Une équipe de l’Université d’Ottawa et de l’Université du Manitoba a récemment mené une étude de cohorte rétrospective auprès de Canadiens et de Canadiennes qui souffrent d’hypertension et dont la langue de préférence n’est ni le français ni l’anglais. Celles et ceux qui étaient traités dans leur langue étaient 36 % moins susceptibles de subir un événement cardiovasculaire indésirable majeur, à savoir une crise cardiaque, une insuffisance cardiaque ou un AVC. Lorsqu’il y avait concordance linguistique entre une personne et son médecin, le risque de décès était de 28 % inférieur comparativement aux patientes et patients dont les soins étaient prodigués par des médecins qui ne parlaient pas leur langue.
Des renseignements essentiels
Michael Reaume, résident à la Division de néphrologie de l’Université d’Ottawa, a piloté l’étude auprès de 124 583 allophones s’exprimant dans une centaine de langues.
« Si un nouveau médicament devait réduire de 36 % le risque d’événement cardiovasculaire indésirable majeur, ou de 28 % le risque de mortalité toutes causes confondues, on le prescrirait immédiatement à nos patientes et patients. On doit commencer à voir du même œil les obstacles linguistiques dans nos systèmes de santé », soutient Michael Reaume.
« Pour cela, il faudrait d’abord ajouter systématiquement la préférence de langue aux dossiers des patientes et patients. Il s’agit de renseignements essentiels qui nous permettent de jumeler les gens à des prestataires de soins pouvant s’exprimer dans leur langue, et de déterminer qui aurait besoin de services professionnels d’interprétation. »
Recommandations
- Optimiser la prestation de soins linguistiquement concordants pour entraîner une diminution significative des effets cardiovasculaires indésirables et mener à de meilleurs soins à la population.
- Prôner un accès équitable aux études médicales pour les communautés linguistiques minoritaires, de façon à pouvoir répondre aux besoins en santé de la diversité linguistique dans une communauté donnée.
- Recueillir des données sur les langues dans lesquelles peuvent s’exprimer les patientes et patients ainsi que les prestataires de soins pour que les systèmes de santé puissent adopter des stratégies de jumelage linguistique.
L’étude « Patient-Physician Language Concordance and Cardiovascular Outcomes Among Patients With Hypertension » a été publiée le 19 février 2025 par le JAMA Open Network.
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