La douleur chronique touche un Canadien sur cinq et compromet souvent la qualité de vie sur les plans physique, social et économique. La gestion de la douleur est souvent assurée par des médicaments prescrits, notamment des opioïdes, bien que la « règle d’or » recommandée consiste à adopter une approche non pharmacologique et multidisciplinaire.
Malheureusement, les patients sont confrontés à de longues listes d’attente pour consulter des spécialistes et la dépendance aux opioïdes reste un grave problème de santé publique. Alors qu’un nombre croissant de patients souffrant de douleurs chroniques se tournent vers les cliniques de soins primaires pour obtenir de l’aide, des chercheurs de l’Institut de recherche Bruyère et professeur adjoint à la Faculté de médecine del’Université d’Ottawa se sont demandé comment les infirmières pourraient être habilitées à les aider.
En collaboration avec l’équipe universitaire de santé familiale Bruyère, le Dr Hillel Finestone, spécialiste en médecine physique et en réadaptation chez Bruyère, a travaillé avec la Dre Elizabeth Muggah, médecin de famille, pour élaborer et mettre en œuvre un programme de gestion de la douleur chronique dirigé par des infirmières au sein de la clinique, en s’appuyant sur des mesures de soutien et des ressources pédagogiques pour les patients, comme le diagramme d’explication et de traitement de la douleur.
« La douleur chronique interfère avec de nombreuses facettes de la vie quotidienne », explique le Dr Finestone de l’Institut de recherche sur le cerveau à l’Université d’Ottawa et le chercheur principal de l’étude.
« Elle peut souvent conduire à la dépression, à l’anxiété et à la toxicomanie. Les médecins de famille, les infirmières et les professionnels paramédicaux sont de plus en plus en première ligne pour le traitement de la douleur, mais ils ne disposent pas toujours des ressources ou de l’expertise nécessaires pour mettre en œuvre une approche multidisciplinaire des soins. Notre nouveau programme leur donne les outils dont ils ont besoin. »
Le programme de gestion de la douleur chronique dirigé par des infirmières a aidé les patients à modifier leur comportement, les a orientés vers des services communautaires et a facilité l’accès à des services et ressources supplémentaires disponibles au sein de la clinique de l’équipe de santé familiale.
Linda Fritsch, une patiente de l’équipe de santé familiale universitaire Bruyère, qui a commencé le programme en janvier, nous livre son témoignage : « J’ai été très active toute ma vie. Les choses que j’aime vraiment faire me semblaient presque impossibles; même le simple fait de monter les escaliers était devenu une tâche ardue. Je n’aime pas ce sentiment d’impuissance alors que j’ai toujours été très indépendante. »
Elle ajoute que depuis qu’elle a commencé le programme, elle est plus consciente de l’impact de la douleur sur sa vie, et que l’adoption des recommandations de l’infirmière a déjà donné des résultats positifs.
« En plus d’avoir des pensées plus positives, je vois que ma famille est aussi soulagée. Sans ce programme, je ne sais pas où j’en serais. J’ai l’impression que la vie m’est un peu plus agréable maintenant », déclare-t-elle.
Au cours de la phase pilote du programme, 21,6 % des patients participant s ont constaté une diminution de leur douleur et près de la moitié d’entre eux ont signalé une diminution de l’interférence de la douleur dans leur vie quotidienne. À la fin du projet pilote, 42,9 % des patients avaient réduit leur consommation d’opioïdes, et un participant avait complètement cessé d’en prendre.
« La mise en œuvre a été simple et nous avons reçu des commentaires positifs de la part des cliniciens, des administrateurs de la santé et, surtout, de nos patients », a déclaré Isabelle Leclerc, infirmière autorisée, qui a dirigé la mise en œuvre à la clinique. « Les patients nous ont régulièrement dit qu’ils comprenaient mieux la douleur chronique et les médicaments qui leur sont prescrits. Il peut s’agir d’un excellent modèle à adopter par d’autres cabinets de soins primaires. »
Alors que les patients continuent à chercher un traitement rapide et accessible pour la douleur chronique, l’équipe de recherche et la clinique considèrent ce nouveau programme comme un modèle efficace que les équipes de santé familiale de tout le Canada pourront adopter dans leurs cabinets.
L’étude complète, intitulée « Chronic pain management: integration of a nurse-led program in primary care » [Gestion de la douleur chronique : intégration d’un programme dirigé par des infirmières dans les soins primaires], a été publiée ce mois-ci dans le Canadian Family Physician.
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