Un texte de Jessica Sinclair
Rédactrice scientifique
Tout a commencé par une expo-sciences.
Alors qu’il était élève à l’école intermédiaire, Amit Scheer a présenté un projet classique (une batterie à l’eau salée) à l’expo-sciences de son école. L’exécution de son projet était suffisamment bonne pour qu’il se qualifie aux finales régionales. C’est là qu’il a remarqué que certains élèves de l’école secondaire de deuxième cycle présentaient des recherches qu’ils avaient eu l’occasion de mener dans de véritables laboratoires universitaires.
« J’ai vu leurs projets, je leur ai parlé et j’ai trouvé ça incroyablement génial qu’ils puissent faire ça à un si jeune âge », raconte Amit.
C’était la seule motivation dont il avait besoin. Il a rédigé une proposition et, dès sa 9e année à l’école secondaire Colonel By, il s’est mis à travailler dans le laboratoire du Dr Bill Willmore de l’Université Carleton, où il a étudié les cellules cancéreuses du sein dans des conditions hypoxiques et normoxiques. L’année suivante, il est resté au laboratoire et s’est entouré de chercheurs en chimie et en toxicologie, travaillant sur une combinaison unique de nanoparticules et d’ADN pour cibler sélectivement les cellules cancéreuses du sein en vue de les éliminer.
« Accueillir un élève de 9e année dans un laboratoire de recherche est toujours un peu risqué », déclare le Dr Willmore. « Cependant, Amit n’était pas un élève ordinaire. Je n’ai pas été déçu. »
Selon le Dr Willmore, Amit Scheer a surpassé de nombreux étudiants de cycle supérieur chevronnés.
Ces projets lui ont valu à trois reprises le prix Partenaires en recherche de l’Expo-sciences régionale d’Ottawa, un prix axé sur la recherche médicale et soutenu par le bureau de recherche de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. Cela a également permis à Amit de se hisser dans la cour des grands : l’Intel International Science and Engineering Fair et le concours Sanofi Biogenius (première place), où il a rencontré des scientifiques au sommet de leur domaine. Il attribue à ces expo-sciences le mérite de lui avoir appris à communiquer son travail à un public plus large.
Dès sa 12e année, Amit avait mis sur pied un projet conjoint entre l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, travaillant sur un biomatériau destiné à favoriser l’absorption d’un vaccin par les cellules immunitaires, et le Conseil national de recherches, travaillant sur le volet immunologie et chimie de la recherche. Pendant tout ce temps, il jonglait avec une charge de cours complète de 12e année.
« Ce projet m’a vraiment montré l’importance de la collaboration entre des personnes ayant des compétences différentes pour atteindre un objectif scientifique », explique Amit.
Il a passé ses deux premières années à l’Université d’Ottawa au laboratoire du Dr Michele Ardolino, où il a renforcé son intérêt pour l’immunologie du cancer. Le programme de médecine moléculaire et translationnelle lui a permis de se diversifier en 3e et 4e année, s’intéressant alors aux stratégies d’apprentissage machine dans le laboratoire de protéomique computationnelle du Dr Mathieu Lavallée-Adam, au sein du Département de biochimie, microbiologie et immunologie (BMI).
Après avoir obtenu son diplôme cette année, il se lancera directement dans un programme de doctorat à l’Université Harvard, où il espère combiner ses intérêts pour la biologie computationnelle et l’immunologie du cancer. Il veut comprendre la façon dont les cellules tumorales façonnent le système immunitaire, ainsi que la multitude de façons dont le système immunitaire réagit à ces tumeurs. Autrefois surnommé le « petit génie de Barrhaven », Amit promet d’avoir un impact plus profond et plus durable que bien des prodiges.
« Compte tenu de sa grande volonté de réussir, Amit est sur le point de devenir l’un des meilleurs chercheurs dans son domaine d’étude », déclare le Dr Willmore.