Une trouvaille inattendue ouvre une nouvelle piste pour la prévention du cancer de l’ovaire

Faculté de médecine
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Dr.e Barbara Vanderhyden dans son laboratoire.
Il s’agit de la première étude qui montre que le durcissement naturel des ovaires, appelé fibrose, survient en vieillissant. Elle laisse aussi entendre que la metformine, un médicament contre le diabète, pourrait empêcher ce processus.

Une étude de laboratoire publiée dans la revue Clinical Cancer Research propose une nouvelle hypothèse sur la formation et la prévention du cancer de l’ovaire.

Il s’agit de la première étude qui montre que le durcissement naturel des ovaires, appelé fibrose, survient en vieillissant. Elle laisse aussi entendre que la metformine, un médicament contre le diabète, pourrait empêcher ce processus.

« On parle de fibrose lorsque des tissus corporels subissent des lésions et des inflammations répétitives qui finissent par former une accumulation de fibres de collagène dures, similairement à une cicatrice sur la peau », explique Curtis McCloskey, Ph.D., l’auteur principal de l’article. « Ces tissus fibreux sont très propices à la formation de cellules cancéreuses. »

M. McCloskey a mené cette recherche pendant son doctorat dans le laboratoire de Barbara Vanderhyden, Ph.D., à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. Il est maintenant stagiaire postdoctoral au Centre de cancérologie Princess Margaret.

Le cancer de l’ovaire est le cinquième cancer le plus courant chez les femmes, et l’un des plus mortels, avec un taux de survie sur cinq ans de 45 %. Les femmes qui présentent des antécédents familiaux de cancer de l’ovaire ou une mutation du gène BRCA courent un risque accru de la maladie. Il n’existe à l’heure actuelle aucun test fiable pouvant dépister ce cancer à un stade précoce. Les seules options de prévention disponibles sont les pilules contraceptives – qui réduisent de moitié le risque de cancer de l’ovaire – ou l’ablation des ovaires et des trompes de Fallope.

L’équipe conclut que la fibrose des ovaires fait partie du processus normal du vieillissement et survient souvent après la ménopause. Dans le cadre de sa recherche, M. McCloskey a trouvé un ovaire exempt de fibrose chez une femme de 69 ans. En consultant les antécédents médicaux de la femme, il a remarqué qu’elle prenait de la metformine, un médicament contre le diabète de type 2. D’ailleurs, une étude taiwanaise avait déjà noté une réduction de 82 % du taux de cancer de l’ovaire chez les patientes atteintes du diabète de type 2 qui prenaient de la metformine.

L’équipe de recherche a donc mené une série d’expériences pour établir des liens entre la fibrose de l’ovaire, le vieillissement et la metformine.

Ils ont d’abord cherché à connaître les causes de la fibrose en examinant le processus d’ovulation. Ils ont alors observé qu’à chaque libération d’un ovule, l’ovaire devient enflammé, entraînant ainsi un cycle mensuel de lésion et de guérison.

Pour tester sa théorie, l’équipe a utilisé un médicament pour bloquer l’ovulation chez des souris. Les souris ainsi traitées n’ont pas présenté une fibrose de l’ovaire en vieillissant, ce qui porte à croire que l’ovulation pourrait avoir un lien avec l’apparition de la fibrose. Or, d’autres études détaillées seront nécessaires pour confirmer cette découverte.

Ensuite, l’équipe a examiné 27 ovaires prélevés chez des femmes de 21 à 82 ans, la plupart étant des femmes ménopausées présentant une fibrose. Cependant, tous les cinq ovaires provenant de femmes ménopausées qui prenaient de la metformine ne montraient aucun signe de fibrose.

En outre, beaucoup de jeunes ovaires en préménopause présentaient une fibrose et provenaient de femmes à risque élevé de cancer de l’ovaire en raison d’une mutation génétique ou d’antécédents familiaux.

Considérées dans leur ensemble, ces conclusions indiquent que cibler les fibroses ovariennes pourrait constituer une nouvelle option pour réduire le risque de cancer de l’ovaire. Elles appuient ainsi l’utilisation de la metformine pour prévenir le cancer de l’ovaire.

« L’objectif de l’étude est de tirer des conclusions », déclare Mme Vanderhyden, scientifique principale à L’Hôpital d’Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche Corinne Boyer sur le cancer de l’ovaire à l’Université d’Ottawa. « Nous poussons maintenant la recherche pour comprendre comment la fibrose se forme dans l’ovaire et comment la metformine empêche ce processus. »

Les conclusions devront être confirmées dans un nombre accru de modèles murins et d’ovaires humains avant de pouvoir entamer des essais cliniques. Un examen non invasif capable de mesurer la fibrose dans l’ovaire doit aussi être mis au point.

« Nous espérons que la metformine deviendra un jour un traitement préventif efficace pour les jeunes femmes à risque élevé de cancer de l’ovaire qui souhaitent garder leurs ovaires pour pouvoir avoir des enfants », affirme Mme Vanderhyden.

Reference: “Metformin abrogates age-associated ovarian fibrosis.” Curtis W. McCloskey, David P. Cook, Brendan S. Kelly, Feryel Azzi, Christian H. Allen, Amanda Forsyth6, Jeremy Upham, Katey J. Rayner, Douglas A. Gray, Robert W. Boyd, Sangeeta Murugkar, Bryan Lo, Dominique Trudel, Mary K. Senterman, Barbara C. Vanderhyden. Clinical Cancer Research. Le 9 oct 2019.

Financements : Les recherches réalisées à L’Hôpital d’Ottawa sont rendues possibles grâce aux dons généreux de la collectivité à la Fondation de L’Hôpital d’Ottawa. La présente recherche a été réalisée grâce aux dons de feu Margaret Craig, une enseignante qui souhaitait financer la recherche novatrice à haut risque sur le cancer de l’ovaire. L’étude a aussi obtenu le soutien des Instituts de recherche en santé du Canada.

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Cet article a été réimprimé avec la permission de l'Hôpital d'Ottawa.

Graphique de l'ovaire avant et après la ménopause.

 

Dr Curtis McCloskey.

 

Dr.e Barbara Vanderhyden dans son laboratoire.