Fort de sa passion pour la médecine et l'enseignement, le Dr Roy a consacré sa carrière à soigner les patients et à former la prochaine génération de médecins. Il est notamment fondateur du programme Médecine, éthique et humanités.
Son engagement envers la francophonie est au cœur de son action. Il a joué un rôle crucial dans le développement de la médecine francophone en Ontario et à l'étranger, notamment au Bénin. Son implication dans la communauté francophone et son dévouement à la médecine font de lui un modèle inspirant pour les étudiants et les médecins francophones.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours depuis votre passage à la Faculté de médecine de l’université d’Ottawa?
Avant même d'entamer ma carrière médicale, je connaissais l’importance d’être soigné dans sa langue maternelle. Ayant œuvré dans les milieux de santé francophones d’Ottawa, notamment à titre de préposé aux bénéficiaires, j'ai pu en saisir toute la pertinence. J'ai complété ma formation universitaire à Ottawa par une résidence en médecine familiale à l'Hôpital Sacré-Cœur de Montréal. Cette étape était cruciale pour mieux maîtriser le langage médical en français, après avoir suivi des études en anglais à l'Université d'Ottawa, où la formation en français n’était pas disponible. J’aurais aimé en profiter à mon époque, mais je me réjouis que depuis près de 30 ans la Faculté propose le cursus en français.
Par la suite, j'ai activement contribué à la création du programme de la résidence en médecine familiale à l’hôpital Montfort puis au développement du volet francophone du cours de médecine à Ottawa. J'ai dès lors plongé dans l’éducation médicale ! J’ai été tour à tour superviseur de l’Unité de médecine familiale, directeur de l’externat puis vice-doyen des affaires francophones de la Faculté de médecine de l’université d’Ottawa pendant plus de 16 ans, renforçant ainsi mon engagement envers la promotion des soins de santé en français. La qualité de l’éducation en français et des soins offerts à la communauté francophone ont toujours été pour moi une source de motivation.
Au sein des Affaires francophones, j’ai créé le Centre d’appui pédagogique en santé pour la francophonie afin de favoriser la recherche francophone en éducation médicale et d’amener graduellement de bons cliniciens à s’initier à la recherche. J’ai joué un rôle déterminant dans la création d’une chaire en éducation médicale en collaboration avec la Faculté d’éducation et l’Institut du Savoir Montfort. Je suis impliqué dans la formation professorale depuis plus de 30 ans, notamment pour la formation pédagogique et à la supervision clinique, et ai joué un rôle de premier plan dans le développement de l’Hôpital Monfort en tant qu’Hôpital universitaire. Depuis 2021, j’offre avec la Dre Lyne Pitre, ma collègue de l’équipe de santé familiale à l’hôpital Montfort, une formation longitudinale avancée au préceptorat d’une vingtaine d’heures. J’étais du comité de la réforme du premier cycle de la Faculté de médecine, à ce titre j’ai été l’artisan principal qui a mené à une offre extensive de modules d’apprentissage en ligne à l’intention des étudiants et des professeurs. J’ai mis sur pied et géré le programme CNFS-médecine dont son réseau de stages et de collaboration avec des professeurs-superviseurs partout au Canada.
Vous avez également œuvré à améliorer la qualité de l’éducation médicale à l’international, et de façon plus large à intégrer les humanités dans votre pratique et vos enseignements. Quelle forme cela a-t-il pris ?
Sur le plan international, j’accompagne depuis 20 ans, avec la docteure Marie-Hélène Chomienne, professeure adjointe et clinicienne chercheuse à l’Institut du Savoir Montfort, des étudiants et des résidents au Bénin pour un stage clinique structuré et supervisé. Depuis quatre ans, j’ai obtenu une généreuse subvention de la Fondation Mérieux en France pour offrir une formation en soins de santé primaire sur la prévention des maladies infectieuses et en humanités. La formation est offerte en présentiel au Bénin mais l’a aussi été à distance pendant la pandémie. Nous suivons les participants jusque dans leurs cliniques et leurs villages pour les aider à implanter les changements souhaités.
J’avais décidé d’étudier la philosophie avant d’entreprendre mes études de médecine, ce qui m’a probablement mené au désir de créer le programme de Médecine, éthique et humanités à la Faculté. Ce dernier a permis la réalisation de plusieurs initiatives dont des écoles d’été internationales, l’embauche d’une artiste en résidence, des conférences midi, etc. Je suis maintenant responsable du cursus éthique et humanité au programme de résidence en médecine familiale à l’hôpital Montfort.
J’ai toujours pensé que les professionnels de la santé devaient regarder du côté des sciences humaines et sociales afin d’avoir des outils pour mieux réfléchir aux enjeux sociétaux et de santé. Les professionnels de la santé se doivent d’être des leaders et faire avancer la cause des malades et la qualité des soins. La médecine est plus que la maitrise d’une grande quantité de connaissances, et se réalise dans un contexte thérapeutique de grande écoute et d’empathie pour les patients.
Selon vous, quelles sont les qualités essentielles pour être un bon leader dans le domaine médical?
J’ai beaucoup réfléchi à la question du leadership dans ma carrière. J’ai eu la chance de créer avec Dre Geneviève Moineau, alors vice-doyenne en charge des études médicales de premier cycle, le cursus de leadership que j’offre depuis une quinzaine d’année aux étudiants de la Faculté de médecine. L’autoréflexion autour de la question du leadership est importante pour découvrir et développer de bonnes capacités de leader. Un bon leader connaît son mandat et il y réfère constamment, spécialement si de grandes décisions doivent être prises. Par exemple, je me demande tout le temps si un projet va améliorer la santé de la population francophone, ce qui est le but ultime de toutes mes activités et en particulier mes activités de formation des jeunes médecins. Le bon leader est là pour orchestrer l’équipe avec laquelle il travaille. Il prêche par l’exemple et s’entoure de gens compétents ou plus compétents que lui! Il les guide, les encourage, les aider à développer leur potentiel. Il leur fait confiance, leur fournit les outils dont ils ont besoin et leur laisse une grande autonomie afin qu’ils puissent innover et créer des solutions nouvelles.
Je pense avoir exercé un bon leadership au cours de ma carrière à ce jour et ai collaboré à faire grandir la réputation de la Faculté de médecine, la francophonie médicale ainsi que la médecine familiale aux niveaux national et international.
Quels sont les principaux défis auxquels les médecins francophones du Canada font face aujourd'hui, et quels conseils donneriez-vous à un étudiant ou un médecin francophone au Canada?
L’un des principaux défis est de devenir plus inclusif et de susciter la participation des professionnels de la santé francophones à travers le pays. Je connais assez bien les communautés francophones du pays et m’affaire à mieux y faire connaître l’Association des médecins francophones du Canada. En tant que pédagogue, j’essaie de susciter la création d’activités plus participatives qui ont plus de chances de produire des changements au niveau de la pratique et de l’amélioration de la santé de la population.
Il est important d’apprendre le langage des patients et pas seulement le français médical. Il faut donc profiter de toutes les occasions de rencontrer les patients francophones dans leur milieu de vie. Le meilleur outil du médecin est son écoute et l’empathie dont il fait preuve afin de bien répondre aux interrogations, aux peurs et aux inquiétudes des patients. Il faut aider les patients à prendre les meilleures décisions pour eux-mêmes.
Quelles sont les personnes qui vous ont le plus inspiré dans votre carrière?
J’ai toujours été sensible aux leaders qui exercent leurs responsabilités sans prétention et en écoutant les autres. C’est pour moi la clé du succès.
Mon idole des temps modernes est sans aucun doute Nelson Mandela. J’admire la capacité qu’il a eu à mettre de côté son passé pour supporter ses citoyens. Je vois dans son action beaucoup d’humilité, mêlée à une forme de dépassement de sa personne pour servir l’intérêt général. Ses qualités humaines exceptionnelles ont fait de lui un leader capable de conduire son pays sur le chemin de l’unité plutôt qu’entretenir les divisions. C’est très noble, et inspirant. Il y a également la notion de pardon chez Neslon Mandela qui me parle. Je crois que c’est aussi un trait important pour un leader, la capacite à pardonner, c’est constructif.
Je suis aussi inspiré par mes pairs. J'ai beaucoup travaillé avec mes prédécesseurs au Bureau de affaires francophones, ainsi qu’avec les dirigeants actuels. On a pu me dire que j’étais masochiste, de chercher à composer avec les idées et les méthodes de mes prédécesseurs. Alors que je trouvais beaucoup d’intérêt dans la confrontation d’idées. Ces confrontations, si elles sont menées pour les bonnes raisons, deviennent des partages. Les idées sont échangées, mises en commun, c’est de cela qu’on arrive à faire émerger le meilleur.
Je crois beaucoup à la synergie du travail collaboratif. En fait, j’aime travailler avec les autres.
Je suis pleinement conscient que tout ce que j’ai réalisé a été rendu possible par le travail d’équipes dévouées et passionnées.
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