Lorsqu’on demande à Melissa Sen Phuong ce qui l’a amenée à exceller dans le programme de doctorat en médecine (M.D./Ph. D.) de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, elle n’a pas besoin de réfléchir longuement.
Elle est la fille de réfugiés du Vietnam. Avant de se connaître, ses parents ont fait partie, avec leurs familles, des milliers de Sud-Vietnamiens qui ont fui le pays par bateau au lendemain de la guerre. Alors encore jeunes, ils ont survécu à de périlleux périples en mer sur des bateaux de pêche branlants pour arriver dans des camps de réfugiés des pays voisins. Ses parents arrivent tous les deux au Canada au début des années 1980, où ils finiront par se rencontrer et se marier.
Les expériences vécues par sa famille au cours de cette migration et de cette crise humanitaire ont façonné sa vision de la médecine et l’ont amenée à devenir une médecin et une chercheuse empathique et compétente sur le plan culturel.
« Le fait que les miens aient été des boat people (réfugiés de mer) du Vietnam, et les facteurs de risque et les obstacles à l’accès aux soins de santé auxquels ils ont été confrontés, ont été décisifs dans ma volonté de devenir médecin », déclare Phuong, qui sera diplômée du très sélectif programme MD/PhD lors de la cérémonie de remise des diplômes de ce printemps.
« Je dois reconnaître à mes parents le mérite de m’avoir construite et de m’avoir inculqué la résilience, d’excellentes habitudes de travail et de l’empathie. Ces éléments ont été essentiels à ma formation. Ils ont également été d’un grand soutien et ont toujours suivi de près mes études de doctorat et tous les stages cliniques que j’ai effectués, ce qui n’était pas facile, car ils n’ont aucune expérience de la médecine ni aucune expérience du monde universitaire. »
Née et élevée à Mississauga, Melissa est en passe de devenir une clinicienne-chercheuse de premier plan après avoir obtenu son doctorat au Département de biochimie, microbiologie et immunologie (BMI) de la Faculté sous la direction du Dr Subash Sad. Elle a étudié les mécanismes inflammatoires dans les infections à Pseudomonas aeruginosa, une bactérie hautement résistante aux médicaments qui constitue une préoccupation croissante chez les professionnels de la santé.
« Melissa a travaillé avec sérieux, dynamisme et enthousiasme pour obtenir son doctorat », déclare le Dr Sad.
L’exigeant programme de M.D./Ph. D. s’étend sur sept ans (deux années de préexternat au niveau M.D., trois années au niveau Ph. D. et deux années d’externat au niveau M.D.). Seuls quatre étudiants sont admis par cohorte.
Melissa a accumulé les récompenses tout au long de sa formation. Elle a pu compter sur la bourse d’études supérieures du Canada Vanier pour financer ses études, laquelle bourse était d’un montant de 150 000 $ répartis sur les trois années de sa formation doctorale. Elle a également reçu le prix Syed Sattar Ph. D du Département de BMI de l’Université d’Ottawa, ainsi que le prix Burrows pour les femmes en microbiologie décerné par la Société canadienne des microbiologistes.
Comme pour tous ses pairs, les confinements de la COVID-19 ont été difficiles, notamment en raison des restrictions imposées à l’accès aux laboratoires. Cependant, elle a trouvé de nouvelles façons de gérer son temps et de maximiser sa productivité. Au milieu des restrictions imposées en raison de la pandémie, elle a été l’auteure principale d’un article publié dans Cell Death & Disease, qui a révélé de nouvelles informations sur l’impact de la bactérie Pseudomonas aeruginosa sur les patients atteints de fibrose kystique (FK).
La pandémie lui a également permis de constater de ses propres yeux la forte pression exercée sur les systèmes de santé, ce qui a eu pour effet d’entraver l’accès de sa grand-mère aux soins pendant les deux dernières années de sa vie. La pandémie a également empêché Melissa de faire un dernier adieu à sa grand-mère bien-aimée, Anh Quach, avant qu’elle ne décède à l’âge de 92 ans.
Melissa envisageait de poursuivre ses études en médecine interne après l’obtention de son diplôme en raison de l’étendue du travail clinique et des diverses possibilités de recherche, mais l’expérience difficile qu’elle a vécue lorsqu’elle a pris soin de sa grand-mère a rendu son choix plus évident.
« Ce qui m’a vraiment confortée dans ma décision, c’est de voir ma famille se démener pour faire face au déclin de la santé de ma grand-mère, d’autant plus qu’il m’est apparu clairement que ces expériences influençaient mon propre travail pendant les stages de médecine interne et mon investissement dans la défense des droits et intérêts des patients. »
Après la remise des diplômes, elle poursuivra sa formation en médecine interne et continuera à travailler à L’Hôpital d’Ottawa.
« Transmettre au prochain » est un principe important pour elle. Elle souhaite offrir un mentorat aux futures cohortes de stagiaires, notamment aux personnes qui ont peu de relations dans le monde universitaire, comme cela a été le cas pour elle lorsqu’elle a commencé à envisager une carrière de clinicienne-chercheuse.
« J’ai toujours dit qu’en raison de diverses circonstances, qu’il s’agisse d’instabilité culturelle ou politique ou de la nécessité de survivre dans un nouvel environnement, les femmes des générations qui m’ont précédée n’ont jamais eu les mêmes possibilités de poursuivre des études supérieures, et encore moins d’atteindre le niveau universitaire que j’ai eu la chance d’atteindre. »
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