Un programme éducatif de la Faculté protège la population du Bénin contre les maladies infectieuses

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Par Daniel Hubert

Manager, Office of Francophone Affairs

Un groupe de professionnels de la santé pose en rang avec des instructeurs du programme.
Le Projet Mérieux dépasse les attentes avec un impact immédiat sur les protocoles d'hygiène et de lutte contre les infections dans ce pays africain.

Ces dernières années, la Faculté de médecine a joué un rôle clé pour appuyer le Bénin dans sa lutte contre les maladies infectieuses (notamment l’hépatite B et celles attribuables à la résistance aux antibiotiques), une cause de décès très répandue dans le pays.

Selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé, près de 50% des décès au Bénin étaient attribuables aux maladies transmissibles entre 2014 et 2018.

Depuis 2018, les Affaires francophones de la Faculté dirigent un programme de formation continue en soins de santé primaires axé sur la prévention des maladies transmissibles au Bénin. Ce projet est le fruit d'une collaboration entre la Fondation Mérieux, principal bailleur de fonds du projet, la Faculté de médecine et la Plateforme du secteur sanitaire privé du Bénin (PSSP). Près de la moitié des établissements de santé au Bénin relèvent du secteur privé ou religieux.

La Dre Marie-Hélène Chomienne, professeure adjointe et chercheuse clinique au Département de médecine familiale ainsi que scientifique et membre fondateur de l'Institut du Savoir Montfort, est engagée dans les projets de la Faculté au Bénin depuis 2003. Elle explique les origines du programme de formation, connu sous le nom de Projet Mérieux.

« L'idée est née lors d'une discussion, il y a quatre ans, entre le Dr Jean Roy, alors vice-doyen aux affaires francophones et directeur du programme de Médecine et les humanités, et M. Alain Mérieux, chef d'une grande famille d'entrepreneurs français dans le secteur biomédical et directeur de la Fondation Mérieux. »

La Fondation Mérieux lutte depuis une cinquantaine d'années contre les maladies infectieuses dans les pays en développement, dont le Bénin, et a mené ou financé un grand nombre d'initiatives en ce sens.

En 2018, l'équipe canadienne s'est rendue au Bénin pour entamer des discussions avec le Dr Dossou Gbété, président de la PSSP et spécialiste des maladies infectieuses, pour définir le contenu thématique du programme de formation, et son adaptation aux réalités locales. Tous les partenaires ont signé une convention décrivant les modalités du programme de formation et les rôles et contributions de chacun.

Le programme de formation s'adresse aux médecins et autres professionnels de la santé, et propose des ateliers animés par des cliniciens associés à la Faculté de médecine ou à l'Hôpital Montfort. Interactifs et conçus pour un apprentissage actif, les ateliers abordent des sujets tels que la prévention des infections, l'hépatite B, l'antibioprophylaxie (traitement avant une infection) et la résistance aux antimicrobiens. Des discussions sur le professionnalisme, l'éthique et la collaboration interprofessionnelle font également partie du programme. Les participants doivent élaborer un plan d'intervention qu'ils peuvent ensuite mettre en œuvre dans leur clinique respective.

Les deux premières semaines de formation ont eu lieu à Cotonou, la capitale économique du Bénin, en 2019. Chaque session a réuni une trentaine de médecins de famille, de spécialistes et autres professionnels de la santé des secteurs public et privé. En raison de la pandémie de COVID-19, le programme a été remanié en 2020 pour mettre en place une formation à distance. La formation a été proposée deux fois virtuellement en 2021, et deux autres sessions de ce type suivront en 2022, avec l'espoir de revenir au Bénin vers la fin de l'année.

À ce jour, environ 80 professionnels de la santé ont suivi la formation. Les résultats tirés de l'évaluation du programme indiquent que les participants ont eu un sentiment extrêmement positif à l’égard de la formation tant en ce qui concerne les méthodes d'apprentissage, le contenu, l'élargissement des connaissances que l'impact tangible dans leur cadre clinique.

« J'ai pu améliorer mes connaissances et acquérir de nouvelles méthodes grâce à cette formation », déclare un participant qui a récemment suivi la formation. « Je rentre maintenant chez moi plein de résolutions, notamment en ce qui concerne l'amélioration de la formation sanitaire. »

Selon la Dre Chomienne, l'efficacité de la formation et son impact sur le plan clinique ont dépassé les attentes initiales. Grâce à des présentations et à des actions de plaidoyer auprès de leur personnel clinique et administratifs, et même auprès des écoliers, les participants au programme ont favorisé, entre autres, l'introduction et le renforcement des mesures d'hygiène (installation de postes de lavage des mains, nouveaux protocoles de nettoyage des salles de traitement, formation de la population au lavage des mains, etc.), la fin de la prescription systématique d'antibiotiques post-partum et la vaccination standardisée des nouveau-nés contre l'hépatite B. En outre, un des impacts inattendus de la formation, affirme la Dre Chomienne, est qu'elle a rendu les cliniques participantes mieux préparées à faire face à la COVID-19.

En améliorant les mesures de prévention des cliniques et des établissements de santé au Bénin, la formation bénéficiera finalement à l'ensemble de la population, sans compter son influence à l'échelle du pays puisque le programme a fait l’objet de discussions à la télévision nationale à une heure de grande écoute.

Le Projet Mérieux s'inscrit dans le cadre des priorités stratégiques de l'Université d'Ottawa en matière de francophonie et de sa focalisation sur la francophonie en Afrique. Cet alignement s'étend aux priorités du plan stratégique de la Faculté de médecine, Chef de file en innovation pour un monde en santé, notamment en ce qui concerne ses priorités de recherche, de francophonie ainsi que d'internationalisation et de santé mondiale. Le financement reçu à ce jour de la Fondation Mérieux devrait permettre la poursuite du programme jusqu'en 2023.

Le projet Mérieux s'inscrit dans le prolongement de partenariats existants entre le Bénin et la Faculté de médecine. Depuis près de 20 ans, la Faculté collabore avec des universités, des prestataires de soins de santé ainsi que des entités publiques au Bénin; un partenariat riche qui a permis d'offrir des stages annuels aux étudiants en médecine et qui s’est traduit par de nombreux projets de recherche menés en collaboration.

Une équipe de la Faculté, de la PSSP et d'autres partenaires béninois et canadiens ‒ certains anciens, d'autres nouveaux ‒ collaborent également à un projet portant sur la périnatalité sociale, qui vise à réduire la mortalité et la morbidité maternelles et néonatales au Bénin.

« Ces initiatives dérivées du projet Mérieux renforcent la présence de la Faculté au Bénin », estime la Dre Chomienne.

« Le partenariat solide et dynamique de la Faculté avec le Bénin est très prometteur pour son engagement envers ses priorités dans les années à venir. »

Bâtiments médicaux dans les régions rurales du Bénin, Afrique.
Photo principale : Participants, éducateurs et organisateurs de la session de formation de novembre 2019 à Cotonou au Bénin. Crédit photo: Plateforme du secteur sanitaire privé du Bénin (PSSP)

Tous les autres crédits photo : Daniel Hubert

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Une participante reçoit son certificat de formation des mains de la Dre Marie-Hélène Chomienne.
Une participante reçoit son certificat de formation des mains de la Dre Marie-Hélène Chomienne à la fin de 2019.
Une des participantes à la formation montre les procédures d’assainissement améliorées dans sa clinique au Bénin.
Une des participantes à la formation montre les procédures d’assainissement améliorées dans sa clinique au Bénin.
Un enseignant se tient devant une salle remplie d'élèves.
Dr Jean Roy faisant une présentation devant une salle comble de participants avant que la formation ne devienne virtuelle, COVID-19 oblige.

Le Projet Mérieux : Adapter la formation pour des changements concrets

L’évaluation du programme a été incorporée au projet dès l’étape de sa conception, facilitant ainsi le processus de modélisation du programme et la planification des activités de formation et d’évaluation. Afin de rendre compte de la pertinence et de l’efficacité de la formation, chaque semaine de formation a fait l’objet d’une évaluation formative. En procédant de cette manière, le contenu et le déroulement de la formation peuvent être améliorés d’une itération à une autre. De plus, la méthodologie évaluative comprend des visites de sites six mois après la formation pour observer dans quelle mesure les contenus enseignés et les activités de synthèse telles que l’élaboration d’un plan d’intervention ont contribué à des changements concrets sur le terrain.

Les activités liées à l’évaluation du programme ont aussi permis de constater des lacunes relativement à la sous-utilisation des tests en laboratoire de la part des cliniques d’où provenaient les médecins et autres professionnels ayant participé à la formation, entraînant une surutilisation de l’antibiothérapie. Ainsi, une composante recherche a été ajoutée au projet, ce qui permettra de proposer aux cliniques participantes des façons d’adapter leurs pratiques d’antibiothérapie en fonction des meilleures pratiques qui ciblent les bactéries en cause puis établissent les antibiogrammes respectifs. Des recommandations sur les meilleurs choix d’antibiothérapie selon les milieux seront par la suite établies.