Un traitement lumineux pour prolonger la durée de vie du masque chirurgical N95

Faculté de médecine
Des chercheurs affirment que leur innovation pourrait permettre aux professionnels de la santé de réutiliser leurs masques N95 sans compromettre la santé et la sécurité.

Les masques chirurgicaux N95 sont un exemple d’équipement de protection individuel (ÉPI) qui protège les travailleurs de la santé de première ligne contre la propagation de la COVID-19. La demande de masques a bondi dernièrement, et les entreprises du monde entier intensifient leurs efforts de production pour répondre à cette forte croissance. Pour ces entreprises, et pour les scientifiques de tous les continents, c’est une course contre la montre pour endiguer la maladie.

Des chercheurs de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO), en partenariat avec des équipes de Luzchem Research Inc. et conseillés par le professeur Tito Scaiano de la Faculté des sciences de l’Université d’Ottawa, « éclairent » (au sens littéral et figuré) le problème.

Emilio Alarcon, Ph.D., est professeur adjoint au Département de biochimie, microbiologie et immunologie de l’Université d’Ottawa, et chercheur à la Division de chirurgie cardiaque et au Groupe de recherche de solutions thérapeutiques et de bio-ingénierie (BEaTS) à l’ICUO. Avec une équipe multidisciplinaire comprenant un groupe dynamique de stagiaires, il met au point un processus qui combine la température et la lumière pour « nettoyer » efficacement les masques utilisés (et potentiellement contaminés). Le projet est financé par une subvention Alliance relative à la COVID-19, un programme du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) qui fait appel à l’expertise des chercheurs canadiens et de leurs partenaires afin de relever le défi que représente cette crise sans précédent.

« C’est un système confiné qui ressemble à un lit de bronzage, explique le chercheur. Les masques usagés sont traités dans une pièce adaptée pour la décontamination, où ils sont exposés à un traitement photothermique qui élimine de façon sécuritaire les microbes nocifs qui pourraient provoquer une infection. »

Il explique que la technologie pourrait bientôt permettre aux travailleurs de la santé du pays de réutiliser leur masque une deuxième ou même une troisième fois sans compromettre leur santé et leur sécurité, ni celles des patients qu’ils soignent.

« Nous voulons essentiellement doubler, voire tripler le nombre de masques disponibles pour le système de santé canadien, explique le chercheur. Cette technologie pourrait aussi servir à la décontamination et à la réutilisation d’autres ÉPI comme les masques chirurgicaux et les écrans faciaux. »

« C’est une période délicate pour la science, ajoute le Dr Alarcon. Il est facile et naturel de ressentir de la frustration dans une telle période d’incertitude. Ceux d’entre nous qui le peuvent ont le devoir collectif, en tant que scientifiques, de se dépasser, de remettre en question leur conception de ce qui est possible. Pour moi, c’est l’essence même du travail de chercheur. »

Le dispositif s’est révélé efficace pour l’éradication des bactéries et des virus; l’équipe de recherche a fait une demande de brevet et attend l’approbation de Santé Canada. Le Dr Alarcon, le laboratoire BEaTS et Luzchem espèrent déployer la technologie dans quelques semaines. « Nous sommes très reconnaissants d’avoir reçu une subvention du CRSNG, sans laquelle ce travail ne serait pas possible, affirme le chercheur. Grâce à leur appui additionnel, le gouvernement et nos généreux donateurs nous permettent de poursuivre nos efforts pour freiner la propagation de cette maladie. »