Professeure : Karine Vanthuyne
Département : École d'études sociologiques et anthropologiques
Nombre d'étudiants : 5
Langue : Français et anglais (les travaux peuvent être soumis en français ou en anglais)
Description de la recherche
Ce cours vise à développer, avec les étudiant.e.s, un projet de recherche-création engagée sur les interrelations entre une plante conventionnellement considérée comme étant « envahissante », la renouée du Japon, et les habitant.e.s et gestionnaires des infrastructures de la région d’Ottawa-Gatineau. L’Union internationale pour la conservation de la nature, qui classe la renouée parmi les 100 espèces les plus préoccupantes du monde, définit une « espèce exotique envahissante » comme ayant été introduite par l’être humain en dehors de son aire de répartition naturelle, et dont l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces dites « indigènes » avec des conséquences écologiques, économiques ou sanitaires négatives (UICN 2000). Si le développement de la renouée du Japon, favorisé par l’appauvrissement des sols et le dérèglement climatique, est certes responsable de la dégradation de milieux écologiques et d’infrastructures (routes, bâtiments, etc.), cette plante n’est cependant pas exempte de qualités. Dans son aire d’origine, elle est une pionnière des sols volcaniques. Elle permet de stabiliser les éléments métalliques tout en « préparant » le sol pour des systèmes plus élaborés à l’image de la ronce qui dans les biotopes européens « couve » le gland du chêne pour céder plus tard la place à la forêt. Elle offre en outre plusieurs applications connues dans les domaines pharmacologiques et apicoles.
Or comment la renouée est-elle perçue et traitée dans la région d’Ottawa-Gatineau? Qui sont les acteurs et les actrices qui l’apprécient ou luttent activement contre elle? Quelles sont les idéologies, approches théoriques, enjeux socio-économiques et politiques qui nourrissent ces représentations et ces pratiques? Dans ce cours, les étudiant.e.s seront invités à répondre à ces questions en conduisant une recherche documentaire interdisciplinaire et une enquête de terrain préliminaire, et ce depuis le cadre théorique de la justice multi-espèces et par le biais de l’approche ethnographique multi-espèces critique.
Activités d'apprentissage spécifiques
Le cours comprendra deux types d’activités de recherche.Ces activités pourront être complétées en équipe ou de manière individuelle, selon la préférence des étudiantes et étudiants.
- Recherche documentaire : les étudiantes et étudiants devront recenser la littérature scientifique (ex. article dans une revue académique) et non scientifique (ex. : Loi sur les espèces envahissantes du Gouvernement de l’Ontario) qui est localement produite sur la renouée du Japon, afin d’identifier :
- Les différentes représentations de cette plante qui prévalent dans la région d’Ottawa-Gatineau ;
- L’éventail des pratiques associées à chacune de ces représentations (ex. : sa cueillette pour fins médicinales, ou sa suppression pour protéger les plantes dites « indigènes ») ;
- Les types d’acteurs et d’actrices qui sont associés à chacune de ces différentes représentations et pratiques (ex : association de citoyen·ne·s, professeur·e d’université, gestionnaire de la Ville d’Ottawa, herboriste, etc.);
- Les idéologies, approches théoriques et enjeux socio-économiques et politiques qui nourrissent ces représentations et ces pratiques.
- Enquête préliminaire de terrain : sur la base de leur recension des écrits, les étudiant.e.s mèneront des entrevues avec les acteurs et a actrices identifié.e.s afin d’approfondir leur analyse des idéologies, approches théoriques et enjeux socio-économiques et politiques qui nourrissent les représentations de la renouée du Japon dans la région d’Ottawa-Gatineau et les pratiques qui leur sont associées. Ces entrevues devront être retranscrites puis codées via des logiciels fournis par la professeure.