Vous êtes (oui, vous!) plein de potentiel – ou du moins, vos cellules souches le sont!

Faculté de médecine
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Photo du Dr William Stanford
Potentiel. Ce mot revêt beaucoup d’importance pour de nombreuses personnes. À partir du moment où nous commençons à penser par nous-mêmes, on nous pose la sempiternelle question : « Que veux-tu faire quand tu seras grand? »

Par Jessie Duong
Rédactrice invitée spéciale

Jessie Duong est une étudiante de quatrième année à la Faculté de médecine, inscrite au programme de baccalauréat ès sciences spécialisé en médecine moléculaire et translationnelle. Elle a initialement rédigé cet article pour son cours de communication scientifique dans le cadre d'une série dressant le profil des chercheurs en biologie des systèmes. MedPoint publiera des profils de cette série tout au long de 2018.

Potentiel. Ce mot revêt beaucoup d’importance pour de nombreuses personnes. À partir du moment où nous commençons à penser par nous-mêmes, on nous pose la sempiternelle question : « Que veux-tu faire quand tu seras grand? » Comme nous sommes alors remplis de l’enthousiasme et de la naïveté qui caractérise les enfants, les possibilités nous semblent infinies : princesse, astronaute, médecin… et pourquoi pas princesse-astronaute-médecin!

Pour William Stanford, professeur de médecine cellulaire et moléculaire à l’Université d’Ottawa et scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa, ce rêve consistait à devenir vétérinaire et disc-jockey (DJ). Et, même comme il est devenu DJ au cours de ses études postsecondaires, sa deuxième carrière ne s’est en fait concrétisée que plus tard. Aujourd’hui, au lieu de faire tourner des disques et de mixer les derniers tubes des Arctic Monkeys, il fait tourner des tubes à essai et vit au rythme de sa réussite dans le domaine de la recherche sur les cellules souches.

Fondateur et directeur intérimaire du laboratoire de recherche sur les cellules souches pluripotentes humaines d’Ottawa, leader de renommée mondiale dans le domaine de la biologie des cellules souches, le professeur Stanford a fait beaucoup de chemin depuis l’époque où il passait son temps dans les studios. Malgré son amour de la musique, il a toujours su qu’il ferait carrière en médecine. Inspiré par son frère, à qui l’on avait diagnostiqué un trouble du développement des os, et motivé depuis l’adolescence par sa passion pour la science, il dirige à présent son propre laboratoire à titre de scientifique principal à l’Hôpital d’Ottawa. À l’heure actuelle, la recherche réalisée dans son laboratoire se concentre sur les cellules souches.

Mais que peut bien être une « cellule souche », vous demandez-vous?

Si nous revenons à notre analogie précédente, on peut comparer les cellules souches à des enfants. Comme eux, les cellules souches sont une page blanche qui peut « grandir » et devenir toutes sortes de cellules spécialisées, par exemple une cellule du cerveau, du sang ou des os. Ce processus est appelé « différenciation ». Et étant donné que les cellules souches peuvent se différencier pour devenir n’importe quel type de cellule possible, le nombre de maladies pouvant être étudiées au moyen de la technologie liée aux cellules souches est presque illimité.

Le laboratoire du professeur Stanford étudie actuellement les différents facteurs qui contribuent au processus décisionnel d’une cellule souche. Le fait de comprendre ce qui influe sur le destin des cellules souches permet de mieux comprendre le mécanisme sous-jacent des maladies humaines et de développer des thérapies novatrices pour traiter celles-ci.

Le professeur Stanford décrit son travail comme une « recherche de base réalisée dans l’optique de son application dans le milieu médical ». Il a récemment réussi à utiliser les cellules souches osseuses pour rétablir la densité de la masse osseuse chez les souris atteinte d’ostéoporose. Maintenant, il concentre ses efforts sur une maladie pulmonaire rare qui ne touche que les femmes : la lymphangioléiomyomatose (LAM).

« Nous essayons de comprendre pourquoi ces femmes développent la LAM », explique le professeur Stanford. « Qu’est-ce qui favorise la croissance des cellules LAM? D’où proviennent-elles? » À cette fin, son laboratoire utilise une stratégie novatrice appelée biologie des systèmes, une approche holistique qui s’appuie sur le fait qu’un système (dans ce cas, le corps humain) est plus fort que la somme de ses parties.

Traduisons cela en une analogie plus simple : si vous souhaitez savoir comment un vétérinaire a choisi sa carrière, vous examinerez plusieurs facteurs qui ont influencé son choix. Peut-être qu’il a grandi avec plusieurs chiens? Ou peut-être qu’il a été inspiré par un parent? Si vous n’aviez tenu compte que d’un facteur de ce processus de prise de décision, vous obtiendriez un aperçu incomplet.

De la même façon, pour comprendre comment les cellules LAM se différencient et comment la maladie progresse, vous ne pouvez pas l’attribuer à un événement isolé. Vous devez élargir votre recherche et examiner le réseau complexe des gènes et des protéines pour extraire la poignée d’entre elles qui pourraient jouer un rôle.

Bien qu’il reste encore beaucoup à faire avant que sa recherche puisse aboutir à une thérapie pour les patients souffrant de la LAM, le professeur Stanford voit l’avenir avec optimisme : « Je crois que nous sommes sur le point de réaliser de réelles avancées concernant l’utilisation de cellules souches pour mieux comprendre la maladie et développer de nouveaux traitements ».

Il n’est peut-être pas devenu vétérinaire et DJ, mais le professeur Stanford poursuit maintenant un autre rêve, en continuant d’explorer le monde de la recherche sur les cellules souches afin de trouver un remède contre cette maladie rare.

De DJ à une vedette scientifique : cela montre que nous avons tous du potentiel, jusque dans nos cellules souches.

Photo du Dr William Stanford

 

Graphique des cellules souches