Depuis, chaque année, des francophones qui font leurs études ou leur résidence à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa se rendent au Bénin pour un stage de quatre à cinq semaines avec une équipe composée de médecins et d’autres professionnelles et professionnels de la santé canadiens. Les premières semaines de ce stage se tiennent en milieux cliniques dans la grande région de Porto Novo et de Cotonou. La dernière semaine, quant à elle, se déroule à Kolli, village rural situé au nord-ouest de la capitale. Année après année, l’équipe de l’Université d’Ottawa – appuyée par une équipe locale – vient offrir des soins de base ainsi que des ateliers et des occasions d’apprentissage à la population de cette région.
Un ancien participant, en 2019, se souvient s’être réveillé avec des centaines de personnes qui attendaient à l’extérieur de la clinique à Kolli. C’est à ce moment-là qu’il a pleinement réalisé l’importance de ce travail pour la population locale. Au cours de la semaine qui a suivi, l’équipe canadienne de 14 personnes a vu plus de 1 100 patientes et patients.
Des bienfaits indéniables pour la relève et les populations locales
Les stagiaires vivent ainsi une expérience médicale, culturelle et humaine sans pareille qui leur apporte beaucoup d’un point de vue personnel et professionnel, et qui vient façonner leur carrière de médecin. Elles et ils sont ensuite mieux en mesure d’offrir des soins adaptés à une population des plus diversifiée partout au Canada, et plus précisément aux populations noires provenant de l’Afrique francophone. Dans le contexte d’une forte immigration francophone partout au pays, voilà qui est très à propos pour assurer des soins de meilleure qualité.
« Le stage au Bénin m’a permis de vivre une expérience humaine, culturelle et médicale riche et inoubliable, qui a façonné la médecin que je deviens. » Étudiante en médecine, stage de 2019.
En côtoyant une culture tout autre, en s’exposant à des pathologies et à des défis de santé propres à une population de l’Afrique francophone subsaharienne (ici, celle du Bénin) et en comprenant que la façon de considérer la santé et les soins peut varier grandement d’une culture à l’autre, on développe une sensibilité et une ouverture qui encouragent l’empathie. Les personnes participantes perfectionnent également leurs habiletés d’écoute et de communication, si importantes dans les soins centrés sur la patientèle. Au bout du compte, cette expérience fait d’elles de meilleurs médecins.
Ce stage n’est pas uniquement utile à nos apprenantes et apprenants (et, en fin de compte, à la population canadienne) : la contrepartie béninoise en bénéficie grandement elle aussi, et c’est là même la richesse de tels échanges. L’intégration de nos stagiaires dans des équipes béninoises ouvre la porte à des interactions riches d’un point de vue culturel, médical et personnel. De plus, la population de Kolli est extrêmement reconnaissante des soins de base prodigués par l’équipe de l’Université d’Ottawa, auxquels s’ajoutent des séances éducatives organisées avec la communauté et l’école du village sur divers thèmes liés à la santé.
Le partenariat avec le Bénin s’est élargi au fil des ans pour inclure d’autres organisations sur place, dont l’Institut régional de santé publique et la Plateforme du secteur sanitaire privé. Résultat de cet élargissement, les partenaires ont pu faire des échanges de connaissances, participer ensemble à des activités savantes et réaliser des projets de recherche. Plus récemment, les Affaires francophones de la Faculté de médecine ont élaboré une formation sur la prévention des maladies transmissibles au Bénin, qui a été offerte en personne ou en ligne à près de 150 participantes et participants béninois et qui a mené à des changements concrets sur le terrain.
Une délégation de l’Université d’Ottawa en visite au Bénin
Une équipe de l’Université d’Ottawa s’est rendue au Bénin en février 2024 pour souligner les 20 ans de ce fructueux partenariat, célébrer les éléments positifs qui en sont ressortis et discuter de l’avenir. C’est avec beaucoup d’enthousiasme que les deux parties ont convenu de la richesse du partenariat et de leur volonté de le renforcer, du point de vue de la mobilité étudiante comme de la recherche et de l’échange des connaissances.
Des rencontres ont aussi eu lieu avec le recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, le doyen de la Faculté de médecine, le directeur de l’Institut régional de santé publique, ainsi que le ministre de la Santé et la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique du Bénin. Tous les partenaires béninois ont dit apprécier ce partenariat et la qualité des échanges entre les deux pays. Ils sont aussi reconnaissants des formations en ligne auxquelles ils peuvent participer et se montrent, en général, très favorables à l’idée de poursuivre cette entente, de trouver d’autres façons d’augmenter la mobilité étudiante ou professorale du Bénin vers le Canada, et de concevoir d’autres activités de collaboration, telles des formations courtes (p. ex. échographie au point d’intervention, technique spécialisée de réanimation cardio-respiratoire, soins avancés de réanimation traumatologique, maintien des fonctions vitales des nouveau-nés et des enfants, et autres domaines tels que la pharmacologie, la nutrition et la biotechnologie), afin de renforcer le partenariat et de le rendre plus bilatéral et équitable. Pour le faire grandir à l’occasion de ses 20 ans, les deux parties pourraient également offrir des bourses.
Toujours dans le cadre de ces rencontres, la Dre Lissa Bair et le Dr David Ponka du Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa (le Dr Ponka étant aussi directeur du Centre Besrour pour la santé familiale mondiale du Collège des médecins de famille du Canada) ont présenté à l’Autorité de régulation du secteur sanitaire (ARS) la spécialité en médecine de famille au Canada, le cursus de cette spécialité et une semaine type d’une résidente ou d’un résident. La Dre Marie-Hélène Chomienne a exposé succinctement des données probantes en ce qui a trait à des soins de santé primaires solides et leur impact sur la santé des populations. Une interniste et infectiologue de Madagascar, la Dre Lala Soavina Ramarozatovo, a quant à elle parlé de ses efforts pour mettre sur pied la résidence en médecine familiale à l’Université d’Antananarivo. Le président de l’ARS a conclu qu’il fallait des soins compétents, abordables et adaptés aux besoins des populations (notamment en région rurale, où vivent 60% de ces gens).
L’Université d’Ottawa et sa faculté de médecine, partenaires essentiels en francophonie internationale !
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