Avec la voix des jeunes, l'avenir de la science canadienne peut briller plus vivement

Par Conseil jeunesse

2020-2023, Conseillère scientifique en chef du Canada

Group photo of Canada's Chief Science Advisor's 2020-2023Youth Council.
Institut de recherche sur la science, la société et la politique publique
Photo de groupe du Conseil jeunesse 2020-2023 de la Conseillère scientifique en chef du Canada.
Avec leur départ, le premier Conseil jeunesse de la Conseillère scientifique en chef du Canada partage une vision de la science

Farah Qaiser, Audrey Laventure, Max King, Madison Rilling, Chelsie Johnson, Natasha Jakac-Sinclair, Landon Getz, Andréa Cartile, Justine Ammendolia and Marie-Eve Boulanger

Tous les auteurs sont membres du Conseil jeunesse inaugural de la Conseillère scientifique en chef du Canada.

Introduction par Paul Dufour, mentor du conseil jeunesse et professionnel en résidence de l'ISSP.

En août 2019, le bureau de la Conseillère scientifique en chef m'a invité à participer à la sélection d’un groupe d’étudiant(e)s de la prochaine génération, brillant(e)s, passionné(e)s et motivé(e)s, qui formeront le premier Conseil jeunesse de la Dre Nemer. En raison de mes antécédents en matière d'enseignement de la politique scientifique à des étudiants de premier cycle pour l'ISSP et de ma participation à plusieurs autres groupes de politique jeunesse, notamment le Dialogue Sciences et Politiques de Montréal et Students on Ice, on m'a également demandé d'être l'un des mentors du groupe.

Naturellement, j'ai été honoré de relever le défi et le bureau de la Conseillère scientifique en chef a sélectionné 20 candidats parmi plus de 1100 candidatures. L'équipe choisie - diversifiée, interdisciplinaire, à différents niveaux d'études et d'expérience, et représentative sur le plan régional - avait une connaissance de base de ce que sont les conseils scientifiques et la politique scientifique (certains avaient travaillé avec des groupes de politique scientifique pour les jeunes et d'autres groupes de sensibilisation), mais ils étaient clairement intéressés à faire une différence et à exprimer une vision de ce que devraient être la science et la politique du savoir pour leur génération et la suivante. 

Leur mandat consistait à fournir à la Conseillère scientifique en chef des points de vue précis et équilibrés sur les questions de science et de politique scientifique du point de vue des jeunes, ainsi qu'à identifier et à informer la Conseillère scientifique en chef sur les principaux enjeux et défis auxquels est confrontée la communauté scientifique canadienne.

Les candidats ont été annoncés publiquement au début de 2020, juste avant le début de la pandémie mondiale. Leur travail et leurs conseils devaient donc être virtuels pendant près de deux ans. De nombreuses réunions Zoom ont eu lieu et, malgré les nombreux défis auxquels ils étaient tous confrontés à l'école, à la maison, au travail, etc.… le Conseil jeunesse a fourni des conseils et des suggestions très efficaces sur les questions clés demandées par la Conseillère scientifique en chef.

Dès le début, le Conseil jeunesse s'est intéressé à l'impact de COVID-19 sur les étudiants. Il a organisé deux discussions virtuelles dans le cadre de la Semaine 2020 de la culture scientifique, a proposé un groupe de discussion pour la conférence 2020 de la CSPC et a participé aux événements annuels suivants de la CSPC. Ils ont travaillé avec d'autres groupes de jeunes et ont également contribué à l'élaboration d'un programme sur les questions clés et les futures voies d'accès aux sciences. L'un des principaux projets a été l'élaboration de leur rapport sur la vision de la science, qui s'est appuyé sur une contribution considérable des membres eux-mêmes et des groupes d'engagement qu'ils ont rencontrés à Ottawa et ailleurs.  Tout au long du processus, Mme Nemer et son équipe ont veillé à établir des liens permanents avec les réseaux et les avenues de politique publique pour le Conseil jeunesse.

Le blog du Conseil jeunesse est un résumé de leur produit créatif. Il s'agit d'un plan d'action qui devrait non seulement être lu, mais qui devrait également être mis en œuvre par, avec et pour l'écosystème de la science et de la connaissance dans ce pays.  Une autre cohorte de jeunes suivra sous peu et, avec un peu de chance, l'élan derrière l'expérience originale pourra faire progresser une politique de la science et de la connaissance meilleure et plus inclusive pour les générations futures de ce pays.

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Le 10 mars 2020, nous - un groupe multidisciplinaire pancanadien de 20 jeunes - avons été choisis par Mme Mona Nemer, Conseillère scientifique en chef du Canada, pour faire partie de son premier Conseil jeunesse ( CSC-CJ). Notre mandat était vaste : on nous a demandé d'identifier les principaux défis auxquels est confrontée la communauté scientifique et de donner notre avis sur ces questions du point de vue des jeunes.

Une semaine après l'annonce de notre conseil, la pandémie de COVID-19 a forcé l'arrêt de la société, changeant toutes nos vies telles que nous les connaissions. Au cours des trois dernières années, nous avons été témoins de la façon dont les scientifiques et les chercheurs de tout le pays se sont constamment surpassés. Qu'il s'agisse de scientifiques développant des systèmes d'administration de vaccins ou de chercheurs démystifiant la désinformation en temps réel, nous avons tous bénéficié de la science et de la recherche, d'un océan à l'autre.

Maintenant, alors que nous terminons notre mandat de trois ans, nous prenons un moment pour réfléchir à l'avenir de la science au Canada.

Lorsque nous pensons à l'avenir de la science, nous pensons à la jeunesse. Qu'il s'agisse de faire avancer la recherche en tant que stagiaire ou de plaider pour le changement en tant que boursier post-doctoral, c'est cette nouvelle génération de scientifiques et de chercheurs qui travaille sans relâche pour rendre possible un avenir meilleur. Ils y parviennent malgré des inégalités persistantes, en luttant pour joindre les deux bouts dans un contexte d'endettement écrasant et en surmontant d'importants obstacles à l'emploi.

Si nous voulons former la prochaine génération de leaders de changement, nous devons investir et offrir des opportunités pour stimuler le potentiel des jeunes et des scientifiques en début de carrière. Dans notre rapport publié l'automne dernier, nous, en tant que conseil des jeunes, avons insisté pour que la science dans notre pays soit plus ouverte, inclusive, collaborative, interdisciplinaire et réfléchie. Il s'agit d'une question importante et urgente pour nous tous, pas seulement pour les jeunes, et c'est notre avenir collectif que nous cherchons à améliorer et à façonner.

Notre rapport a fourni une série d'appels à l'action. Voici ce que nous pensons être quelques pas dans la bonne direction.

Lorsqu'il s'agit d'encourager la prochaine génération de scientifiques et de chercheurs, commençons par multiplier les rampes d'accès à la science afin de permettre à différentes personnes de s'engager dans la science, et ce à différents moments de leur vie. De la même manière qu'une rivière est alimentée par de multiples cours d'eau et bassins versants, la main-d'œuvre scientifique devrait être composée de personnes de cultures, d'origines et d'expériences différentes - à l'image de la main-d'œuvre d'une rivière tressée. Cela va de la reconnaissance du rôle crucial que jouent les enseignants du primaire et du secondaire dans l'éducation à une refonte radicale de notre approche des bourses d'études supérieures et postdoctorales et, plus généralement, du financement de la science et de la recherche.

En créant des opportunités, nous devons veiller à ce que la science au Canada soit ouverte à l'exploration de tous. Aujourd'hui encore, les femmes en sciences sont sous-représentées à presque tous les niveaux, en particulier dans les postes de décision. Les communautés noires et autochtones, ainsi que les personnes de couleur, sont confrontées à une « course d'obstacles de verre hostile », et les personnes LGBTQ+ connaissent des taux plus élevés d'exclusion sociale dans les sciences.

Plusieurs efforts sont en cours pour promouvoir un changement de culture, mais nous pouvons voir plus grand. Regardons au-delà des paramètres de base, tels que les résultats de la recherche, et élargissons notre définition de l’ « excellence ». Par exemple, que se passerait-il si nous valorisions davantage l'enseignement et l'engagement communautaire lors des demandes de bourses, des recrutements et des promotions ? Nous devons également aller au-delà de la représentation de surface et veiller à ce que les communautés historiquement exclues aient un rôle à jouer (avec un soutien approprié) au sein des institutions pour guider ces changements nécessaires et faire en sorte que chacun puisse réellement s'épanouir dans le domaine scientifique.

Notre rapport a également exploré le rôle de la science dans la société au sens large. Par exemple, nous savons que la recherche n'est pas complète tant qu'elle n'a pas été partagée, mais une trop grande partie de la science est difficile d'accès, enfermée derrière des murs payants ou difficile à comprendre en raison de termes techniques. Même les scientifiques sont moins enclins à citer des études dont les titres sont lourds en jargon, ce qui montre à quel point il est important de mieux connecter nos travaux. De même que l'on nous apprend à faire preuve d'esprit critique et à effectuer des travaux sur le terrain, notre formation à la recherche doit également porter sur la manière de partager nos résultats avec la société au sens large, des spectateurs intéressés aux décisionnaires. Nous devons également continuer à encourager l'engagement bidirectionnel du public dans la science et à faire descendre la science dans les foyers, par le biais de célébrations telles que la Journée internationale des filles et des femmes dans la science.

Ces actions font partie d'une vision ambitieuse élaborée par notre conseil de jeunes scientifiques et chercheurs. Nous partageons notre vision non seulement avec le conseiller scientifique en chef du Canada, mais aussi avec les élus, les décideurs et les gens comme vous, partout au pays.

Tout cela n'est possible que parce que la Dr Mona Nemer a créé une structure permettant d'impliquer la prochaine génération dans les conseils scientifiques, et de le faire de manière significative. Nous mettons les décisionnaires au défi de faire de même - de créer des sièges aux tables de décision et de tirer parti de l'expertise et de l'expérience des jeunes.

Aujourd'hui, nous, les membres du premier Conseil jeunesse de la Conseillère scientifique en chef, sommes optimistes quant à ce que l'avenir réserve aux sciences au Canada. Une deuxième cohorte du Conseil jeunesse sera bientôt annoncée, mais nous n'avons pas besoin d'attendre le changement - l'avenir de la science est collectivement entre nos mains. Un avenir meilleur est possible, mais seulement si nous sommes tous prêts à écouter sincèrement et à travailler ensemble au-delà de nos silos, pour le bien de la prochaine génération de scientifiques et de chercheurs.