« On estime que 70 % des personnes atteintes d’asthme ou de MPOC ne sont pas diagnostiquées », a déclaré le Dr Shawn Aaron, responsable de l’étude, scientifique principal et spécialiste des poumons à L’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa. « Il s’agit de la première étude qui prouve que le traitement de ces personnes fait une réelle différence pour leur santé et leur qualité de vie. »
Comment l’équipe de recherche a-t-elle trouvé les cas non diagnostiqués?
Pour trouver les personnes atteintes d’asthme et de MPOC non diagnostiqués, l’équipe de recherche a appelé des numéros de téléphone au hasard dans 17 sites à l’étude à travers le Canada de 2017 à 2023. Un appel automatisé demandait si des adultes du foyer avaient eu un essoufflement inexpliqué, une respiration sifflante, une toux prolongée ou avaient craché des mucosités au cours des six derniers mois.
Les 26 905 personnes qui ont signalé ces symptômes ont rempli des questionnaires. Les personnes les plus susceptibles d’être atteintes d’asthme ou de MPOC ont subi un test respiratoire par spirométrie, la norme de référence en matière de diagnostic.
Au total, 595 personnes ont reçu un diagnostic d’asthme ou de MPOC, et 508 ont accepté de participer à un essai contrôlé randomisé visant à comparer différents types de soins.
La moitié des participants à l’essai a été assignée de manière aléatoire aux soins habituels (soins fournis par leur fournisseur de soins primaires ou par une clinique sans rendez-vous), tandis que l’autre moitié a été traitée par un pneumologue et un éducateur en matière d’asthme/de MPOC (une infirmière ou un inhalothérapeute spécialement formé).
Les personnes traitées par un pneumologue et un éducateur ont reçu une prescription d’inhalateurs pour traiter leur asthme ou leur MPOC et ont appris à les utiliser. Certains ont reçu des plans d’action pour les aider à gérer eux-mêmes les poussées de la maladie. Ils ont bénéficié d’un traitement pour l’abandon du tabac, de conseils en matière d’exercice physique et de poids, ainsi que de vaccins contre la pneumonie et la grippe, le cas échéant.
Quatre-vingt-douze pour cent des patients suivis par un pneumologue et un éducateur spécialisé dans l’asthme/la MPOC ont commencé à prendre de nouveaux médicaments pour l’asthme ou la MPOC, contre 60 % des patients ayant reçu les soins habituels.
Le traitement de l’asthme et de la MPOC non diagnostiqués réduit le nombre de consultations médicales
Les chercheurs ont constaté que les patients suivis par un pneumologue et un éducateur spécialisé dans l’asthme/la MPOC ont consulté en moyenne 0,53 fois par an pour des symptômes respiratoires au cours de l’année qui a suivi le diagnostic, contre 1,12 fois pour le groupe de patients recevant les soins habituels.
En outre, les patients suivis par un pneumologue et un éducateur spécialisé dans l’asthme/la MPOC ont vu leur score moyen au questionnaire respiratoire de St. George’s augmenter de 10,2 points, contre 6,8 points pour le groupe recevant les soins habituels. Une augmentation de quatre points signifie une amélioration de la santé et de la qualité de vie.
« Dans la réalité, tout le monde ne peut pas consulter un pneumologue », explique le Dr Aaron. « La bonne nouvelle, c’est que tant qu’un patient est diagnostiqué et traité, ses symptômes s’améliorent. Dans notre étude, les personnes qui se sont adressées à des fournisseurs de soins primaires et à des cliniques sans rendez-vous ont obtenu d’excellents résultats, tout comme celles qui ont consulté un pneumologue et un éducateur spécialisé dans l’asthme/la MPOC. »
« Le diagnostic de l’asthme change vraiment les choses », déclare une participante à l’étude
Jazzminn Hein avait 24 ans et venait de donner naissance à son premier enfant lorsqu’elle a reçu l’appel l’invitant à participer à l’étude. Porter quelques charges de linge dans les escaliers ou parler au téléphone pendant 10 minutes l’essoufflait. Elle ne voyait pas l’inconvénient de passer un test respiratoire.
« Pendant des années, j’ai parlé aux médecins de cet éléphant sur ma poitrine et de mes difficultés à respirer. Ils m’ont dit que c’était mon anxiété, que j’avais des crises de panique », se souvient Jazzminn.
Mais ce n’était pas des crises de panique. C’était de l’asthme. Un asthme qu’elle avait probablement depuis l’école primaire. Un inhalateur quotidien a transformé ses symptômes.
« Le diagnostic de l’asthme change vraiment les choses », dit-elle. « Les muscles ont besoin d’oxygène, et lorsqu’on ne peut pas respirer correctement, on se sent mal et fatigué en permanence. J’ai remarqué un regain d’énergie. J’ai maintenant deux enfants en bas âge et je peux les suivre. Je dors mieux parce qu’avant, je me réveillais régulièrement en ayant du mal à respirer. »
L’asthme touche 8 % des adultes canadiens et peut apparaître à tout âge, tandis que la MPOC touche 8 % des Canadiens de plus de 60 ans.
« Si vous présentez des symptômes respiratoires comme les miens, allez chez votre médecin ou dans une clinique sans rendez-vous et demandez un test de spirométrie », recommande Jazzminn. « Le pire qui puisse arriver, c’est que vous ayez perdu votre temps. Mais si vous avez une maladie respiratoire et que vous la traitez correctement, vous serez en mesure de faire des choses dont vous n’aviez pas conscience ».
Le Dr Aaron partage l’avis de Jazzminn et pense que le meilleur moyen de détecter davantage de cas d’asthme et de MPOC non diagnostiqués est que les patients se défendent eux-mêmes. Dans une étude antérieure, il montrait que même les stades précoces de ces maladies sont liés à une moins bonne qualité de vie, à une plus grande utilisation des soins de santé et à une baisse de la productivité au travail.
« De nombreuses personnes savent qu’elles doivent demander des tests de dépistage du cancer du sein et du cancer du côlon lorsqu’elles remarquent certains signes. Idéalement, ils demanderaient un test de spirométrie lorsqu’ils remarquent des symptômes de maladies respiratoires chroniques, déclare le Dr Aaron. Les gens n’ont pas à supporter ces problèmes respiratoires alors qu’il existe des traitements efficaces. »
Demandes médias : [email protected]