Par Jessica Sinclair
Rédactrice scientifique
Une équipe de neuf laboratoires, dirigée par le Dr Marc-André Langlois, virologue de l’Université d’Ottawa, a obtenu une subvention des IRSC d’un million de dollars pour mettre au point une combinaison d’outils pour lutter contre le COVID-19, dont des anticorps pour aider au diagnostic et au traitement, ainsi qu’un vaccin administré par vaporisation nasale.
Cette subvention fait partie d’un investissement de 26,8 millions de dollars du gouvernement du Canada pour la recherche de solutions dans la lutte contre l’éclosion d’infections au virus COVID-19. Quatre autres chercheurs de l’Université d’Ottawa ont obtenu une subvention, soit les Drs Ronald Labonté et Kumanan Wilson de la Faculté de médecine, le Dr Maxim Berezovski du Département de chimie et de sciences biomoléculaires, et le Dr Patrick Fafard de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales.
L’équipe du Dr Langlois a accès à un laboratoire certifié de Niveau de confinement 3 à Ottawa, permettant aux scientifiques de l’Université d’Ottawa et du Conseil national de recherches de manipuler de manière sécuritaire le virus infectieux vivant appelé SARS-CoV-2. Ils commenceront immédiatement leurs travaux de recherche, et même si l’épidémie de coronavirus actuelle est éventuellement neutralisée, leurs travaux nous permettront de mieux nous préparer à toute propagation future de coronavirus, une possibilité que le Dr Langlois juge « très probable ».
« Nous espérons pouvoir isoler des anticorps qui sont capables de réaction croisée avec plusieurs virus de la famille des coronavirus », déclare le Dr Langlois. « Ainsi, s’il y a une nouvelle vague d’un nouveau coronavirus, nous aurons les outils en main pour y faire face. »
On sait qu’il y a environ 40 espèces de coronavirus en circulation, dont un grand nombre chez les chauves-souris, qui ont un meilleur système immunitaire pour faire face à l’inflammation chronique causée par le virus. Les chauves-souris sont un réservoir naturel pour le virus. Parfois, ces virus se propagent au sein des populations humaines qui ne s’en sortent pas aussi bien. C’est ce qui s’est produit en 2003 lorsque le coronavirus associé au SRAS s’est manifesté dans la province de Guangdong en Chine.
Tout d’abord, l’équipe du Dr Langlois génèrera certains anticorps à domaine unique (de petites protéines en forme d’allumettes qui peuvent neutraliser le virus) à l’aide de deux lamas. En effet, il s’avère que les animaux de la famille des camélidés sont des spécialistes dans la production de ces types d’anticorps.
Ensuite, les scientifiques procéderont au clonage des gènes qui codent les anticorps anticoronavirus du lama et à leur rétroingénierie afin qu’ils puissent être produits à grande échelle en laboratoire. Les anticorps à domaine unique ont une meilleure chance de neutraliser le virus que les anticorps humains, car ils peuvent atteindre des zones réceptives plus petites à la surface du virus.
De plus, les anticorps qui se lient à la surface du virus peuvent servir d’identificateur pour identifier la souche de coronavirus dont le patient est porteur.
Chaque fois que le coronavirus contamine une nouvelle personne, sa séquence génétique est légèrement différente. L’équipe du Dr Langlois étudiera la rapidité à laquelle le virus évolue et déterminera pendant combien de temps un médicament ou un vaccin précis peut résister au virus en mutation constante pour y échapper.
Puis viendra ensuite le projet le plus ambitieux de l’équipe; tenter la mise au point d’un vaccin. Adoptant une approche différente de celle d’autres chercheurs, ils utiliseront différentes plantes pour produire à grande échelle les protéines de spicule virales que l’on retrouve à la surface du coronavirus. Ces protéines deviennent une cible que le système immunitaire peut apprendre à identifier comme une menace. Cette méthode à base de plantes est moins dispendieuse, plus simple et plus sécuritaire que les méthodes traditionnelles qui utilisent des cultures de cellules animales en bioréacteurs.
Le but est d’utiliser les protéines virales résultantes pour fabriquer un vaccin administré par vaporisation nasale. Le coronavirus s’infiltre souvent par le nez, et la capacité de déclencher une réponse immunitaire dans les mêmes tissus susceptibles d’y faire face en premier pourrait être très efficace. De nombreux pays dont l’économie émergente sera la plus touchée par le coronavirus stigmatisent également les aiguilles et préfèrent les vaccins administrés par vaporisation nasale.
« Il est impossible de prédire si cela va fonctionner », dit le Dr Langlois. « Il est raisonnable de croire que oui, et si tel est le cas, ce sera un moyen économique de produire très rapidement beaucoup de vaccins pour beaucoup de gens. »
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