont les conditions socioéconomiques sont plus élevées. Cependant, les statistiques démontrent que le pays vit une transformation à cet égard.

« Avec le temps, les gens les plus démunis seront plus susceptibles d’être obèses, » déclare Silvia. Elle explique aussi que dans un avenir rapproché, les taux d’obésité juvénile en Colombie seront similaires à ceux en Amérique du Nord.

La formule de mode de vie sain recommandée suggère que la santé repose à 70 % sur l’alimentation et à 30 % sur l’exercice. Bien que ces deux facteurs soient importants, Silvia fait valoir que la santé ne peut être chiffrée en pourcentages précis. En effet, il n’y a pas de cause unique à l’obésité.

« Plusieurs facteurs, y compris la génétique, les facteurs socioéconomiques et la désinformation peuvent être à l’origine de cette maladie, » explique-t-elle. « Nous devons tenir compte de ces éléments pour maintenir un équilibre sain. »

Pour ce qui est de son pays d’origine, Silvia Gonzalez croit qu’il faut prendre des mesures préventives immédiates afin de parvenir à une saine gestion du poids chez les enfants et s’attaquer au problème fondamental de la malnutrition en Colombie.

« Nous devons créer des milieux qui permettent aux gens de faire des choix plus sains, » ajoute-t-elle. « Pour ce faire, nous devons améliorer les systèmes d’étiquetage des aliments afin d’indiquer des valeurs nutritionnelles précises. Les gens ont le droit de savoir ce qu’ils mangent de sorte à pouvoir prendre des décisions réfléchies et éclairées au sujet de la consommation alimentaire. »

Bien qu’elle soit à des milliers de kilomètres de sa ville natale de Bogota, Silvia se sent très privilégiée de pouvoir poursuivre ses études à l’Université d’Ottawa.

« Je n’aurais pu choisir un meilleur endroit où poursuivre mes études, » dit-elle, impressionnée par les nombreux espaces verts qu’elle a découverts au centre-ville d’Ottawa et par ses citoyens accueillants. Poussée à changer les choses, elle souhaite un jour retourner en Colombie et travailler à l’élaboration de politiques en santé, de sorte à pouvoir améliorer et promouvoir la nutrition et l’activité physique en Amérique latine.

« Il faut se rappeler que pour parvenir à un mode de vie équilibré, on doit manger, faire de l’exercice, s’informer et profiter de la vie, » mentionne Silvia Gonzalez.


Le cours en communication scientifique a été élaboré et enseigné par Dre Kristin Baetz, directrice de l’Institut de la biologie des systèmes d’Ottawa et professeure au Département de biochimie, microbiologie et immunologie, afin de permettre aux étudiants de transmettre des sciences complexes à un public profane - une compétence essentielle lors de présentations, de demandes de subventions, de résumés d'articles de recherche et de communications générales dans le domaine des sciences biomédicales.

Silvia Gonzalez, candidate au doctorat à l’Université d’Ottawa Faculté de médecine