Réflexions de la responsable de la lutte contre la pandémie à Ottawa

Faculté de médecine
La Dre Vera Etches assise sur une chaise portant un masque sur une scène
La Dre Vera Etches, professeure auxiliaire à la Faculté et médecin-chef en santé publique d’Ottawa, parle des nouvelles orientations et des connaissances acquises lors de la crise de la COVID-19, et de la priorité à accorder au mieux-être en temps de crise.

Par Michelle Read
Rédactrice

Comprenant l’importance cruciale des déterminants sociaux de la santé, la Dre Vera Etches, lorsqu’elle a accepté le poste de médecin-hygiéniste adjointe à Santé publique Ottawa (SPO) en 2009, y a vu non seulement la possibilité de contribuer à la santé publique, mais aussi celle de travailler en étroite collaboration avec la ville dans les domaines du logement, de l’urbanisme et des services sociaux.

« Ces services sont si importants pour le bien-être d’une ville », déclare la Dre Etches, qui, comme de nombreux experts en santé publique, ressent l’obligation d’améliorer la santé non seulement pour la population en générale, mais aussi pour les personnes confrontées à des obstacles.

Toutefois, l’endroit où les besoins se font sentir et la manière d’y répondre varient selon le niveau auquel vous travaillez et les défis supplémentaires auxquels vous êtes confrontés. Après qu’elle et son équipe ont reçu deux distinctions prestigieuses ce printemps, la Dre Etches nous fait part de ses réflexions sur les leçons apprises avant et pendant la pandémie.

Intervention guidée par la collaboration communautaire et les données

Au début de sa carrière, la Dre Etches a eu l’idée de réorienter l’approche de la santé publique et de la prévention des maladies en la faisant passer de la simple éducation à la prise en compte des facteurs qui sous-tendent les obstacles à la santé.

« Par exemple, vous ne pouvez pas inciter les gens à manger des fruits et des légumes s’ils n’ont pas les moyens de se les payer ou s’ils ne sont pas offerts dans la communauté », explique la Dre Etches.

Avant la pandémie, la Dre Etches dirigeait un groupe de SPO chargé de l’échange de connaissances et de l’évaluation de la santé publique. Elle s’est donné comme priorité d’améliorer l’utilisation des données sur les besoins sanitaires, afin d’accroître les interventions préventives et de renforcer le système de soins de santé.

Nommée médecin-chef en santé publique en 2018, elle a travaillé avec de nombreux dirigeants communautaires sur une grande variété de questions de santé, tous réclamant leur part respective du gâteau en matière de santé, jusqu’à ce que la pandémie frappe.

Lorsque l’accent a été mis sur les maladies transmissibles plutôt que sur les maladies chroniques, les mêmes outils d’évaluation des données sanitaires ont servi à gérer les cas et les contacts et, plus tard, la vaccination, mais la COVID-19 a également rapproché les différents intervenants.

« Nous avons eu plus de conversations avec les hôpitaux, les partenaires et la ville, pour évaluer quelles populations étaient confrontées aux plus grands obstacles, où nous voyions les plus grands risques de COVID et où nous devions soutenir les gens en les informant davantage », dit-elle. « C’était une bonne occasion d’établir des relations et de trouver des moyens de travailler avec la communauté pour régler ce qui est important dans le système de santé. »

La Dre Etches note que la « cocréation » avec les communautés a été le concept le plus important ayant émergé, mais elle ajoute que nous devons continuer à le développer. Les partenaires du système de santé et les partenaires municipaux de SPO comprennent la valeur du travail à l’échelle du quartier où, collectivement avec la communauté, ils peuvent améliorer la situation là où les besoins sont les plus importants.

« Certaines populations sont plus susceptibles de rencontrer des difficultés en matière de soins de santé : accès à l’éducation, au logement, à l’emploi », dit-elle. « Cela nous a montré qu’il y a du racisme en cause. Nous devons nous y attaquer directement, et le meilleur moyen est de travailler aux côtés des communautés pour comprendre dans leur langage quels sont leurs besoins. »

Professeure auxiliaire à l’École d’épidémiologie et de santé publique, elle supervise également les résidents et résidentes de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa pendant leur stage en gestion et en leadership. En plus des sujets habituels comme les ressources humaines et les technologies de l’information, elle veut souligner l’importance de tirer pleinement parti des données et d’utiliser la meilleure information disponible sur le moment.

« Nous n’avions pas beaucoup d’informations au début, alors nous avons utilisé ce que nous avions pour déterminer ce qui offrirait la meilleure protection », dit-elle. « Écouter les autres, rester ouverts et flexibles au fur et à mesure que les données arrivent, entendre les communautés les plus touchées; cette façon de travailler pourra aussi être utilisée pour d’autres défis. »

Le mieux-être pour un leadership efficace

Dès les premiers jours de la pandémie, la Dre Etches a considéré le mieux-être comme un élément essentiel. Très tôt, elle a reçu le conseil d’un collègue militaire : c’est important d’avoir un repos forcé pour continuer à avancer, pour être efficace et pour effectuer le travail.

« Nous avons adopté la meilleure pratique, qui consiste à prendre des vacances tous les trimestres », dit la Dre Etches. « Quand vous revenez, vous planifiez vos vacances pour le trimestre suivant, et cela aide les gens. »

Les situations où le temps est compté nécessitent également un système qui permet d’assurer la continuité. « Assurez-vous que chaque personne peut se faire remplacer », dit-elle. « J’ai une équipe formidable. Je ne suis pas indispensable. Mes collègues sont prêts à prendre le relais et nous prenons des pauses. »

Si être un dirigeant et un travailleur efficace signifie qu’il faut prendre des pauses, il ne s’agit pas simplement de s’absenter du travail.

« Nous avons également besoin de saines méthodes de travail », explique-t-elle. « J’ai été très claire sur le fait de ne pas envoyer de messages les fins de semaine et d’essayer de vraiment limiter les heures de travail, afin d’être en bonne santé pour continuer. Pour moi, et je le recommande à tout le monde, faire de l’activité physique ou quelque chose qu’on aime est aussi très important pour rester en bonne santé, mentalement et physiquement. »

La Dre Etches espère faire comprendre à ses résidents et résidentes en médecine que le bien-être de l’équipe est une priorité absolue.

« Ce que l’équipe de SPO a accompli est impressionnant, mais cela a eu un coût : la vie de certaines personnes a été déstabilisée en raison des heures de travail qu’elles devaient fournir. »

« J’aimerais que les futurs dirigeants comprennent que, même dans le cadre d’une intervention d’urgence, il doit y avoir des limites et une protection pour les équipes, ou des limites qui permettent aux gens de rester en bonne santé et de poursuivre leur travail », dit-elle.

« Je crois que c’est une chose à laquelle de nombreuses personnes ont probablement réfléchi pendant la pandémie, à savoir que le travail n’est pas la seule chose importante dans la vie », ajoute-t-elle. « Il est vraiment essentiel de se rappeler que nous devons accorder la priorité aux relations avec les gens. »

La motivation par la reconnaissance

Pour la Dre Etches, il est encourageant de voir les gens reconnus pour leur bon travail et leur contribution à l’amélioration des résultats dans la communauté. Son bon travail a notamment été reconnu par la collectivité d’Ottawa au printemps dernier.

En juin, elle a assisté à la cérémonie de remise des diplômes de la Faculté de médecine, où elle a été conférencière invitée et a reçu un doctorat honorifique. Le même mois, le maire Jim Watson lui a remis, ainsi qu’à toute l’équipe de SPO, la clé de la Ville.

« C’est un honneur d’être reconnue avec l’équipe par l’Université et par le maire », dit-elle. « Nous nous sommes vraiment concentrés sur l’exécution de notre travail. Ça dure depuis longtemps et nous travaillons très fort. En tant qu’équipe, nous sommes très reconnaissants. C’est aussi une motivation pour la suite de choses. Nous ne sommes pas encore sortis de cette pandémie. »

Elle est elle-même inspirée par la possibilité d’étendre ses recherches pour explorer l’équilibre entre les préjudices, soit entre la transmission des maladies et les conséquences économiques.

« Je pense qu’il serait très intéressant de pouvoir mesurer davantage cet aspect du point de vue des conséquences économiques, et d’argumenter en faveur de la prévention sur le plan financier, en partenariat avec des personnes ayant une expertise dans le domaine de l’économie de la santé. »

La Dre Etches espère également que son travail incitera d’autres personnes à envisager une carrière dans le domaine de la santé publique.

« Quand j’étais en médecine, il a fallu beaucoup de temps avant que j’entende parler de la possibilité de devenir médecin en santé publique. Peut-être que ce profil aidera à recruter des gens dans ce domaine. »


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Cinq personnes posent en tenue de cérémonie de remise des diplômes
La Dre Vera Etches assise sur une chaise portant un masque sur une scène