Isabelle Wallace, déterminée à améliorer la santé des Premières Nations

Communauté diplômée
Faculté des sciences de la santé
Isabelle Wallace
Membre du Conseil des diplômées et diplômés autochtones, l’infirmière en santé communautaire Isabelle Wallace (M.Sc.Inf. 2018) est la première femme autochtone à occuper le poste d’infirmière au sein de sa communauté, la Première Nation malécite du Madawaska, au Nouveau-Brunswick. En tant que coordonnatrice du programme national et gestionnaire de l’équipe de pointe à Services aux Autochtones Canada, sa vision d’améliorer l’accès aux services de santé prend une ampleur nationale. À 31 ans à peine, son parcours témoigne d’une détermination et d’une clairvoyance remarquables.

« C’est à 23 ans, dans un cours de santé des populations, que j’ai appris que certaines communautés de Premières Nations n’avaient pas l’eau potable. J’avais honte de mon ignorance, surtout en tant que femme wolastoqey », raconte Isabelle Wallace, qui était alors étudiante au baccalauréat en sciences infirmières à l’Université de Moncton. « Le soir même, j’ai lu le rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada qui venait d’être publié. Ce fut un tel choc que j’ai décidé de réorienter mes études dans le but d’améliorer la santé et le bien-être des Premières Nations. » 
 

Elle s’inscrit par la suite à la maîtrise en sciences infirmières à l’Université d’Ottawa et rencontre la professeure Marilou Gagnon, qui deviendra sa directrice de thèse. « Marilou croyait en moi et m’a vraiment propulsée. Je voulais comprendre pourquoi les Premières Nations souffraient de tant d’inégalités et de racisme en santé, alors j’ai passé deux ans à lire sur la santé autochtone, le racisme en santé, et la compétence et la sécurité culturelles. J’ai finalement écrit une thèse sur la compétence culturelle autochtone dans l’enseignement des sciences infirmières, dans le but d’améliorer la formation », expose avec clarté celle qui est aujourd’hui de retour dans la communauté où elle a grandi à titre d’infirmière en santé communautaire au Centre de santé de la Première Nation malécite du Madawaska, au Nouveau-Brunswick. 

« Ma maîtrise m’a aussi permis de mieux comprendre mon identité et d’en être fière », ajoute la jeune femme qui souhaite pouvoir se présenter aux autres en wolastoqey, sa langue ancestrale, dans les prochaines années. 

« J’ai également réalisé à quel point le système d’éducation est en partie responsable de l’effacement de notre histoire. Il est primordial que les Autochtones aient accès aux études postsecondaires pour changer les choses et combattre le racisme à tous les niveaux. » 

Isabelle Wallace (M.Sc.Inf. 2018)

« Ma maîtrise m’a permis de mieux comprendre mon identité et d’en être fière. »

Isabelle Wallace (M.Sc.Inf. 2018)

Pandémie et technologie 
 

Après avoir obtenu sa maîtrise, Isabelle Wallace a travaillé dans le domaine des politiques en matière de santé des Premières Nations et des Inuits, mais a vite ressenti l’envie de retourner sur le terrain parce que, selon elle, « il lui manquait beaucoup de vécu ».

 « La pandémie de COVID-19 a commencé pendant mon contrat dans le Nord-du-Québec auprès des Inuits. Je partais pour deux semaines, j’y suis restée trois mois. J’ai dû tout apprendre sur le tas, mais j’ai eu d’excellents collègues qui m’ont enseigné le rôle élargi des soins de santé primaires en milieu nordique. Cette expérience m’a ouvert les yeux sur la réalité, elle m’a changée complètement. » 
 

C’est dans ce contexte difficile qu’elle a découvert à quel point la technologie pouvait être utile aux communautés autochtones, caractérisées par des disparités flagrantes en matière d’accessibilité aux soins de santé primaires. « Depuis que je suis revenue dans ma communauté, j’ai réussi à obtenir deux outils technologiques de dépistage et j’espère pouvoir offrir bientôt un service de télésanté. Je rêve de pouvoir donner à plus grande échelle des soins de santé primaires en utilisant la technologie de façon libre de racisme et culturellement sécuritaire. » 

En décembre 2023, l’occasion s’est présenté de se joindre à Service aux Autochtones Canada. « En tant que coordonnatrice du programme national et gestionnaire de l'équipe de pointe en santé publique à Services aux Autochtones Canada (SAC), je supervise la prestation d'un soutien de pointe en santé publique aux communautés des Premières Nations et des Inuits à travers le Canada. » 

Décidément, Isabelle Wallace a plusieurs raisons d’être fière.

Isabelle Wallace

« J’espère pouvoir inspirer de jeunes autochtones à devenir infirmière ou infirmier, parce qu’il est important que les populations autochtones puissent être servies par du personnel autochtone. »

Isabelle Wallace (M.Sc.Inf. 2018)

Le Conseil des diplômées et diplômés autochtones
 

En 2021, le Bureau des affaires autochtones de l’Université d’Ottawa et le Bureau des relations avec les diplômés ont créé un Conseil des diplômées et diplômés autochtones. Réunissant des gens aux quatre coins du pays, ce conseil reflète la diversité des peuples qui ont étudié à l’Université d’Ottawa. 

« Par ma participation au Conseil, j’espère pouvoir inspirer de jeunes autochtones à devenir infirmière ou infirmier, parce qu’il est important que les populations autochtones puissent être servies par du personnel autochtone qui prend en compte leur culture et leur spiritualité », explique Isabelle Wallace. 

C’est justement sur les bancs d’école qu’elle-même a été mise en contact avec tout un réseau d’infirmières autochtones. « À leur rencontre, je me suis sentie vraiment à ma place, et je souhaite maintenant redonner aux suivants. Parce que c’est en s’unissant qu’on fait la force », résume la jeune femme. 

Les membres du Conseil ont notamment la responsabilité de soutenir les élèves et les diplômés autochtones, et d’orienter l’engagement de l’Université envers les communautés autochtones, à la lumière des recommandations de son Plan d’action autochtone.