Pour la professeure Mary-Ellen Harper, toutefois, le métabolisme est plutôt une obsession scientifique, un sujet qui occupe ses pensées au quotidien depuis ses années de secondaire.
« J’étais simplement fascinée par la manière dont les différents systèmes et organes de notre corps travaillent ensemble pour assurer notre santé métabolique », dit-elle depuis son bureau à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa.
Le métabolisme est la somme des réactions chimiques qui se produisent dans les cellules du corps et qui transforment les aliments que nous mangeons en énergie, nécessaire à la vie.
Scientifique de renommée mondiale, diplômée de l’Université d’Ottawa et directrice du Harper Laboratory of Mitochondrial Bioenergetics, la professeure Harper s’efforce, en compagnie de son équipe, de comprendre comment le métabolisme peut se désorganiser au niveau cellulaire et causer le diabète et des maladies qui atteignent le cœur, le cerveau, les muscles squelettiques et le pancréas.
« Nous espérons que nos travaux déboucheront sur de meilleurs traitements des troubles métaboliques, comme le diabète de type 2, dont souffrent tant d’adultes au Canada », explique la professeure.
Un espace pour attirer et retenir les talents
En plus d’enseigner et de faire de la recherche, la professeure Harper dirige l’Institut de biologie des systèmes d’Ottawa, situé à la Faculté de médecine de l’Université, qui regroupe 38 spécialistes étudiant différents mécanismes pathologiques. Le groupe ne travaille pas dans le même espace depuis maintenant cinq ans, faute de place dans les laboratoires d’expérimentation – des milieux hautement spécialisés où les scientifiques manipulent des produits chimiques et des échantillons biologiques.
« Bien des gens se sont ajoutés à l’équipe depuis mon arrivée, et nos besoins ont évolué, explique la professeure. Les équipements de pointe prennent beaucoup d’espace et s’accompagnent d’exigences techniques très particulières. Il nous faut des infrastructures et des environnements capables de nous soutenir à mesure que nos travaux s’intensifient, et nous savons que d’autres font face aux mêmes enjeux. »
« Il nous faut des infrastructures et des environnements capables de nous soutenir à mesure que nos travaux s’intensifient, et nous savons que d’autres font face aux mêmes enjeux. »
Mary-Ellen Harper
— Professeure à uOttawa et directrice du Harper Laboratory of Mitochondrial Bioenergetics
Ce manque de laboratoires expérimentaux a forcé la communauté de recherche et les jeunes entreprises en biotechnologie à quitter Ottawa.
Cette situation, l’Université d’Ottawa s’est donné pour mission de la rectifier. Sylvain Charbonneau, vice-recteur à la recherche et à l’innovation, coordonne bon nombre des activités de recherche de l’Université d’Ottawa avec celles des cinq hôpitaux et des six instituts de recherche de la région. Il fait également partie de l’équipe derrière la concrétisation du nouveau Centre de recherche médicale de pointe (CRMP) que l’on érige actuellement sur le campus Alta Vista de l’Université (siège de la Faculté de médecine), aux portes de l’Hôpital d’Ottawa et du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO).
« Il s’agit du plus important investissement jamais réalisé par l’Université d’Ottawa, souligne-t-il en souriant. Ce centre permettra d’aménager 350 000 pieds carrés d’infrastructures qui seront consacrées à la recherche et à l’innovation. »
Le CRMP, dont l’ouverture est prévue au premier semestre de 2026, sera un foyer d’innovation interdisciplinaire voué à la recherche au service de meilleurs soins aux patientes et patients. Il regroupera sous un même toit des dizaines de laboratoires, des installations de recherche de base et d’autres infrastructures essentielles pour l’innovation, l’enseignement, la recherche et la commercialisation.
Espace de collaboration conçu selon les normes de la certification LEED Or, le CRMP comptera parmi les nouveaux immeubles les plus écoresponsables à Ottawa. Il sera doté d’équipement à la fine pointe ainsi que de bureaux, de salles de réunion et laboratoires à louer. L’édifice aura aussi un atrium ensoleillé où les gens pourront se réunir et rencontrer des collègues de différentes disciplines.
Pour un secteur des biotechnologies à Ottawa
L’une des branches principales du CRMP sera son Pôle d’innovation, où les chercheuses et chercheurs pourront faire équipe avec des sociétés de capital de risque et d’autres investisseurs pour incuber de jeunes entreprises, obtenir du soutien et commercialiser leurs découvertes. On leur offrira du mentorat et des conseils sur la conformité réglementaire, les questions de nature juridique et l’expansion commerciale.
Les espaces de laboratoire et l’expertise commerciale coûtent cher. Selon Sylvain Charbonneau, la région a besoin d’un camp de base comme celui-ci pour démarrer des entreprises aux innovations et aux découvertes de classe mondiale. C’est pourquoi il se réjouit à l’idée d’une collaboration entre le CRMP, les investisseurs et les sociétés de capital de risque.
« Dans les 15 dernières années, l’Université a vu naître 35 entreprises issues de la Faculté de médecine, affirme-t-il. Le problème à l’heure actuelle, c’est que ces entreprises ne peuvent pas toutes être absorbées dans l’écosystème local. Elles s’en vont à Montréal ou à Toronto. Pire encore, elles s’installent à Boston et en Californie. Créer un secteur des biotechnologies à Ottawa, ça commence ici. »
« Dans les 15 dernières années, l’Université a vu naître 35 entreprises issues de la Faculté de médecine. […] Créer un secteur des biotechnologies à Ottawa, ça commence ici. »
Sylvain Charbonneau
— Vice-recteur à la recherche et à l’innovation
La ville d’Ottawa est de plus en plus reconnue comme un carrefour de pointe de la recherche et de l’innovation en santé. À la mi-avril, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il verserait 115,8 millions de dollars pour financer le nouveau Pôle canadien de préparation à la pandémie. Ce projet stimulant est codirigé par l’Université d’Ottawa, l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et l’Université McMaster. Il s’agit d’un énorme investissement dans la capacité de l’Ontario à commercialiser de nouveaux agents biothérapeutiques, comme des vaccins, des anticorps et des thérapies géniques.
« Nous mettons en place un environnement de recherche qui encourage cet esprit d’entrepreneuriat chez chercheuses et chercheurs, explique Sylvain Charbonneau. Bien des membres du corps professoral dont la renommée n’est plus à faire souhaiteront, à un moment ou à un autre, réfléchir à leur avenir entrepreneurial. »
Le Centre de recherche médicale de pointe est plus qu’un espace ultramoderne pour retenir les esprits scientifiques les plus brillants à Ottawa : c’est aussi un vecteur d’évolution culturelle dans le secteur des sciences de la vie et de la biotechnologie pour le rendre plus audacieux, ambitieux et résilient.
Pour en savoir plus sur le CRMP et découvrir comment soutenir la recherche, l’innovation en soins de santé et le bien-être des patientes et patients au Canada, communiquez avec Jonathan Bodden, directeur exécutif au développement des affaires à l’Université d’Ottawa, à l’adresse [email protected] ou au 613-614-3571.