Une surspécialisation en chirurgie mondiale emmène un docteur Haïtien à Ottawa

Faculté de médecine
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Un close-up sur le visage du chirurgien Dr Karry Felix
Le Dr Karry Félix a pris le bon coté de la pandémie, en observant les pratiques canadiennes qui pourrait profiter aux autres pays. 
Par Zaina-Sophie Salibi
Agente de projet, Bureau de l’internationalisation et de la santé mondiale

 

Le Dr Karry Félix, un chirurgien général en Haïti, n’avait jamais imaginé que son travail à bord d’un navire médical américain sur la côte haïtienne en 2015 l’amènerait à devenir stagiaire boursier en chirurgie mondiale à Ottawa en 2020 – l’année de la pandémie mondiale.

 « Nous nous sommes rencontrés sur un bateau! », s’exclame la Dre Yvonne Ying, professeure agrégée au département de chirurgie et chirurgienne plastique pour enfants au CHEO, en se remémorant leur bénévolat auprès d’Operation Smile, une organisation à but non lucratif qui offre des interventions chirurgicales pour fente labiale et de la fente palatine à des enfants de pays à faible revenu.

Peu après leur rencontre, la Dre Ying, qui détient une maîtrise ès sciences en santé mondiale du King’s College London, s’est mise à imaginer un programme de surspécialisation qui serait suffisamment souple pour répondre aux besoins des chirurgiens mondiaux. Cette vision l’a amenée à créer le programme de surspécialisation en chirurgie mondiale, un programme d’une année conçu à la fois pour des candidats canadiens et internationaux. Elle savait qu’elle voulait adapter le programme particulièrement aux besoins des stagiaires.

« Cela nous laisse une marge de manœuvre », affirme-t-elle. « La partie scolaire est vraiment liée à la compréhension de la chirurgie mondiale, mais la partie clinique peut être adaptée aux différents besoins. »

Pour sa part, le Dr Félix, diplômé de l’Université d’État d’Haïti, située à Port-au-Prince, travaillait pour Médecins sans frontières parallèlement à sa pratique privée en chirurgie. Il a également enseigné l’anatomie à titre de professeur adjoint à la Quiskeya University, dans la capitale haïtienne.

Il a obtenu une maîtrise en santé publique en Israël en 2018, une expérience qui a fait de lui un meilleur médecin et qui lui a donné une vision plus large du système de santé en Haïti, explique-t-il.

« Peu importe ce que nous faisons cliniquement, en Haïti, d’un point de vue individuel, ce n’est pas suffisant – nous devons changer le système. »

Par exemple, le Dr Félix souhaite que le système de santé haïtien puisse se concentrer davantage sur les mesures de prévention afin de combattre à la fois les maladies et les accidents, en mentionnant qu’approximativement 60 % des victimes de brûlures en Haïti sont des enfants qui se sont blessés en raison d’un accident domestique, et en évoquant la grande incidence de cancer du sein parmi les jeunes femmes haïtiennes.

 « Pourquoi y a-t-il tant de jeunes femmes qui sont atteintes de cancer du sein ? », se demande-t-il. « Comprenons-nous pourquoi c’est si prédominant? Pourrions-nous le prévenir ? »

Il a postulé au programme de surspécialisation de l’Université d’Ottawa en espérant gagner de l’expérience dans le système de santé canadien. Son espoir est devenu réalité lorsqu’il a commencé son stage en novembre 2019, à un moment où personne ne s’attendait à la perturbation majeure qui allait survenir.

Malgré la pandémie de COVID-19, le Dr Félix dit avoir réussi à atteindre la plupart de ses objectifs cliniques et poursuit sa recherche en chirurgie minimalement invasive qu’il voudrait voir adopter dans son pays. Bien qu’il ait été déçu de ne pas pouvoir voyager davantage au Canada, le Dr Félix dit qu’Ottawa est un excellent lieu pour apprendre comment les autorités ont géré la réponse à la pandémie de COVID-19. Il a remarqué l’utilisation de l’ÉPI dans les salles d’opération, le dépistage des patients et les pratiques d’isolement.

 « Cela pourrait profiter aux pays que je visite. En prenant le bon côté de chaque expérience, n’est-ce pas ? »

Alors qu’il s’apprête à rentrer dans son pays, il espère pouvoir visiter à nouveau le Canada et découvrir davantage le pays. Il espère aussi conserver ses liens avec la Faculté de médecine dans les années à venir, tandis qu’il continue de travailler avec la Dre Ying sur plusieurs projets de recherche liés à la prestation de soins chirurgicaux en Haïti.

Grâce à la Dre Ying, au CHEO et à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa – ainsi qu’au financement obtenu du Children’s Hospital Academic Medical Organization (CHAMO) pour le programme de bourses 2019-2020 – le Dr Félix peut utiliser cette exposition au système médical canadien pour approfondir ses connaissances et aider ses patients en Haïti et partout dans le monde, sur terre ferme… ou même à bord d’un bateau.

Dr. Karry Felix dans son habit de chirurgien