Une recherche du professeur Ian Colman de l’Université d’Ottawa remet en question le concept de la dépression hivernale

Faculté de médecine
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Dr. Ian Colman
De nouvelles conclusions du Dr Ian Colman, professeur agrégé à l’École d’épidémiologie et de santé publique de la Faculté de médecine, remettent en question l’idée que les gens sont plus dépressifs en hiver.

Les hivers canadiens sont connus pour être longs, sombres et parfois désespérants pour les fervents de beau temps. Mais est-ce que l’hiver a été injustement pointé du doigt comme cause d’humeurs dépressives et de mécontentement?

De nouvelles conclusions du Dr Ian Colman, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’épidémiologie en santé mentale et professeur agrégé à l’École d’épidémiologie et de santé publique de la Faculté de médecine, remettent en question l’idée que les gens sont plus dépressifs en hiver.

De concert avec son collègue, Dr Simon Øverland de l’Institut de la santé publique de la Norvège, il a mené une revue systématique de la littérature sur le caractère saisonnier et les symptômes et n’a découvert, dans la population générale, aucun virage vers une humeur dépressive à des intervalles réguliers tout au long de l’année.

« En tant que chercheurs en santé mentale, les journalistes nous demandent souvent si la dépression hivernale et le ‘Blue Monday’—la ‘journée présumée la plus déprimante de l’année’—sont réels, » a déclaré Dr Colman. « Et nous nous montrions toujours sceptiques quant à savoir s’il existait des preuves pour appuyer ces allégations populaires. Alors, nous avons décidé de faire une revue systématique de toutes les études sur le sujet en examinant la dépression dans l’ensemble de la population et si celle-ci varie selon la saison. »

Pour la présente étude, une équipe regroupant des chercheurs du Royaume-Uni, de la Norvège et du Canada a travaillé de concert pour passer en revue plus de 2 000 articles possiblement pertinents, et en choisir 41 à inclure dans cette évaluation, qui a été publiée en ligne dans Epidemiology and Psychiatric Sciences le 22 avril 2019.

« Il existe plusieurs façons de mesurer la dépression. Certaines études ont recours aux diagnostics cliniques, alors que d’autres utilisent différents questionnaires, » explique Dr Colman, décrivant le manque de cohérence dans ce domaine de recherche. « Il y a également beaucoup de variations d’une étude à l’autre dans la façon dont les chercheurs catégorisent les saisons, notamment quant au nombre de saisons, et aux mois qui font partie de l’hiver. »

Pour cette raison, l’une des étapes essentielles pour l’équipe a été de définir une stratégie de recherche, puisqu’une revue systématique examine tout ce qui est publié sur un sujet. Cette tâche a été dirigée par la bibliothécaire de l’Université d’Ottawa, Lindsey Sikora, qui a participé à une recherche exhaustive de sorte à s’assurer qu’aucune publication n’ait été omise.

« Pour notre revue, l’équipe a exclu les études qui mentionnaient expressément les caractères saisonniers dans les questionnaires de sorte à éviter les préjugés et partis pris par les participants, » a déclaré Dr Colman. « Nous avons plutôt limité notre centre d’intérêt aux études qui ne cherchaient pas nécessairement à mesurer le caractère saisonnier de l’humeur et de la dépression, mais plutôt à évaluer la dépression parmi les répondants au sondage à différents moments de l’année, pour ensuite analyser les données pour identifier toute relation distincte entre la saison et l’humeur. »

Parmi les 41 études incluses dans cette revue, seulement 13 suggèrent un taux plus élevé de dépressions en hiver, alors que les 28 autres suggèrent aucun caractère saisonnier ou saisonnalité en dehors de la période hivernale, ou avaient des résultats « non concluants ».

« Pour nous, cela signifie qu’une prévalence accrue de dépression existe à une si petite échelle qu’elle est difficile à observer, ou que les gens s’en sortent très bien et ont des stratégies de gestion, comme l’exercice et les interactions sociales, qui minimisent complètement ses effets, » a conclu Dr Colman.

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