Le Jardin autochtone prend racine à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa

Par David McFadden

Rédacteur scientifique, Université d'Ottawa

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Closeup of the Indigenous Garden
Cet espace vert exclusif remplira de nombreuses fonctions, notamment celle de favoriser activement l’engagement et la réconciliation avec les membres de la communauté autochtone.

Du creux d’une coquille d’ormeau, une fumée odorante s’élève vers le ciel. Elle provient de la combustion de sauge, de tabac, de cèdre et de foin d’odeur, quatre plantes médicinales sacrées utilisées dans les cérémonies de guérison autochtones. Une Aînée algonquine effleure délicatement de ses mains la fumée tressée et l’offre aux quatre directions dans le cadre d’une pratique de purification par la fumée (connue sous le nom de smudging en anglais).   

« Lorsqu’on est très stressé, nous avons besoin de ça, et c’est très important (de le comprendre). On a besoin du jardin », explique Annie Smith St-Georges, une éminente Aînée et guérisseuse traditionnelle qui a grandi dans la réserve Kitigan Zibi Anishinābeg, près de Maniwaki, au Québec, et qui contribue au développement et à la mise en œuvre du Programme autochtone de la Faculté de médecine depuis ses débuts.

Aujourd’hui, grâce au don de nombreuses plantes médicinales traditionnelles provenant du jardin qu’elle cultive avec son mari métis, Robert, un Jardin autochtone voit le jour sur le campus de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. Le couple sera sur place pour inaugurer ce jardin spécialement conçu à l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation de cette année. 

Situé juste à l’extérieur du pavillon Roger-Guindon (RGN) de la Faculté, cet espace vert composé de plates-bandes surélevées et de plantes allant de l’épinette et du cèdre à la menthe et au foin d’odeur remplira plusieurs fonctions. C’est une véritable salle de classe qui grouille de vie. C’est un lieu de réflexion et de dialogue qui apportera la guérison à la communauté et fournira aux Aînés et aux gardiens du savoir traditionnel les remèdes traditionnels nécessaires pour prodiguer des soins dans le cadre de leurs pratiques spirituelles. Il constituera également un outil d’enseignement qui permettra de combiner le savoir traditionnel séculaire et la science moderne.

Et, comme le conseille la sagesse autochtone, ce jardin servira de rappel à tous de « bien agir » sur cette planète que nous nous partageons.

Engagement et réconciliation

Hailey Land, étudiante métisse à la Faculté de médecine qui a contribué à faire avancer les plans du jardin en tant qu’ancienne présidente du Groupe d’intérêt en santé autochtone et représentante du Comité EDI du Programme autochtone, affirme que cet espace permettra également de pratiquer la réconciliation.

D’un point de vue personnel, Hailey Land estime que le nouveau jardin représente une « étape importante » vers l’intégration des connaissances et des pratiques autochtones dans un espace institutionnel qui, au cours des décennies précédentes, était déconnecté de ces perspectives. (Le 18 septembre, l’Association médicale canadienne a présenté des excuses officielles pour les préjudices causés par la profession médicale aux Premières Nations, aux Métis et aux Inuits. Les plantes fournies par Annie Smith et Robert St-Georges ont contribué au processus de guérison ce jour-là à l’Université d’Ottawa).

« L’idée, outre la création d’un espace attrayant, est de travailler activement à la réconciliation et à une approche plus inclusive de l’apprentissage et de la pratique », explique Hailey Land, infirmière autorisée qui souhaite devenir dermatologue pour les communautés autochtones rurales et éloignées. 

Hailey Land
Hailey Land

« Il était important pour moi de contribuer à la création d’un symbole qui offre un espace favorisant l’éducation, la réflexion et le rapprochement, et qui promeut une meilleure compréhension des traditions autochtones et de leurs contributions à la santé et au bien-être. »

Tanya Lalonde, ancienne coordonnatrice du Programme autochtone de la Faculté et maintenant conseillère au Centre de ressources autochtones Mashkawazìwogamig de l’Université d’Ottawa, a ajouté que les organisateurs, dont la Société d’Esculape, tenaient à ce que le jardin soit un lieu des plus accueillants pour les étudiants autochtones.

« Il était important pour nous que les étudiants autochtones disposent d’un lieu qui reflète leur identité et leur culture », affirme Tanya, une femme métisse crie qui a déployé beaucoup d’efforts pour que le projet se concrétise.

« Ce jardin est le fruit d’un véritable travail d’amour, poursuit-elle, et je suis très fière d’en faire partie. Savoir qu’il fera toujours partie de la Faculté de médecine me procure une grande joie, et savoir qu’il servira à enseigner aux générations futures constitue un formidable héritage auquel on peut participer. »

Apprendre de la nature

Annie Smith St-Georges affirme que le respect des plantes de la Terre et la connaissance des pratiques de guérison autochtones peuvent amener les cliniciens et les chercheurs à faire preuve d’une plus grande compétence culturelle et d’une plus grande sensibilité. Cela peut, selon elle, encourager les professionnels de la santé à « sortir des sentiers battus » lorsqu’il s’agit de prodiguer des soins avec compassion, en tenant compte des spécificités culturelles. 

Closeup of plants in the garden
Romarin en fleurs et autres plantes poussant dans le jardin indigène.

Elle espère également que le jardin contribuera à atténuer le stress quotidien des étudiants et des stagiaires de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa.

« Les étudiants en médecine, et je sais que c’est comme ça dans le domaine médical, doivent travailler sans relâche. Ils doivent prendre le temps de s’arrêter, prendre le temps d’aller au jardin et de réfléchir », déclare l’Aînée, dont la vie et la carrière comprennent la fondation d’un centre de santé visant à intégrer le savoir autochtone à la science médicale ainsi que, avec son mari, l’ouverture et la clôture de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

Selon elle, tous les membres de la communauté de la Faculté peuvent en bénéficier s’ils s’ouvrent à ce que le jardin peut leur apprendre. Elle estime que les professionnels de la santé, qui sont toujours très occupés, doivent prendre le temps de s’intéresser aux aspects émotionnels, mentaux et spirituels de la guérison sous toutes ses formes.

« Les médecins doivent comprendre qu’ils doivent aussi prendre soin d’eux-mêmes, dit-elle. Ils sont humains, ils ont des sentiments. Et ils auront des sentiments lorsqu’ils pratiqueront. Ils doivent faire preuve d’attention, d’amour, de compassion et de confiance, et croire aussi en eux-mêmes ». 

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