Protéger la Terre pour la santé de l’humanité

Faculté de médecine
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des animaux marchent sur une route dans un paysage désolé
La Faculté de médecine s’impose comme chef de file en faisant preuve d’intendance à l’égard de la planète dans le but de protéger la santé des populations; servant ainsi d’exemple pour les écoles de médecine à travers le pays.

Par Michelle Read
Rédactrice

L’humanité ressent les effets dévastateurs sur la santé d’une planète en crise en raison des changements climatiques.

On estime que l’industrie des soins de santé est responsable de 1 % à 5 % des effets mondiaux sur l’environnement. C’est pourquoi la Faculté de médecine s’impose comme chef de file en faisant preuve d’intendance à l’égard de la planète dans le but de protéger la santé des populations; servant ainsi d’exemple pour les écoles de médecine à travers le pays.

« Notre planète mal en point se traduit par des gens de plus en plus malades », déclare le Dr Mark Walker, vice-doyen intérimaire, Bureau de l’internationalisation et de la santé mondiale (BISM) à la Faculté. « La Terre est essentiellement une patiente que nous devons traiter si nous voulons protéger la santé de nos populations ».

Les effets d’une crise sur la santé

Il suffit d’écouter quelques minutes d’un bulletin de nouvelles pour découvrir les multiples problèmes de santé causés par une planète soumise à des perturbations. Le réchauffement climatique crée des inondations dans les régions côtières, ce qui entraîne une migration massive des populations et se traduit par une fragilité. Les canicules précipitent les sécheresses, nuisant à l’agriculture et, par conséquent, à la sécurité alimentaire.

La pollution fait partie des éléments déclencheurs de l’asthme, des infarctus du myocarde, des accouchements prématurés, d’une faible numération de spermatozoïdes et d’autres effets nocifs sur la santé, ajoute le Dr Walker, et la répartition des insectes est modifiée par les changements climatiques, ce qui influence la transmission des maladies à transmission vectorielle.

Même les récentes pannes d’électricité provoquées par les tempêtes de neige au Texas se sont soldées par des décès en raison du manque d’infrastructure », mentionne le Dr Walker, un épidémiologiste, obstétricien-gynécologue, professeur à la Faculté, et scientifique principal à l’Institut de recherche de L’Hôpital d’Ottawa. « Ces fardeaux sur les humains causent d’importants dommages à la santé physique et mentale ».

Bien qu’ils visent à guérir les personnes malades, les soins de santé, de façon détournée, contribuent également à la maladie. Le Dr Walker reconnaît, par exemple, que les hôpitaux sont d’importants consommateurs de papier, de plastique et d’électricité, et contribuent donc aux émissions de carbone.

La synergie de la médecine et de la santé publique

En 2020, la Faculté a dévoilé son plan stratégique quinquennal intitulé Chef de file en innovation pour un monde en santé, réitérant son engagement à l’égard de la durabilité économique, sociale et environnementale. Se dessinant comme une priorité, la santé planétaire tient compte de considérations en matière de santé mondiale et de responsabilité sociale; les bureaux respectifs de la Faculté étant impliqués dans le mandat.

La Dre Manisha Kulkarni est la directrice intérimaire du Programme de santé mondiale au Bureau de l’internationalisation et de la santé mondiale, ainsi que professeure agrégée et chercheuse à l’École d’épidémiologie et de santé publique (EESP). L’EESP incorpore l’éducation et la recherche sur les changements climatiques et la santé planétaire dans son programme de santé mondiale depuis 2016.

« La santé planétaire va au-delà des changements climatiques et englobe d’autres perturbations aux écosystèmes dont nos sociétés dépendent », déclare la Dre Kulkarni. « Elle tient compte d’un large éventail de changements dans le monde qui mènent à une mauvaise santé, y compris les maladies zoonotiques comme la COVID-19.

« En réalité, c’est une question d’équité en matière de santé, puisque les effets des changements climatiques et environnementaux sur la santé sont ressentis de façon disproportionnée par les populations qui ont le moins contribué au problème », poursuit-elle. « Pour s’attaquer aux effets sur la santé associés aux changements climatiques et environnementaux, il faut une synergie entre la médecine et la santé publique ».

La santé planétaire tient compte également de considérations en matière de responsabilité sociale, comme la défense des intérêts au sein de la collectivité. La Faculté examinera les options pour faire un virage au vert dans ses départements et laboratoires cliniques et de sciences fondamentales, par exemple, en réduisant la consommation de papier, de plastique, vêtements nettoyés, de piles ou autres matières, et en trouvant une alternative au gaz anesthésique afin de limiter les composés volatils. Un programme de recyclage d’équipement de protection individuelle (EPI) a été lancé en mars.

Mobiliser les troupes pour le changement climatique

Il est également essentiel d’intégrer des efficacités liées à l’infrastructure comme des thermopompes, des systèmes géothermiques et des systèmes intelligents pour contrôler les lumières, les températures et le CVC. « J’estime que nous pourrions trouver 20 % d’efficacités liées à l’infrastructure en examinant nos installations », mentionne le Dr Walker.

Toutefois, les hôpitaux et les instituts de recherche partenaires d’une université sont d’imposantes installations; le déplacement de ce Titanic exigera un effort coordonné.

« À la Faculté, il y a de bonnes intentions, mais il faut passer à l’acte; la nomination d’une personne-ressource est un bon point de départ », » ajoute le Dr Walker. « Aucune école de médecine au Canada n’a un responsable en santé planétaire; tout le monde en parle, mais personne ne le fait ».

La vision de la Faculté concernant la santé planétaire comprend la création d’un poste de leadership pour mettre sur pied des initiatives et pratiques exemplaires dans l’ensemble de la Faculté. Parmi les priorités, notons les suivantes : diminuer l’empreinte de la Faculté et de ses partenaires, renseigner la population universitaire sur les effets du changement climatique sur la santé des humains, et approfondir les connaissances acquises dans le cadre du programme d’éducation.

« Nous avons l’occasion d’aller au-delà du climat et de l’enseignement sur la santé que nous offrons actuellement à nos étudiants, afin d’élargir la sensibilisation dans l’ensemble de la Faculté, et de vraiment prendre des mesures concrètes », insiste la Dre Kulkarni.

Pour mener à bien l’initiative, il est nécessaire de regrouper les désirs de plusieurs intervenants, mentionne la Dre Claire Kendall, doyenne associée, Responsabilité sociale à la Faculté et professeure agrégée du Département de médecine dont la pratique se trouve au Centre de médecine familiale Bruyère.

« Il existe un réel enthousiasme à se pencher sur la santé planétaire, et nos étudiants nous tiennent légitimement pour responsables », ajoute la Dre Kendall. La nomination d’une personne chargée de la santé planétaire est notre première étape en vue de mettre à contribution nos activités éducatives et de recherche ainsi que nos partenaires, afin d’honorer notre engagement à l’égard de ce mandat ».

La gestion du changement nécessite la présence d’un leader aux tables de réunion institutionnelles, et l’inclusion de la réduction de l’empreinte de chacun dans chaque discussion. « Tenir compte des efficiences dans les nouvelles installations entraînera des investissements aujourd’hui, mais portera ses fruits à l’avenir », déclare le Dr Walker.

Une influence au-delà de la Faculté

La réorganisation de l’infrastructure se traduit par des possibilités de collaborer avec le pavillon principal de l’Université d’Ottawa, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada, ainsi que des occasions d’attirer des dons et diriger les programmes pour le gouvernement. Le Dr Walker mentionne également que les médecins et les professeurs peuvent, en tant que membres respectés de la communauté, influencer le gouvernement, le public et la société, et joindre les  comités pertinents, ainsi que chercher des occasions de sensibilisation.

« Nous espérons aussi créer un effet domino, et influencer d’autres écoles de médecine à en faire autant », dit-il.

La crise climatique imminente de la Terre aura des conséquences beaucoup plus importantes que la pandémie de la COVID-19 en cours, prévient le Dr Walker – les effets sont ici, et nous devons agir rapidement.

Il est temps d’envoyer immédiatement cette patiente vers les soins intensifs.


Mise à jour de septembre 2021 :

La Faculté de médecine a récemment nommé le Dr Husein Moloo au poste de directeur de la santé planétaire, une première au pays tant du point de vue du poste que de son domaine de responsabilité. Ce nouveau poste s’inscrit dans le plan Transformation 2030 de l’Université, qui s’engage à préconiser des pratiques et des activités plus écologiques sur le campus, voire au-delà. La nomination du Dr Moloo arrive au moment où la crise climatique a été déclarée par l’Organisation mondiale de la Santé comme une urgence de santé publique d’une ampleur sans précédent.

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