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Au-delà de la blouse blanche
« Au-delà de la blouse blanche » vous invite à découvrir les chercheurs de la Faculté de médecine sous un nouveau jour – en dévoilant les histoires, les sources d’inspiration et les petits traits singuliers qui animent leurs travaux scientifiques. Chaque portrait offre un aperçu unique du parcours d’un chercheur, de l’étincelle qui a éveillé sa passion pour la recherche aux conseils qu’il partage avec les scientifiques de demain, révélant ainsi le visage humain derrière chaque découverte scientifique.
La Dre Alice Zwerling et la recherche mondiale en économie de la santé sur la tuberculose
La Dre Alice Zwerling, épidémiologiste spécialisée en maladies infectieuses et experte en tuberculose (TB), est une pionnière de l’utilisation de l’économie de la santé pour améliorer la prévention et le traitement de la TB à l’échelle mondiale. En se concentrant sur le rapport coût-efficacité de nouveaux outils et régimes de traitement, le travail de la Dre Zwerling contribue à optimiser les ressources de santé, en particulier dans les régions où la charge de TB est élevée.
Impact mondial : Collaborations internationales dans la recherche sur la TB
Les recherches de la Dre Zwerling s’étendent à des pays comme l’Eswatini, la Tanzanie, le Lesotho, l’Ouganda et le Malawi, où elle collabore avec les gouvernements locaux, les organisations de santé et les instituts de recherche pour explorer des méthodes novatrices de diagnostic et de traitement de l’infection tuberculeuse latente (LTBI). Son recours à des modèles économiques avancés, comme le modèle de Markov, guide les décisions concernant l’extension des diagnostics et des traitements préventifs dans des contextes de ressources limitées.
« Notre objectif est de comprendre la viabilité économique des nouveaux diagnostics et des traitements préventifs, » explique la Dre Zwerling. « En utilisant des modèles comme celui de Markov, nous pouvons évaluer l’efficacité et l’accessibilité de ces nouvelles approches pour une utilisation à grande échelle dans les régions où la TB reste un problème de santé publique majeur. »
Ces collaborations garantissent que de nouveaux outils sont mis en œuvre efficacement, aidant les décideurs à prioriser les interventions maximisant l'impact tout en restant rentables.
Objectif d’élimination de la TB au Canada : Lutter contre la TB au Nunavut
Au niveau national, le travail de la Dre Zwerling vise les taux de TB dans l’Arctique canadien, notamment au sein des populations inuites, où les taux de TB sont considérablement plus élevés que dans le reste du Canada. En collaboration avec le gouvernement du Nunavut et les organisations autochtones, elle évalue le rapport coût-efficacité des stratégies de dépistage et de soins de la TB, notamment les outils de santé numérique comme les consultations vidéo et les traitements plus courts.
« Nous nous concentrons sur la façon dont nous pourrions atteindre l’élimination de la TB dans l’Arctique canadien, » explique la Dre Zwerling. Ses recherches dans ce domaine soulignent l'importance d'adapter les interventions de la TB aux défis géographiques et logistiques uniques du Nord canadien. Les récentes conclusions de la Dre Zwerling, publiées dans The Lancet Regional Health – Americas, sont détaillées dans son article intitulé Opportunities for tuberculosis elimination in the Canadian Arctic: cost-effectiveness of community-wide screening in a remote Arctic community.
Favoriser l'impact : Recherche, politiques et justice sociale
La passion de la Dre Zwerling pour des décisions fondées sur des preuves est au cœur de son travail. « J'aime résoudre des problèmes et aider à fournir les preuves nécessaires aux décideurs, responsables politiques et gouvernements pour optimiser les ressources limitées en santé, » dit-elle. Cette approche est particulièrement percutante dans des contextes de ressources limitées, comme en Afrique subsaharienne et au Nunavut, où la charge de la TB reste élevée.
Ses contributions vont au-delà de ses sites de recherche ; la Dre Zwerling collabore avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour examiner les données économiques de la santé dans le cadre de l’élaboration de lignes directrices et de panels d’experts. Ses méthodes intègrent des considérations de justice sociale dans l’économie de la santé, garantissant que le rapport coût-efficacité reflète non seulement une évaluation financière mais aussi le bien-être sociétal.
Mentorat et inspiration
La Dre Zwerling attribue son succès à ses mentors. « J’ai eu la chance d’avoir d'excellents mentors académiques qui m’ont inspirée, non seulement pour ce qu’ils ont accompli scientifiquement, mais aussi pour qui ils sont en tant qu’êtres humains, » dit-elle. Elle met l'accent sur le respect et la collégialité académique, des valeurs qu'elle espère transmettre à la prochaine génération de chercheurs.
Aux jeunes chercheurs, elle partage un conseil issu de son propre parcours : « Soyez ouverts et réceptifs en tant que chercheurs. Certains de mes moments les plus fiers et mémorables sont venus d’opportunités inattendues qui m’ont détournée de mon ‘chemin prévu’. » La flexibilité et l'ouverture, selon elle, sont essentielles à l’innovation et à la découverte.
La vie au-delà de la recherche
Ces opportunités ont nourri chez la Dre Zwerling un amour pour le voyage et l’aventure. Récemment, elle et sa famille sont revenues d'un congé sabbatique en Eswatini, où ses enfants ont fréquenté les écoles locales et se sont pleinement immergés dans la vie africaine – un témoignage de son ouverture d’esprit et de sa capacité d’adaptation, des valeurs qu’elle défend tant dans sa vie personnelle que professionnelle.
Axes de recherche de la Dre Zwerling :
- Collaborations mondiales évaluant le diagnostic et le traitement de la TB, axées sur l'Afrique subsaharienne et l'Arctique canadien.
- Modélisation économique, y compris les modèles de Markov, pour évaluer le rapport coût-efficacité des soins contre la TB.
- Intégration de l’économie de la santé aux considérations d’équité et de justice sociale dans les processus décisionnels.
Au-delà de la blouse blanche : Le Dr Jonathan Angel en tête de la recherche pour guérir le VIH
Le Dr Jonathan Angel est un chercheur et clinicien-chercheur de premier plan dans le domaine du VIH, avec une carrière qui s’étend des recherches fondamentales en laboratoire aux essais cliniques novateurs. Au fil des années, ses travaux ont évolué de l’étude de l’immunopathogenèse du VIH à un focus unique sur la recherche d’un remède – une priorité mondiale avec le potentiel de transformer la vie de millions de personnes. Basé à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa, le Dr Angel allie science fondamentale et études cliniques novatrices, repoussant les frontières pour mieux comprendre et, un jour, éradiquer le VIH.
Construire des connaissances à l’intersection de l’inflammation et du VIH
L’intérêt du Dr Angel pour la recherche sur le VIH est né durant ses premières années de formation dans un laboratoire spécialisé en inflammation. « Au début des années 90, il y avait un fort intérêt et des investissements importants en recherche sur le VIH, ce qui a orienté mon travail vers l’étude de l’impact du VIH sur l’inflammation et le système immunitaire, » explique-t-il. À mesure que des thérapies révolutionnaires émergeaient, ses recherches ont évolué pour se concentrer sur la compréhension de leurs effets sur le système immunitaire. Aujourd’hui, grâce à des thérapies hautement efficaces, le Dr Angel fait avancer la recherche vers un remède en s’appuyant sur son expertise en immunopathogenèse du VIH pour relever un des plus grands défis médicaux.
L’influence des mentors et modèles
Les mentors ont joué un rôle fondamental tout au long de la carrière du Dr Angel. « Sur le plan clinique en maladies infectieuses, c’est Hillar Vellend à Toronto qui m’a d’abord inspiré. Plus tard, Gary Garber, qui m’a recruté à Ottawa, est devenu un modèle clé, notamment dans mon rôle actuel de chef de division, » raconte-t-il. Bill Cameron, un collègue de longue date, a également été un soutien exceptionnel et une ressource inestimable tout au long de ses près de trente ans de carrière en recherche. Ces mentors ont façonné tant son orientation scientifique que son style de leadership, renforçant son engagement à soutenir la prochaine génération de chercheurs.
Conseils pour les futurs chercheurs
Les conseils du Dr Angel aux jeunes chercheurs mettent en avant la persévérance, l’efficacité et la résilience. « Travaillez fort, » conseille-t-il. « Entourez-vous de personnes prêtes à vous soutenir sans réserve, soyez efficaces dans la gestion de votre temps et ne renoncez pas aux choses que vous aimez – mais sachez que ce n’est pas un travail de 9 h à 17 h. » Ces mots résument bien son approche pour une carrière exigeant rigueur intellectuelle et passion pour la découverte. L’expérience du Dr Angel montre que le travail acharné et un mentorat stratégique peuvent être le fondement de recherches percutantes et d’avancées cliniques significatives.
Au-delà de la recherche : un animal de compagnie original et une vie de famille
Quand on lui demande de partager un aspect méconnu de sa vie, le Dr Angel révèle un détail amusant et inattendu : il a un python royal prénommé Lois, un membre de la famille original et bien-aimé, hérité de l’un de ses enfants. Ce regard sur sa vie personnelle révèle un sens de l’humour et une capacité d’adaptation – des qualités tout aussi précieuses dans sa carrière.
Domaines de recherche du Dr Angel :
- Progresser vers la guérison du VIH, des recherches fondamentales aux premiers essais chez l’humain
- Explorer les interactions entre inflammation et impact du VIH sur le système immunitaire
- Collaborer avec des experts internationaux pour faire avancer la recherche d’un remède contre le VIH
À travers son travail, le Dr Angel incarne un engagement à transformer le paysage du traitement du VIH, avec un dévouement inébranlable à la science, au mentorat, et à une mission pour changer des vies.
Au-delà de la blouse blanche : Dre Marceline Côté et la lutte contre les virus émergents
La Dre Marceline Côté est professeure agrégée et directrice intérimaire du Département de biochimie, de microbiologie et d’immunologie (BMI), titulaire de la Chaire de recherche du Canada en virologie moléculaire, et membre du Collège de nouveaux chercheurs de la Société royale du Canada. Son parcours non linéaire mais inspirant l’a conduite à jouer un rôle majeur dans l’étude des virus zoonotiques — ces agents pathogènes qui passent des animaux aux humains. Sa recherche et son approche pour contrer ces virus ont beaucoup évolué, notamment après la pandémie de COVID-19.
Principaux domaines de recherche
La Dre Côté se concentre principalement sur les virus zoonotiques, en particulier les virus enveloppés, qui possèdent une couche lipidique externe et incluent certaines des menaces les plus notables, comme le virus Ebola, le SRAS et la grippe aviaire. Fascinée par le processus d’entrée virale — mécanisme par lequel ces agents infectieux pénètrent dans les cellules humaines — elle cherche à bloquer cette étape critique pour prévenir les infections. « Nous nous efforçons de créer des plateformes sûres pour étudier ces virus grâce à la virologie moléculaire », explique-t-elle. Son laboratoire collabore à l’échelle mondiale pour analyser de nouvelles séquences virales et évaluer les menaces potentielles pour la santé humaine. Tout au long de sa carrière, elle a généré de nombreux plasmides codant pour des glycoprotéines virales, notamment celles du SARS-CoV-2, qui sont partagées mondialement via Addgene. Ces collaborations permettent de tester des anticorps et des antiviraux en préparation des futures épidémies. « Il s’agit avant tout d’être préparé face à ces virus », souligne-t-elle, insistant sur l’importance d’anticiper des menaces toujours plus complexes.
Inspiration et débuts
La passion de la Dre Côté pour la virologie s’est révélée durant ses études de premier cycle, où elle a eu l’occasion de travailler dans des laboratoires à Sherbrooke, au Québec, et à Lausanne, en Suisse. À Sherbrooke, elle s’est penchée sur les adénovirus dans le cadre de la thérapie génique contre le cancer, tandis qu’en Suisse, elle a étudié les virus mammaires chez la souris et les déclencheurs de maladies virales. Ces expériences lui ont permis de voir les virus sous un nouveau jour — non pas uniquement comme des agents pathogènes, mais aussi comme de puissants outils de recherche. « Si nous les comprenons bien, nous pourrions les utiliser comme des outils », confie-t-elle en se remémorant cette fascination initiale.
Ses études supérieures à l’Université McGill l’ont amenée à travailler sur les rétrovirus oncogènes munis de glycoprotéines, capables de provoquer des cancers et de permettre l’entrée des virus dans les cellules hôtes. Cet intérêt croissant pour le processus d’entrée virale l’a ensuite conduite au prestigieux laboratoire du Dr James Cunningham à Harvard, où elle a travaillé sur le virus Ebola. « Ce travail postdoctoral sur le virus Ebola, à une époque où le SRAS était encore dans tous les esprits et où des virus émergents comme le MERS devenaient plus fréquents, a vraiment solidifié mon intérêt pour ce domaine », raconte-t-elle.
Le rôle des mentors et de la collaboration
La Dre Côté attribue son succès non seulement à ses mentors, mais aussi à la collaboration et au soutien de son équipe de recherche. Travailler sous la direction du Dr Cunningham à Harvard, qui étudiait l’entrée du virus Ebola dans les cellules humaines, a marqué un tournant dans sa carrière. Elle insiste également sur l’importance du travail d’équipe dans la réussite : « Il s’agit du travail en équipe dans le laboratoire et entre différents laboratoires, surtout depuis la COVID-19 », dit-elle, en mettant en avant l’importance des collaborations interdisciplinaires et internationales dans son succès. L’effort mondial visant à partager les données, les séquences virales et les ressources de recherche a changé le paysage de la virologie et souligne l’importance de la communauté dans le domaine scientifique.
Conseils aux jeunes chercheurs
Pour les jeunes chercheurs qui souhaitent faire une différence, la Dre Côté donne un conseil simple mais profond : trouvez un domaine qui vous passionne vraiment. « La recherche est difficile », admet-elle. « Quatre-vingt-dix pour cent des expériences ne donneront pas les résultats espérés, sans même parler de celles qui échouent. Il faut surmonter les aspects négatifs pour découvrir ce que l’on cherche. » Son secret pour persévérer ? La passion. « Si cela ressemble à un travail, alors ce n’est pas le bon domaine », dit-elle avec un sourire. « Trouvez quelque chose qui vous passionne, et le reste suivra. »
Avec son dévouement et son approche innovante, la Dre Marceline Côté continue d’incarner tout ce que la passion, la persévérance et la collaboration peuvent accomplir dans le monde exigeant de la virologie.