Journée internationale des femmes : la Dre Katey Rayner répond à nos questions

Par David McFadden

Rédacteur scientifique, Université d'Ottawa

Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa
Équité, diversité et inclusion
Recherche et innovation
Formes de femmes abstraites
La Dre Katey Rayner figure parmi les chefs de file les plus dynamiques de notre communauté de recherche.

Professeure au Département de biochimie, microbiologie et immunologie et directrice d’un laboratoire florissant àl’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, la Dre Rayner et son équipe font un travail remarquable dans l’avancement de la science liée à l’hématologie et aux vaisseaux sanguins ainsi que dans l’exploration des mystères des microARN.

Doyenne adjointe, Recherche au sein de la Faculté, la Dre Rayner a remporté à ce jour de nombreuses distinctions prestigieuses dans sa carrière. Parallèlement, elle est une mère, une épouse, une fille, une coureuse, et la mentore d’un groupe de stagiaires ambitieux de l’Université d’Ottawa surnommé « Rayhive ».

Pour souligner la Journée internationale des femmes, nous nous sommes entretenus avec la Dre Rayner pour connaître ses points de vue sur la conciliation travail-vie personnelle, la recherche médicale comme parcours professionnel, et sur bien d’autres sujets.

Portrait of Dr. Katey Rayner
Dr. Katey Rayner

Q : Qu’est-ce qui vous a d’abord motivée à poursuivre une carrière en science?

R : À l’école, j’étais douée en science et c’était un sujet qui m’intéressait. Je crois qu’initialement, ma motivation m’est venue de mon aptitude et de ma curiosité innée. Mais ce n’est que durant mes études universitaires que j’ai compris qu’il était possible d’être scientifique de profession, et que cela pouvait être un parcours d’apprentissage et professionnel pour moi. Il ne m’était jamais venu à l’esprit qu’on pouvait effectivement faire carrière à titre de scientifique!

Lorsque j’ai découvert que cela était possible, je me suis intéressée plus particulièrement à l’étude du corps humain et son fonctionnement. Et j’étais surtout intriguée par les choses qu’on s’explique mal. Pour moi, ce qui n’est pas encore compris était – et demeure – extrêmement captivant.

Q : Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui envisagent d’embrasser une carrière dans le domaine de la recherche médicale au Canada?

R : Ce n’est pas un domaine à craindre! Le domaine de la recherche biomédicale a changé – et continue d’évoluer au fil des années. Ce n’est pas le milieu intimidant et peu accueillant qui était décrit par certains auparavant. Certes, il reste encore du travail à faire, et les choses ne changent pas aussi rapidement qu’on le souhaite, mais je peux citer des milliers d’exemples de choses qui se sont améliorées depuis le début de ma carrière.

C’est une carrière formidable qui offre une foule de possibilités, et beaucoup de flexibilité. Les possibilités de croissance et de perfectionnement sont nombreuses. Je crois que nous sommes bien loin de l’époque où les gens brandissaient le vieil argument selon lequel les femmes n’avaient aucune aptitude pour la science. C’est en fait le domaine parfait pour les femmes intelligentes qui souhaitent faire une différence. Il nous en faut plus! Elles sont nombreuses en début de carrière; le bassin de candidates se porte bien.

En début de carrière, il n’y a absolument pas de pénurie de femmes dans les STIM, le bassin regorge de femmes. C’est aux stades de carrière beaucoup plus avancés que la représentation des femmes pose un défi.

Q : La conciliation travail-vie personnelle est un sujet important en médecine et en recherche. Plusieurs jeunes, tant des femmes que des hommes, se posent la question suivante : « Comment vais-je pouvoir faire carrière dans ce domaine hautement concurrentiel et fonder une famille? » Pouvez-vous partager ce que vous avez appris en parvenant à vous forger une brillante carrière tout en fondant une famille?

R : Oui, c’est un sujet important pour toute discipline qui nécessite un long parcours d’études et qui comporte des enjeux concurrentiels, pour ainsi dire. Et dans le domaine de la recherche, notamment la recherche médicale, le financement est parcimonieux. On doit vraiment donner le meilleur de soi en tout temps pour maintenir le financement accordé. Alors, pour quiconque – homme, femme, en couple, célibataire – s’il y a d’autres personnes dans notre vie qui comptent sur nous, on doit s’assurer de maintenir un équilibre.

En règle générale, je crois que l’on attend souvent des femmes qu’elles réalisent la conciliation travail-vie personnelle, et cela renforce le fait que les femmes ont généralement plus de responsabilités familiales que les hommes. Mais je crois que le changement qui s’opère est que les hommes sont, maintenant, eux aussi très préoccupés par cette question de conciliation. Ils reconnaissent qu’il est difficile d’avoir une carrière compétitive tout en s’occupant d’une famille.  

Selon moi, l’élément clé à la conciliation travail-vie personnelle est le soutien. Personne ne dit « Oh, c’est parce que j’aime vraiment mon travail, » ou « J’ai de très bons enfants ». Le soutien est essentiel. Il peut s’agir du soutien d’un ou d'une partenaire, de parents ou de proches. Parfois, il s’agit du soutien organisationnel avec incitatifs financiers (p. ex. des services de garde sur place). Le soutien, peu importe sa forme, est essentiel.

Q : Selon vous, quel est l’aspect que les organismes ou les établissements de soins de santé sous-estiment éventuellement lorsqu’il s’agit du soutien accordé aux femmes en milieu de travail?

R : Je crois que notre façon de travailler est encore influencée par de vieilles façons de penser. Le concept de la journée de travail de 9 h à 17 h, par exemple, remonte à l’époque où les hommes pouvaient compter sur le soutien d’une personne à la maison qui s’occupait des enfants. Cette vieille école de pensées ne tient pas compte, entre autres, des congés scolaires pour ceux qui ont des enfants.

Il ne faut pas se le cacher, les gens qui comptent sur vous se moquent éperdument de ce qui définissait une journée de travail autrefois. Ils ne se soucient pas du fait que votre réunion débute à 9 h ou à 7 h. Ainsi, je crois que les organisations qui œuvrent dans le domaine de la médecine le reconnaissent de plus en plus, mais il reste encore du travail à faire. Il existe des moyens pertinents d’offrir du soutien aux gens en faisant preuve d’une flexibilité explicite. De même, un soutien financier est de mise pour les responsabilités en matière de soins aux enfants.

De plus, à mesure que nous avançons en âge, nous n’avons plus à fournir des soins à nos enfants, mais désormais à nos parents. Et les soins que l’on doit prodiguer à nos proches qui vieillissent représentent presque toujours un fardeau financier, un fardeau parfois inimaginable. Nous n’avons pas encore entièrement réalisé que ce n’est pas seulement lorsqu’ils sont jeunes que les gens ont besoin de nous; ils ont également besoin de nous lorsqu’ils sont plus âgés. C’est probablement la prochaine étape dans le soutien organisationnel des femmes, puisque ce sont elles qui héritent d’une grande partie des responsabilités familiales.

Q : Y a-t-il une femme dans l’histoire de la recherche médicale à laquelle vous pensez lors de la Journée internationale des femmes? Une personne qui n’a pas reçu toute la reconnaissance qu’elle méritait de son vivant?

R : Une de mes étudiantes au doctorat m’a récemment fait découvrir ce livre intéressant sur 52 femmes qui ont changé l’histoire de la science. Dès les premières lignes, on précise que le livre ne traite pas de figures historiques telles que Marie Curie et Rosalind Franklin, car ce sont des femmes dont on parle sans cesse dans le domaine de la science. Et avec raison, elles le méritent! Mais il y a d’autres femmes qui ont fait un travail révolutionnaire, et que nous nous devons de connaître.

En lisant ce livre, je découvre des femmes vraiment intéressantes et inspirantes. Si vous me posez cette question à nouveau l’an prochain, je pourrai vous raconter des histoires vraiment intéressantes!

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