Dans son plan stratégique 2020-2025 – Chef de file en innovation pour un monde en santé, la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa a établi, entre autres objectifs, l’élargissement de l’offre de programmes bilingues, y compris la création du premier programme de doctorat de premier cycle en pharmacie en français dans une province autre que le Québec.
Projet cher au recteur de l’Université ainsi qu’au doyen de la Faculté de médecine, il émane de tentatives passées infructueuses de même que de divers et récents éléments anecdotiques qui laissent croire à un intérêt réel et à un besoin manifeste pour un tel programme.
C’est ainsi que les Affaires francophones de la Faculté de médecine, responsables de faire avancer ce projet sous la gouverne d’un comité pan-universitaire, ont procédé à des analyses à l’interne. Elles ont, de plus, mandaté une firme externe pour réaliser une analyse de besoins, permettant de mieux comprendre l’environnement et de documenter la nécessité d’un programme de pharmacie en français ainsi que l’intérêt de la part des jeunes à l’égard d’un tel programme à Ottawa.
Ces travaux ont permis de concevoir un argumentaire qui peut se résumer en cinq points :
- Les francophones en milieu minoritaire au pays, tel que le démontre la recherche, sont en moins bonne santé (perçue et effective) que la majorité anglophone. Bien que la langue ne soit pas considérée comme un déterminant de la santé, elle joue un rôle crucial en ce qui concerne l’accès aux services de santé, la qualité des soins et la sécurité du patient.
- Bien qu’au cours des vingt ou vingt-cinq dernières années beaucoup d’efforts aient été consacrés à la mise en place de programmes de formation destinés aux professionnels de la santé francophones partout au pays, la pharmacie n’a pas bénéficié de cet élan. Cela pourrait expliquer le fait qu’à l’extérieur du Québec, la proportion de pharmaciens étant en mesure de s’exprimer en français est largement sous-représentée comparativement aux autres professionnels de la santé.
- Le rôle du pharmacien a évolué au cours des dernières années de sorte qu’il comporte maintenant un plus grand éventail de soins de première ligne. Le patient se tourne donc maintenant vers le pharmacien pour recevoir des soins qui, par le passé, étaient prodigués par un médecin ou d’autres professionnels de la santé.
- En plus de l’évolution du champ de pratique du pharmacien, la demande pour de tels professionnels de la santé risque d’augmenter au cours des prochaines années étant donné la croissance démographique, le vieillissement de la population, la complexification de l’état de santé, la mise au point de nouveaux médicaments et la hausse de la quantité de médicaments prescrits.
- Les éléments ci-haut énumérés, les données existantes consultées de même que celles recueillies précisément dans le cadre du travail entourant la mise en place d’un programme sont unanimes quant au besoin actuel et futur de pharmaciens étant en mesure de s’exprimer en français dans la francophonie canadienne.
Dans l’ensemble, le Canada à l’extérieur du Québec aura besoin de 749 pharmaciens francophones supplémentaires d’ici 2026. La formation des pharmaciens en français à Ottawa constitue donc la meilleure option pour relever le défi qui consiste à offrir des soins et des services pharmaceutiques en français, à remédier aux pénuries anticipées et à rendre la profession accessible à la minorité francophone. D’ailleurs, sur ce dernier point, les données montrent un intérêt certain de la part de la jeune génération francophone en milieu minoritaire pour un tel programme. La création de cette école s’harmonise avec les initiatives existantes et émergentes de la Faculté en recherche dans des domaines tels que la découverte de médicaments et de traitements novateurs.
À la suite de la documentation du besoin et de l’intérêt, une équipe d’experts a été mise en place pour concrétiser le projet dans ses moindres détails. Ainsi, bien que le travail soit toujours en cours, il est prévu que la formation de futurs pharmaciens misera sur certains des éléments les plus novateurs en matière d’apprentissage, notamment l’approche par compétences, l’apprentissage actif et expérientiel, la progression des apprentissages en spirale ainsi que l’interprofessionnalisme.